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Festival de Cannes : la projection de Side A, "une reconnaissance pour le film des JO" selon Yasmin Meichtry

Le film officiel des JO d'été de Tokyo est, pour la première fois de l'histoire, présenté à Cannes dans la sélection "Cannes Classics", mercredi.

Article rédigé par Paul Péret
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les faits se seraient produits en amont des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. (RAMIL SITDIKOV / SPUTNIK)

Que serait la légende des Jeux olympiques sans le film officiel ? "Olympia" de Leni Riefenstahl, en 1936, ou "13 jours en France" de Claude Lelouch et François Reichenbach, en 1968, ont notamment contribué à magnifier les JO d’été de Berlin et ceux d’hiver de Grenoble. Pour la première fois de l’histoire, le film officiel des JO, produit notamment par le CIO, aura les honneurs du tapis rouge du festival de Cannes. Présenté dans la sélection "Cannes Classics", Side A est projeté mercredi 25 mai à 19h15. Rencontre avec Yasmin Meichtry, directrice associée de la Fondation olympique pour la culture et le patrimoine, qui a supervisé le projet.  

Qu’avez-vous ressenti lorsque Side A a été choisi pour Cannes ?
Yasmin Meichtry : Nous l’avons appris en même temps que tout le monde mi-avril. C’est une énorme joie, une forme de reconnaissance pour ce genre de films. Le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, est un grand connaisseur du judo et un grand amoureux du sport. Ça nous a peut-être aidés (rires), mais c’est le choix du comité de sélection ! Que Side A soit réalisé par Naomi Kawase (lauréate de la "Caméra d’Or" en 1997) a aussi représenté un atout non négligeable…    

Les JO de Tokyo ont été retardés d’une année, dans des conditions sanitaires particulières avec le Covid-19. Cela a-t-il eu un impact sur le film ?
Totalement. Vous l’imaginez bien, il y a eu beaucoup de contraintes. Naomi a dû s’adapter et a filmé cette adaptation pendant de longs mois. Elle n’a pas pu aller au village des athlètes, ni assister aux entraînements, par exemple. Il n’y avait pas de public… Elle a beaucoup tourné et du coup, il y a deux films. Side A, celui présenté en avant-première mondiale cette semaine, se focalise sur les sportifs alors que Side B tournera autour de l’institution. Il sortira à la rentrée prochaine.                   

"Subtil équilibre entre athlètes et sports"     

Y a-t-il des règles à suivre pour un film officiel, une sorte de feuille de route à respecter ?
Notre volonté est de proposer un regard d’artiste, qui se différencie de l’immédiat, du direct. Nous sommes plus en rapport avec la culture du pays hôte. Le choix de Naomi Kawase n’est pas neutre. Dans son cinéma, elle joue beaucoup avec la poésie, l’intimité... et comme c’est une ancienne joueuse de basket, elle montre du basket féminin avec les soucis de la maternité à travers les cas d’une joueuse japonaise et d’une joueuse canadienne (cette dernière, Kim Gaucher sera d’ailleurs présente sur le tapis rouge).

Notre souci au CIO, c’est aussi de respecter un équilibre subtil entre les athlètes et les sports mis à l’honneur. Ainsi, on voit du skateboard et du surf, nouvellement admis au programme des JO, mais aussi de l’athlétisme ou de la gymnastique. Et puis, nous souhaitons adresser un message conforme aux valeurs de l’olympisme comme la paix ou la fraternité. Les premiers athlètes mis en valeur dans le film sont ainsi des sportifs réfugiés d’origine syrienne (triathlon et natation).  

C’est la 2e fois que Tokyo accueillait ces Jeux d’été... 
La référence à Tokyo Olympiad de Kon Ichikawa était inévitable. Avec, notamment, le traumatisme représenté par la victoire du Néerlandais Anton Geesink au pays du judo, en 1964. C’est la première séquence de Side A. Mais un récent film français (Les sorcières de l’Orient, de Julien Faraut) a rendu hommage aux volleyeuses japonaises et leur victoire en finale le même jour que le succès de Geesink !   

Comment Side A va-t-il être vu ? 
Le fait d’être sélectionné à Cannes va grandement nous aider à conquérir le marché international. On compte beaucoup sur la projection de cette semaine pour susciter de l’intérêt et trouver des distributeurs. Au Japon, il va sortir le mois prochain dans un circuit de salles. On sait que ces films-documentaires ont un avenir. Aux États-Unis, par exemple, la société Criterion avait sorti il y a quelques années un énorme coffret DVD pour célébrer le centenaire des films officiels (1912-2012) et le CIO avait assuré lui-même la restauration de ces films (au total plus de 100 heures et 53 films)        

Propos recueillis par Paul Péret

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