Reportage JO de Paris 2024 : l'escrime tricolore transforme le Grand Palais en arène volcanique

Article rédigé par Adrien Hémard Dohain - au Grand Palais
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La Polonaise Alicja Klasik face à l'Estonienne Nelli Differt lors du tournoi olympique d'escrime, le 27 juillet 2024, au Grand Palais de Paris. (FRANCK FIFE / AFP)
Comme lors des mondiaux de 2010, l'escrime s'est installée au Grand Palais pour ces JO, dans une ambiance survoltée et avec une première médaille à la clef.

Rien n'y fait : on a beau avoir les pieds au niveau du sol, impossible de ne pas être pris d'un vertige en pénétrant sous la nef du Grand Palais. De part et d’autre de ce monument érigé en 1900, deux interminables tribunes ont été élevées, sur un enchevêtrement métallique tout aussi impressionnant que l'architecture en fer forgé des lieux. Mais si ces deux murs vertigineux tremblent, qu'on se rassure, c'est sous l'euphorie du public tricolore.

Discipline historique des Jeux, et sans doute la plus francophile de toutes, l'escrime a élu domicile dans ce décor d'un autre temps, féerique. "On y était pour le contrôle des armes et c'était vraiment magique. Il y a vraiment ce mélange d'art, de sport à haut niveau, d'histoire française. Et l'escrime, c'est de l'histoire française. C'est pour ça qu'on est dans un si beau monument je pense", savourait ainsi Romain Cannone, à l'approche des Jeux. 

Une clameur audible depuis les Champs Elysées

Champion olympique à l'épée à Tokyo en 2021, devant des tribunes vides, Romain Cannone l'a bien compris : cette fois, le décor sera tout autre, entre les arches métalliques vertes qui encadrent les quatre pistes, où les escrimeurs tricolores entendent bien entretenir leur tradition de grands pourvoyeurs de médailles. Le tout en comptant sur un atout de poids : le public tricolore, incandescent dès les premières touches, samedi 27 juillet.

Habitué au calme des grandes expositions artistiques qu'il abrite d'ordinaire, le Grand Palais s'embrase pour cette autre forme d'art qu'est l'escrime. Dès l'approche du monument, et malgré le bruit assourdissant des violentes averses qui détrempent Paris, on entend les clameurs depuis les trottoirs des Champs Elysées. Et pour cause : Marie-Florence Candassamy et Auriane Mallo-Breton sont en piste.

Après avoir arpenté un dédale de couloirs, y compris dans les artères secrètes du Grand Palais, voici la nef. Comme les athlètes, on y entre par les escaliers majestueux. Pourtant, en dépit de la beauté du lieu - bien que la verrière emblématique soit dissimulée par des voiles blancs... -, ce n'est pas la vue mais bien l'ouïe qui est le sens le plus stimulé. Alors que les deux Françaises croisent le fer sur deux pistes côte à côte, le public célèbre chaque touche en rugissant.

Entre stade de France et Roland-Garros

A plusieurs reprises, des "Allez les Bleus" résonnent sous la nef. Quelques habitués de tennis lancent même les traditionnels "Popopopopo ! Oléééé !" de Roland-Garros, alors que d'autres savourent le spectacle "sans rien comprendre aux règles". La joie éruptive du public tricolore est de plus en plus assourdissante, à mesure que le score d'un Français grossit. Après les épéistes féminines, c'est au tour des sabreurs Boladé Apithy et Sébastien Patrice d'entrée en lice.

Sur les six engagés tricolores du jour, cinq sont encore en lice à l'entame des huitièmes de finale. A 14h35, Marie-Florence Candassamy, Auriane Mallo-Breton et Coraline Vitalis réapparaissent dans l'arène. Le public scrute attentivement les trois pistes où sont engagées les épéistes françaises, dans leur bulle malgré le vacarme. "On regarde où se situe le coach, dès qu'on est sur la piste, on oublie les verrières et le cadre vraiment historique et architectural et on se concentre vraiment sur ce qu'on a à faire, et l'adversaire", anticipait Ysaora Thibus avant son entrée en lice.

Difficile pourtant de ne pas composer avec les encouragements du public parisien, qui font qu'il devient même compliqué de tenir une conversation avec son voisin."J'ai toujours rêvé d'un jour pouvoir faire de l'escrime dans le Grand Palais. C'est simplement du pur bonheur", se réjouissait Manon Apithy-Brunet avant ces Jeux, elle qui avait justement découvert l'escrime au Grand Palais, lors des Mondiaux de 2010. Quatorze ans plus tard, Manon Apithy-Brunet y tirera, sabre à la main.

En attendant, les épéistes françaises ont enflammé la nef, samedi, malgré les éliminations précoces de Marie-Florence Candassamy et Coralie Vitalis en huitièmes de finale. Dans leur sillage, Sébastien Patrice et Boladé Apithy n'ont pas hésité à prendre le public comme deuxième arme, en haranguant plusieurs fois la foule lors de leur huitième de finale. Ce qui n'a malheureusement pas non plus suffi aux deux sabreurs. 

En début de soirée, lorsque l'épéiste Auriane Mallo-Breton s'est avancée pour sa demi-finale, l'ambiance a encore monté d'un cran. Pour les derniers duels de la journée, il ne restait plus qu'une piste sous la nef, sur laquelle tous les yeux étaient rivés. Une piste sur laquelle la Lyonnaise a brillé, en allant chercher l'argent. En attendant la suite.

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