Cyclisme aux JO de Paris 2024 : comment courir l'épreuve olympique avec seulement quatre coureurs ou moins par équipes

Pour la première fois, seulement 90 coureurs seront au départ de la course en ligne des Jeux olympiques, samedi (11 heures). La France aura quatre représentants.
Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le Français Julian Alaphilippe lors des championnats du monde de cyclisme sur route, à Wollongong (Australie), le 25 septembre 2022. (WILLIAM WEST / AFP)

"On fait face à des quotas très restrictifs qui ne correspondent pas toujours à notre façon de faire notre métier tout au long de l’année". Benoît Cosnefroy ne le sait pas encore ce 19 juin 2024, mais il ne sera pas du voyage à Paris. Au bout du fil, le Normand - qui rêve des JO - revient donc sans détour, sur une course olympique de 274 km, au format inédit. Pour la première fois, ils seront en effet 90 coureurs au départ, samedi 4 août, contre 144 à Rio (2016) et 128 à Tokyo en 2021.

Le nombre de coureurs par nation est également réglementé et corrélé au classement mondial du pays. La France, parmi les cinq meilleurs, aura donc quatre représentants, contre cinq à Tokyo. Les nations classées entre la 6e et la 10e place mondiale présenteront, elles, trois coureurs, les dix pays suivants, deux coureurs et les autres un seul athlète.

Un format qui rebat les cartes des stratégies de course puisque, habituellement, sur des "classiques", un type de course similaire à celui des Jeux olympiques, les équipes professionnelles alignent sept coureurs. Un nombre qui permet de pouvoir "influencer collectivement certaines choses", confie à franceinfo sport Julien Jurdie, directeur sportif chez Décathlon AG2R La Mondiale. Généralement, parmi les sept coureurs, un leader est désigné et les autres sont des "équipiers". Leur mission : se mettre en tête du peloton afin d’imposer un rythme soutenu et ainsi réduire les chances des échappées et épuiser les concurrents présents dans le peloton. Une tactique difficilement transposable à une équipe de quatre cyclistes. 

Les échappées, possibles clés du succès

"Tu ne peux pas contrôler la course avec quatre bonhommes. Si tu en gardes un au chaud pour le final, tu ne peux pas tenir la baraque avec trois", reconnaît Laurent Jalabert, vainqueur du Tour d’Espagne 1995, sur le plateau de l’émission Vélo club, le 9 juillet. Un point de vue partagé par Julien Jurdie : "Il y a forcément des nations avec des coureurs qui n’auront pas le niveau. Donc on peut imaginer qu’au bout de 70-80 km, il n’y ait plus que 50 coureurs dans le peloton. Si une équipe décide d’avoir un leader et trois équipiers et se dit qu’ils vont finir la course à trois, s’il reste encore 150 km, ça va être très compliqué", explique le directeur sportif. 

Pour lui, il vaudrait donc mieux se montrer offensif et être "très très acteur dans les échappées". Dès lors, Thomas Voeckler, le sélectionneur, pourrait être tenté de ne mettre "aucun équipier" pour que "chacun ait sa chance, à un moment donné, de se projeter à l’avant", complète Julien Jurdie. Au regard de l’équipe de France, composée de Valentin Madouas, Christophe Laporte, Kevin Vauquelin et Julian Alaphilippe, il est, en effet, assez clair que chacun a les armes pour faire un coup, selon le scénario de la course. Si Kevin Vauquelin a montré sur le Tour de France qu’il était capable de prendre la bonne échappée, Christophe Laporte a décroché la médaille d’argent de la course en ligne des championnats d’Europe 2022 en réglant le sprint du peloton. 

Un pour tous, tous pour un 

"A un moment ou un autre, l’un des quatre coureurs devra se mettre au service de celui qui sera peut-être le mieux. S’il y a une dizaine ou une quinzaine de coureurs échappés et pas de membres de l’équipe de France. On peut imaginer qu’un Kevin Vauquelin va hypothéquer toutes ses chances de devenir champion olympique, car c’est lui qui devra rouler derrière une échappée", évoque, de son côté, l’ancien vainqueur du Tour des Flandres (1992), Jacky Durand, dans l’émission d’Eurosport "Les rois de la pédale" le 9 juillet.

Un point de vue qui corrobore les propos de Valentin Madouas. En conférence de presse, le Breton a insisté sur la force collective de l'équipe de France, composée de "coureurs qui se connaissent, qui ont déjà couru ensemble". Un "avantage" par rapport à d'autres équipes, selon lui. Thomas Voeckler, qui n'a, évidemment, rien dévoilé de ses "plans", reste cependant prudent. A Tokyo, c'est l'Equatorien Richard Carapaz qui s'était imposé, sans avoir le moindre coéquipier. 

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