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JO 2022 : où sont les femmes ? Le combiné nordique, seule discipline uniquement masculine à Pékin

L'épreuve de combiné nordique débute mercredi, à Zhangjiakou. 

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale à Zhangjiakou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'Allemand Johannes Rydzek, lors d'un entraînement au centre national de saut à ski, à Zhangjiakou, le 6 février 2022. (HENDRIK SCHMIDT / DPA / AFP)

On a beau regarder encore et encore le calendrier des épreuves de combiné nordique, un détail, et non des moindres, interpelle : l'absence d'équivalence féminine. L'épreuve de combiné nordique est la dernière épreuve non-mixte des Jeux olympiques d'hiver. De quoi faire tiquer alors que la parité est devenue l'un des objectifs phares du Comité international olympique (CIO).

La Fédération internationale de ski (FIS) avait pourtant déposé une demande auprès du CIO afin que l'épreuve féminine soit intégrée au programme olympique en 2022 à Pékin. Mais cette requête lui a été refusée. "C'est très frustrant de voir tous les sports d'hiver, toutes les nations, se rendre à Pékin alors que nous, on reste là, regrette la skieuse nordique Léna Brocard, actuellement 16e du classement général de Coupe du monde. Les JO, c'est la compétition phare quand on est sportif. C'est dur à avaler."

Une discipline en construction

Si les raisons de ce refus n'ont pas été expliquées clairement par le CIO, la jeunesse de la discipline chez les femmes est la justification la plus probable. "Il n'y a pas assez de skieuses nordiques. Elles ne sont qu'une vingtaine au plus haut niveau. Par ailleurs, les écarts sont encore trop importants entre les cinq premières et les autres", constate Fabrice Guy, champion olympique en combiné nordique en 1992 à Albertville, et consultant pour France Télévisions. 

En effet, la FIS a enclenché la féminisation du combiné nordique en 2012 seulement. Et la première épreuve de Coupe du monde a, elle, été organisée en 2021. Auparavant, les skieuses nordiques devaient se contenter, en guise de compétitions officielles, d'un niveau moindre comme des coupes juniors ou continentales. "La féminisation est l'avenir du combiné nordique. Si ce sport veut évoluer, il faudra intégrer les femmes à son programme", assure Léna Brocard.

JO, accélérateur de développement

Surtout, les Jeux olympiques sont un accélérateur indéniable pour toute discipline présente. "Si ton sport n'est pas aux JO, tu n'as aucune chance dans ton pays d'avoir un peu plus d'aide et d'être reconnu, pointe Fabrice Guy. On voit bien que toutes les disciplines qui ne sont pas aux JO végètent. La vitrine et le développement du sport dépendent des JO". Ce constat se confirme avec le saut à ski féminin, qui a fait son entrée aux Jeux à Sotchi en 2014, uniquement sur l'épreuve de tremplin normal. "Le saut à ski a vraiment commencé à se développer chez les filles depuis que la discipline est aux JO. On voit un bond chaque année sur le niveau", relève le consultant de France Télévisions. 

La Française Léna Brocard lors du championnat du monde junior de combiné nordique individuel, le 4 mars 2020.  (HENDRIK SCHMIDT / DPA-ZENTRALBILD / AFP)

Si les circuits féminins en ski alpin, en ski de fond et en biathlon se sont pleinement développés en 1967, 1981 et 1987, le combiné nordique se distingue donc par son retard. "Selon moi, la féminisation du combiné sera plus longue à se mettre en place que le biathlon ou le ski alpin, car il nécessite des installations particulières pour le saut qu'on ne trouve pas partout", fait remarquer Fabrice Guy. Autre raison : la complexité de la discipline, le ski de fond et le saut étant deux sports très techniques et très différents dans leur exécution.

Si la discipline était trop jeune pour 2022, tous les espoirs se portent désormais vers les prochains JO en 2026 à Milan. Si cela venait à se confirmer, le combiné nordique féminin entrerait ainsi au programme olympique, 100 ans après son homologue masculin. "J'ai commencé ce sport après que Coline Mattel a remporté la médaille de bronze aux JO à Sotchi en saut à ski, se souvient Léna Brocard. Alors évidemment, je rêve des Jeux, c'est dans un coin de ma tête."

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