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Escrime : "J'ai beaucoup souffert et je souffre encore", raconte l'épéiste français Daniel Jerent, accusé de dopage mais finalement blanchi

Suspendu par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), l'escrimeur tricolore, qui n'a pu participer aux Jeux olympiques, a été lavé de tout soupçon mardi. 

Article rédigé par Julien Lamotte, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'épéiste français Daniel Jerent lors des Jeux olympiques de Rio, le 9 août 2016.  (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA / AFP)

Un revirement total de situation. Daniel Jerent, suspendu par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et privé de JO à Tokyo après un test positif à la dorzolamide [un diurétique], a été blanchi, mardi 21 juin, par le Comité des sanctions. Il a en effet été clairement établi que les traces de ce produit, retrouvées dans ses analyses, provenaient d'une transfusion sanguine qu'il avait subie après un accident de la route. Le donneur utilisait ce produit à des fins thérapeutiques, Daniel Jerent n'étant donc, en aucun cas, coupable de dopage.

L'AFLD lui avait proposé, entre-temps, un accord pour abandonner les poursuites sans sanction à son encontre, mais blanchir totalement. Le Français de 31 ans convaincu qu'il n'avait rien fait d'illégal, avait refusé. 

Soulagé par cette décision, l'épéiste est revenu pour franceinfo: sport sur les mois difficiles qu'il vient de traverser. Après avoir vu son remplaçant chez les Bleus, Romain Cannone, offrir la première médaille d'or à la délégation tricolore à Tokyo, fatigué par le poids du soupçon et des procédures, il tente aujourd'hui de se projeter vers l'avenir et sur les prochains Jeux méditerranéens à Oran (du 25 juin au 5 juillet).

Dans quel état d'esprit êtes-vous après cette annonce qui vous innocente ? 

Daniel Jerent : Je l'ai appris ce mardi matin en sortant de mon entraînement via les réseaux sociaux. C'est une décision qui me donne gain de cause, c'est génial mais, pour l'heure, ni moi ni mon avocat n'avons été officiellement informés par l'AFLD [franceinfo: sport a eu confirmation de la décision auprès de l'AFLD]. Je suis quand même soulagé. Il y a quelques mois, on parlait de trois ans de suspension à mon égard, autant dire que cela aurait signifié la fin de ma carrière. Après leur proposition d'accord à l'amiable qui m'obligeait à reconnaître une violation des règles, je suis aujourd'hui blanchi. 

"J'éprouve donc plus une forme de rancœur et de tristesse car les choses auraient pu être faites tellement différemment, de façon plus humaine vis-à-vis de moi..."

Daniel Jerent, escrimeur de l'équipe de France

à franceinfo: sport

J'ai beaucoup souffert et je souffre encore. Mais cette décision va me permettre de passer à autre chose etje suis content de m'être battu pour honorer mon nom et mon image. 

Etes-vous en colère contre l'AFLD ? 

C'est impossible d'en vouloir à une organisation. Ce sont juste des gens qui respectent bêtement des textes de loi. De l'autre côté, il y a des athlètes comme moi qui défendent des valeurs, et surtout pas la triche. Je pense aussi aux jeunes qui s'entraînent tous les jours, qui font un sport qui demeure amateur. Leur donner cette image de triche, c'est très dur. Il y a un côté inhumain et injuste là-dedans qui me dérange profondément. Dès le début de cette histoire, j'ai pourtant clamé mon innocence. J'étais sûr que je n'avais rien pris et que cela ne pouvait venir que de mon opération. 

Qu'avez-vous ressenti quand Romain Cannone, votre remplaçant à Tokyo, est devenu champion olympique ? 

Je n'ai pas vraiment suivi les JO dès lors où j'en avais été écarté. Mais j'ai toujours eu des bonnes relations avec Romain. C'est quelqu'un que j'ai toujours aidé, car j'étais plus ancien que lui dans l'équipe. J'étais donc très content pour lui quand il a eu cette médaille d'or. Ce sont d'ailleurs les derniers mots que je lui avais dit avant Tokyo, je l'avais encouragé à saisir cette chance sans se poser de question, alors que lui était plutôt gêné d'arriver dans ces circonstances. 

Quelles sont vos ambitions pour les Jeux méditerranéens qui débutent à la fin de la semaine ? 

Je suis très motivé et je vais essayer d'y aller pour gagner quelque chose. L'idée est de prendre un nouveau départ et, si ça peut se passer à travers la compétition et une victoire ou un podium lors de ces Jeux, je serai ravi. Ce serait en tout cas un timing idéal pour moi. Je ne suis pas revanchard. Il y a eu des choses qui m'ont blessé, qui m'ont détruit, qui m'ont pris énormément d'énergie. Mais aujourd'hui je suis blanchi, demain ce sont les Jeux méditerranéens, et après-demain on verra bien.

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