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JO 2022 : avec Romain Heinrich, le bobsleigh français veut rallumer la lumière

L’équipe de France de bob à deux est à quatre descentes d’une médaille olympique.

Article rédigé par Xavier Richard, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Romain Heinrich et Dorian Hauterville pendant un entraînement de bobsleigh à deux aux JO de Pékin. (AGENCE KMSP / KMSP)

Une seule médaille olympique dans toute l'histoire, c'est le triste bilan du bobsleigh tricolore. Du côté de la Plagne, on ne ménage pas ses efforts pour succéder à Bruno Mingeon, pilote du bob à 4 bronzé aux Jeux de Nagano. Aux JO de Pékin, si la France est représentée dans toutes les épreuves, les meilleurs chances reposent sur les épaules de Romain Heinrich qui espère prendre la relève en bob à deux avec son pousseur Dorian Hauterville. 

À la simple évocation d'une possible médaille pour le bobsleigh français à Pékin, les yeux de Bruno Thomas brillent. Pilote de bob à 4 aux Jeux de Salt Lake City en 2002 (10e) et actuel patron de la piste de La Plagne, l'Isérois mesure la portée historique que représenterait un tel exploit. Ça en dit long aussi sur l'état du bob en France. Après l'unique médaille olympique glanée par Bruno Mingeon en 1998 (3e place en bob à 4) et son titre de champion du monde (1999), l'équipe de France n'en finit plus de courir après sa période dorée. À l'époque, elle surfait sur l'héritage des Jeux d'Albertville. Mais des choix politiques désastreux au sein de la Fédération française des sports de glace (FFSG) ont cassé cette dynamique et appauvri le réservoir tricolore.

Heinrich, de pousseur à pilote

Près de 20 ans après, le bob continue de vivoter dans l'ombre du patinage artistique qui capte l'essentiel des moyens de la FFSG. Derrière Romain Heinrich chez les hommes, on peine à voir la relève. À 32 ans, l'ancien lanceur de poids a cette lourde responsabilité de remettre son sport dans la lumière. Pousseur aux JO de Sotchi, il change de place quatre ans plus tard et s'installe aux commandes du bob et du projet olympique. Sa montée en puissance s'accompagne d'une médaille de bronze aux championnats d'Europe 2019. Pierre angulaire de l'équipe de France, Heinrich ne laisse rien au hasard. "La médaille, c'est une accumulation de petits détails qui sont optimisés à 200 %", analyse Bruno Thomas. "Romain a cette approche très rationnelle, cartésienne. C'est un ingénieur qui est câblé dans cette logique-là."

Romain Heinrich et Dorian Hauterville au départ d'un entraînement en bobsleigh à deux aux JO de Pékin. (JOE KLAMAR / AFP)

Sur la piste du Centre national des sports de glisse de Yanqing, les défis ne manquent pas. Seize virages pour un tracé "un peu atypique" selon Alexandre Vanhoutte, le manager des équipes de France. "Les dernières pistes et la majorité de celles utilisées sur le circuit mettent en avant la poussée et le matériel", analyse Bruno Thomas, consultant bobsleigh pour France Télévisions. "Le pilotage faisait moins la différence. Celle de Yanqing reprend des profils de virages qu'on a connus sur des pistes anciennes, comme celle de Cortina, qui ont cessé leurs activités car elles ne sont plus aux normes. Il y a des profils très plats ce qui rend la piste très intéressante. Le plus important, c'est que ça remet le pilotage au centre de la performance."

Redistribution des cartes

Après l'accident mortel des Jeux de Vancouver en 2010, une prise de conscience a eu lieu. Les pistes étaient bien trop rapides. Le CIO a alors demandé un abaissement de la vitesse et ça s'est traduit par la mise en place de portions qui freinent les bobs. En Chine, il y a trois sections qui remontent et qui empêchent les équipes de dépasser les 130 km/h. Tous des secteurs clés où il faut maintenir sa vitesse. Si on ajoute des virages très techniques et un nombre d'entraînements assez limité, les cartes ont été largement rebattues pour ces JO. Ça tombe bien, Romain Heinrich possède quelques atouts dans sa manche. 

Romain Heinrich et son pousseur Dorian Hauterville aux JO de Pékin. (AGENCE KMSP / KMSP)

7e temps de tous les entraînements (1'00''02), l'Alsacien n'est qu'à 0"19 du meilleur chrono signé par le Canadien Justin Kripps. Rien de rédhibitoire d'autant que le podium se joue sur quatre manches. "Il fait partie de ceux qui ont construit secteur par secteur leurs trajectoires et qui les reproduisent", se réjouit Bruno Thomas. "Maintenant, il lui faut la régularité sur l'ensemble de la compétition, c'est-à-dire sur quatre descentes en deux jours. Ce n'est pas la course d'un jour sur une descente. Il faut s'installer dans la durée."

"On peut vite faire des erreurs"

Emballé par une piste "exceptionnelle" et "piégeuse", Heinrich sait que la régularité sera son alliée. "Notre objectif est de faire quatre belles poussées et quatre belles descentes", assure le pilote français. "Sur cette piste, on peut vite faire des erreurs. La performance ne viendra que si on est très réguliers sur les bonnes trajectoires." Si c'est le cas, le podium ne sera pas loin.

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