JO de Paris 2024 : comment la data a aidé l'équipe de France d'équitation dans sa préparation

Afin d’optimiser leurs performances, les cavaliers des équipes de France d’équitation ont été accompagnés par le système Mazarin, qui permet de récolter des données.
Article rédigé par Sasha Beckermann
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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Pauline Basquin lors du Brabant Horse Show, le 11 mars 2023. (SANDER KONING / ANP MAG)

L’équitation est une affaire de perception : celle du cavalier, et celle de son entraîneur. Depuis peu, en France, c’est aussi une affaire de données. Les équipes de France de saut d’obstacles, de dressage, de concours complet et de paradressage utilisent désormais un outil développé à l’Institut français du cheval et du cavalier (Ifce), appelé système Mazarin. Dans le cadre de la préparation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, cet outil s'est révélé précieux pour déceler des anomalies, rectifier des positions, le matériel ou affiner les derniers détails avant l’échéance.

"C’est surréaliste, résume Alexandre Ayache, cavalier de l'équipe de France de dressage sélectionné pour les Jeux de Paris. Ça permet de voir par exemple que dans tel exercice, la selle appuie un peu sur l’épaule du cheval et ça le gêne. On va faire 2-3 petites retouches qui paraissent insignifiantes. On ne laisse plus aucune place au hasard."

Ce système Mazarin est constitué d'un ensemble de capteurs placés sur le cheval et sur le cavalier : deux sur les rênes, deux sur les étriers, mais également au niveau du buste du cavalier et de la sangle de la selle. Le tout est complété par une caméra embarquée, fixée sur la bombe du cavalier.

L’utilisation du système Mazarin se fait en conditions réelles sur un parcours d’obstacles, de cross ou pendant une reprise de dressage. "Une fois qu’on a fait les enregistrements, on a deux types de rendus : une vidéo enrichie pour revivre le moment et ça, c’est pas mal pour le bilan des athlètes. Et le contenu papier avec les moyennes, c'est-à-dire un compte-rendu écrit avec vos points forts, vos points faibles, vos valeurs réelles", énumère Agnès Olivier, responsable du plateau technique de l’Ifce, situé à Saumur. 

"Si nous, en parallèle, on peut aider à affiner la perception de l’effort du cavalier, on est content. Il va travailler davantage dans le mouvement juste."

Agnès Olivier, responsable du plateau technique de l’Ifce à Saumur

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"Il y avait la volonté des entraîneurs d’avoir des arguments quantitatifs pour accélérer avant les Jeux", expose Agnès Olivier. Jean Morel, sélectionneur du dressage français, abonde : "Toutes les remarques que je leur faisais sur leur position ont été confirmées. Et ils ont fini par se dire : Ok, il a quand même l'œil.' Les chiffres permettent d'appuyer ce qu'on leur dit depuis deux ans." Le sélectionneur ne cache pas que cette aide est aussi la bienvenue dans une optique de performance : "Je pense qu'aujourd'hui, avec les points qu'on veut gagner, les nouvelles technologies, quand elles sont bonnes, il ne faut pas les refuser.

Alexandre Ayache aux Jeux olympiques de Tokyo, le 24 juillet 2021. (BEHROUZ MEHRI / AFP)

L’utilisation du système Mazarin, à petite dose, trois fois dans l’année, a permis aux cavaliers de l’équipe de France de dressage de progresser sur des aspects bien particuliers de leur monte. Pour Alexandre Ayache, ça a été la position du dos : "J’ai tendance à être un peu en arrière, ce qui donne l’impression que les chevaux tirent. Je me mets beaucoup plus à la verticale maintenant. Ça donne une impression d’aisance mais comme c’est un sport jugé, il faut 'le look'."

Et le système Mazarin permet de pousser le détail encore plus loin : "On a rehaussé un peu mon étrier gauche parce qu’on s’est rendu compte que j’avais moins d’appui sur ce côté alors que c’est celui qui devrait être le plus fort", détaille Pauline Basquin, cavalière du Cadre noir de Saumur et membre de l’équipe de France de dressage, qui participera elle aussi aux Jeux.

"C’est du haut niveau. On est sur un niveau de détail comme en Formule 1. On en est à mettre un bout de bois sous le pied du cavalier pour le remettre droit."

Jean Morel, sélectionneur du dressage français

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"On ne fait que ressortir les points clés qui vont permettre de soutenir leur performance. Parfois, on va découvrir des choses qui vont aider le staff à comprendre pourquoi ça va moins bien", ajoute Agnès Olivier. Dans une optique de performance, mais aussi de préservation de l’intégrité physique du cheval : "Ça permet de vraiment affiner les choses, de faire le point sur ce qui ne va pas chez le cavalier pour éviter de faire répéter le cheval bêtement et de l'abîmer. Et d’être efficace le plus rapidement possible", ajoute Pauline Basquin.  

Grâce à ce système, les cavaliers vont pouvoir pousser la performance encore plus loin jusqu’à toucher du doigt le geste parfait : "C'est ça qui va vous permettre d'aller chercher la légèreté. Pour avoir des 9 ou des 10 en notes, il nous faut de la légèreté et de l’impression de facilité. C’est de la danse", soutient Jean Morel.

Et les résultats sont là. En juin 2023, l’équipe de France de dressage a ainsi remporté, pour la première fois, une épreuve de Coupe des nations à Rotterdam, avant de terminer sixième des championnats d’Europe de Riesenbeck, "du jamais vu" pour Jean Morel. "On a énormément progressé. Mais on doit continuer à progresser. Le système Mazarin est un des éléments qui va nous aider."

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