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Equipe de France Espoirs : "J’ai dû me remettre en question", avoue Thierry Henry, le nouveau sélectionneur des Bleuets

Après des expériences mitigées à Monaco et à Montréal, Thierry Henry affiche un nouveau visage à l'heure de prendre les commandes des Espoirs, en vue des JO.
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Thierry Henry lors de Lens-Rennes, le 20 août 2023. (AFP)

Tout le monde attendait de voir le nouveau visage des Espoirs. Que l'on soit bien d'accord : la nomination de Thierry Henry à la tête de l'éqiupe de France Espoirs était officielle depuis plusieurs jours, mais pourtant, un mystère perdurait jusqu'à ce mardi 29 août : quel visage de Thierry Henry allait-on voir ? Celui affable, souriant et enthousiaste observé au bord des terrains de Ligue 1 depuis plus d'un an, en tant que consultant ? Ou celui plus rude, impatient et irrité aperçu lors de son expérience ratée sur le banc de l'AS Monaco, à l'hiver 2019 ?

Des doutes rapidement balayés par le nouveau sélectionneur, apparu joyeux et excité par ce nouveau challenge lors de sa présentation, au siège de la Fédération française de football (FFF) : “J’ai évolué depuis Monaco, appris à déléguer, faire confiance à son staff, avoir beaucoup plus d’empathie, être plus vulnérable. Quand je jouais c’était différent, il fallait tuer. Maintenant, il faut être dans la pédagogie, discuter, mettre de l’eau dans son vin et j’en ai mis beaucoup".  

Le déclic de Montréal

Cet autocritique, Thierry Henry a confié l'avoir surtout réalisée lors de son aventure à l'Impact Montreal, entre novembre 2019 et février 2021. Une expérience marquée par la pandémie de Covid-19, et les quatre mois passés dans un hôtel avec ses joueurs pour aller au bout du championnat américain de Major League Soccer (MLS) : "Ce n’était pas facile de jouer tous tes matchs à l’extérieur et gérer la vie de groupe dans un hôtel, sans voir nos proches. On était coincé. J’ai beaucoup appris au niveau humain, en pédagogie et dialogue. Ca a été une expérence qui m’a vraiment fait évoluer."

"J’ai douté oui, c’est humain, c’est normal. Savoir faire son autocritique c’est super important. Il faut du temps à un coach pour pouvoir mettre des choses en place. A part Guardiola et Zizou, personne n’a tout gagné la première année. Il faut constamment se remettre en question, j’ai dû me remettre en question."

Thierry Henry, le nouveau sélectionneur des Bleuets

en conférence de presse

Lucide sur son bilan à Monaco, la légende des Gunners a concédé que les doutes sur sa nomination sont "légitimes", même s'il regrette de ne pas avoir eu plus de temps sur le Rocher. Devenu consultant pendant cette période sans poste, le champion du monde 1998 a confirmé qu'il quittait ses fonctions sur Prime Video, mais qu'il resterait en place sur CBS (une chaîne privée américaine diffusant la Ligue des champions), tout en précisant qu'il n'était "pas épanoui" dans ce rôle, contrairement aux apparences.

"J'aime le terrain, j’attendais une opportunité. J’ai fait ce que j’ai à faire pour rester plus proche du terrain. J’avais besoin de coacher, d’aider, de faire comprendre", a précisé le nouveau sélectionneur. "Fier, heureux et honoré d'être là et de pouvoir rechanter la Marseillaise", Thierry Henry en a profité pour remercier son prédécesseur Sylvain Ripoll, mais aussi la Belgique, dont il a été adjoint, avant de clamer son amour du maillot tricolore. "Je suis content de retourner à Clairefontaine, j’y ai grandi. Quand tu as le Coq sur le maillot, ou le survêtement, tu représentes quelque chose..."

Animé par la flamme olympique

Fort de ce mea culpa, Thierry Henry va maintenant faire face à un autre défi : parler à la jeune génération que sont, par définition, les Espoirs (les joueurs de moins de 21 ans). Un challenge qui ne l'effraie pas : "J'aime travailler avec les jeunes. A Monaco et Montreal, les plus grandes affinités que j’ai eues, c’est avec les jeunes. Il faut s’adapter, comprendre les codes, il y a beaucoup de pédagogie. Les jeunes de maintenant, dans le sport ou ailleurs, pensent savoir parce qu’ils ont beaucoup d’infos. Nous on avait un vécu, eux ont beaucoup d’infos.”

De la pédagogie, il en faudra, tout comme de la patience, au nouveau sélectionneur des Espoirs pour convaincre les jeunes stars, parfois déjà titulaires dans des grands clubs, pour venir porter le maillot des U21, pas toujours dans des stades clinquants. Même si, de son propre aveu, Thierry Henry, qui a passé un an et demi en Espoirs en 1999 malgré son statut de champion du monde 1998, ne comprend pas qu'on puisse refuser une sélection.

“Ce n’est pas une sélection punition. C’est une sélection qu’il faut respecter, honorer. Il faut créer un esprit France, U21, pour que les joueurs soient contents de venir.”

Thierry Henry, le sélectionneur des Bleuets

en conférence de presse

Ce climat sera indispensable pour que les hommes de Thierry Henry remplissent l'objectif de podium aux JO de Paris 2024 fixé quelques minutes plus tôt par le président de la FFF, Philippe Diallo. S'il a balayé le débat de la présence ou non de Kylian Mbappé à cette occasion (comme le permet le règlement avec trois joueurs de plus de 23 ans), le nouveau sélectionneur s'est montré impatient, et déterminé à convaincre les clubs de libérer leurs poulains pour Paris 2024, contrairement à Tokyo 2020 : "Je n’ai pas souvent pleuré sur un terrain, mais quand on a été éliminé à Atlanta en 1996, j’ai pleuré. Les JO c’est Marie-José Pérec, les Barjots… Tu ne refuses pas ça”. Même si, pour le moment, il se concentre sur la première échéance : qualifier les Bleuets pour l'Euro 2025.

Ces objectifs, Thierry Henry devra les atteindre tout en menant à bien la mission première des Espoirs : alimenter l'équipe de France A de Didier Deschamps. "Tout ce que Didier dira, je dirais oui. C’est simple : c’est lui le patron. S’il a besoin de venir chercher un joueur en Espoirs, je dirais oui. On est là pour les A. Je reste à ma place", a assuré l'ancien Barcelonais. Ce dernier a toutefois précisé qu'il avait un projet de jeu en tête, même s'il est conscient que rien n'est facile dans cette sélection en perpétuel changement : "J’ai mes idées sur le pressing, le jeu haut, la possession. J’ai des idées précises sur l’identité de jeu". Avant de conclure : "Maintenant, au travail". Et vite, car les Bleuets affronteront la Slovénie le 11 septembre. 

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