Reportage Escalade aux JO de Paris 2024 : la carte jeune des Jeux olympiques a enfin rencontré son public

Article rédigé par Clément Mariotti Pons - envoyé spécial au Bourget
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Des supporters tricolores venus soutenir la grimpeuse française Manon Lebon lors des qualifications de l'épreuve de vitesse féminine, le 5 août 2024, au Bourget (Seine-Saint-Denis). (CLEMENT MARIOTTI PONS / FRANCEINFO: SPORT)
Sous cloche en 2021 à Tokyo en raison du Covid-19, l'escalade sportive a vécu sa première journée olympique avec des tribunes pleines, lundi au Bourget.

"Vite, ça a commencé !" Les spectateurs se passent le mot pour tenter de franchir au plus vite les contrôles de sécurité. Il est 10 heures pile, lundi 5 août, mais déjà des hourras vibrent à quelques centaines de mètres de là. Les volontaires du site du Bourget (Seine-Saint-Denis) aiguillent rapidement les spectateurs des épreuves d'escalade vers leurs sièges.

Une fois le pied posé dans l'enceinte, c'est le sentiment d'être perdu dans l'immensité qui domine. Face au public, trois murs distincts, représentant les trois spécialités au programme (bloc, difficulté et vitesse). Mais c'est sur celui du bloc que sont engagés les premiers grimpeurs du jour, à l'occasion des demi-finales. 

Six mille spectateurs sont présents dans les tribunes du site d'escalade du Bourget (Seine-Saint-Denis), le 5 août 2024, pour suivre les demi-finales du bloc masculin. (CLEMENT MARIOTTI PONS / FRANCEINFO: SPORT)

"Paulo ! Paulo !" L'ambiance monte d'un cran quand le Français Paul Jenft, 21 ans, s'élance pour ses débuts aux JO. Quelques secondes plus tard, la légende Adam Ondra, quintuple champion du monde et sans doute le meilleur grimpeur de l'histoire, fait encore monter l'applaudimètre. "On est tchèques, on est venus pour lui", expliquent Filip, Adam et David.

La jeunesse dans le viseur

A leurs côtés, Juliette, venue de Saint-Etienne et qui s'est prise de passion pour la discipline grâce à sa sœur, demande tout de même quelques précisions sur les règles. "Même si ça se comprend assez vite, précise-t-elle. Il y a quatre blocs à faire, si tu arrives tout en haut tu gagnes 25 points, si tu fais la première zone c'est cinq points, la deuxième 10 points, et ensuite tu perds 0,1 point à chaque chute."

Tous âgés entre 18 et 23 ans, ils font partie des nombreux jeunes présents dans les tribunes, qui accueillent lundi près de 6 000 personnes. De quoi mieux comprendre l'intégration de l'escalade sportive au programme olympique, afin de capter une nouvelle audience et redynamiser des sports parfois jugés très traditionnels. "C'est une nouvelle discipline qui donne envie à tout le monde de venir voir, c'est stylé !", s'enthousiasme Juliette.

Une fois la 4e place du Français Sam Avezou validée, les spectateurs tentent de se réfugier à l'ombre ou à proximité des brumisateurs géants pour patienter avant l'épreuve de vitesse féminine. Des queues s'improvisent devant les fontaines à eau.

Deux records du monde en moins de dix minutes

Mathieu, de son côté, n'en finit plus d'alerter les visiteurs. "Attention, vous ne pouvez pas entrer de nouveau sur le site si vous sortez !", lance le volontaire, alternant entre le français et l'anglais. "Les gens ne savent pas forcément. J'étais à la boxe la semaine dernière à Villepinte [Seine-Saint-Denis], ce n'était pas tout à fait la même organisation, il y avait moins de monde." Avec le haut-parleur cette fois, il invite la foule à rejoindre les gradins pour la reprise des hostilités. 

Avant de reprendre leurs places, Vincent et Dejan, accompagnés de leurs filles, partagent leurs premières impressions. Ces supporters venus de l'Essonne et du Val-de-Marne ont été "impressionnés" par les performances des grimpeurs et par l'ambiance. De quoi justifier les presque deux années d'attente, pour eux qui ont été parmi les premiers à prendre leurs places.

Tandis que des spectateurs, venus voir les débuts de l'escalade sportive aux JO de Paris, tentent de se protéger du soleil et de la chaleur, Mathieu, volontaire sur le site du Bourget (Seine-Saint-Denis), est sur le pont. Dejan et Vincent, avec leurs filles, profitent de ce moment à part, le 5 août 2024. (CLEMENT MARIOTTI PONS / FRANCEINFO: SPORT)

Après un incident technique qui empêchait les concurrentes de valider leurs temps pendant une vingtaine de minutes, les grimpeuses de vitesse sont de retour. Au pied d'un mur de 15 mètres incliné à cinq degrés, elles paraissent minuscules. Pourtant, en un souffle, elles se retrouvent déjà au sommet. L'impression visuelle est saisissante. Les cris du public gagnent en intensité alors qu'en dix minutes, la Polonaise Aleksandra Miroslaw vient de battre deux fois le record du monde, portant la nouvelle marque à 6''06.

Pour Manon Lebon, 19 ans, et Capucine Viglione, 21 ans – les deux Françaises engagées – c'est déjà terminé. Elles échouent à quelques secondes d'une qualification pour la finale. Mais toutes les deux sont fières d'avoir vécu leur premier moment olympique.

"Il y a beaucoup de déception parce que je ne fais pas du tout ce que je suis capable de faire et je le sens sur tous mes runs, confie la première. Mais c’était juste magique, le public était incroyable. C’était un rêve éveillé, même si j’aurais aimé aller plus loin et faire rêver la France plus longtemps (...) Ce sera pour la prochaine fois. Rendez-vous dans quatre ans !", promet la Réunionnaise. Plusieurs spectateurs ne se voient pas attendre si longtemps et sont déjà à la recherche de billets pour revenir les jours suivants.

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