Football aux JO de Paris 2024 : Thierry Henry et ses "fous" en quête d'un sacre aux allures d'exploit
"Ces gars font des choses qu'ils ne devraient pas faire. En fin de match, ils devaient garder la balle au point de corner contre l'Argentine. Souvent, je me demande pourquoi ils font des choses comme ça et ça marche." Depuis le début de l'aventure olympique, Thierry Henry n'a que de l'admiration pour ses minots, qui lui ont appris "à laisser couler" certaines choses. Avec ce groupe de joueurs de moins de 23 ans (à l'exception des trois jokers) qu'il a bâti il y a deux mois, non sans quelques retouches, il va vivre, vendredi 8 août, l'un des plus grands moments de l'histoire du football tricolore.
Une finale olympique à domicile, au Parc des Princes, ce n'est pas rien, d'autant que cela se produit quarante ans après le sacre aux JO de Los Angeles, mais surtout quarante ans après le premier titre de l'histoire du foot français et le triomphe à l'Euro 1984, conclu par une finale contre l'Espagne dans ce même stade. A l'évocation de ce clin d'œil de l'histoire, Henry ne s'était pas épanché après la victoire en prolongation contre l'Egypte, mais avait laissé transparaître son excitation par une de ces mimiques dont il a le secret. Jeudi, à la veille de la finale, il est parti dans une longue digression sur son amour pour le Parc des Princes.
Henry en pleine cure de jouvence
"Le Parc, c'est Safet Susic. C'est Francescoli au Matra. C'est George Weah. C'est la relance de la main de Lama pour Ginola devant la tribune remplie de stars, un contrôle intérieur, l'extérieur du pied et la course long de ligne. C'est Borelli qui embrasse la pelouse. C'est 84. C'est le match du Real. C'est Zlatan, Kylian, Cavani, Pauleta. C'est Dahleb", a déroulé le natif des Ulis, se souvenant de ses bouts de week-ends passés à y regarder des matchs étant gamin. C'est un Thierry Henry nostalgique et à la sensibilité transparente qui s'est présenté à la presse ces derniers jours, un homme qui va vivre un climax qu'il n'avait pas prévu, dix ans après la fin de sa carrière de joueur, quatre après sa dernière expérience (ratée) de coach en club.
"Je n'ai pas l'habitude de passer la ligne dans l'extrême, mais je suis dans un rêve, a-t-il confié jeudi, alors qu'il vit ses premières heures à Paris depuis le début des Jeux olympiques. Tous les soirs, j'ai des frissons. On a un beau pays quand même. Quand on décide d'être ensemble, on est inarrêtables. On en avait besoin après ce qu'il s'est passé un peu avant la compétition." Après son exultation presque christique au coup de sifflet final de la demie contre l'Egypte, "Titi" a pleinement célébré avec ses joueurs, au point de se livrer à une danse devenue virale sur les réseaux sociaux.
La communion est totale avec ses joueurs, qu'il surnomme affectueusement les "fous" depuis le début de la phase finale. "Je comprends pourquoi il nous appelle comme ça. Il suffit qu'il y ait trois-quatre joueurs ensemble et ça part en rigolade. Encore hier, on a fait chanter des membres du staff, se marre le capitaine Alexandre Lacazette, 35 ans et habituellement plus fermé face aux journalistes. Tout le monde s'entend bien. Il y a une très belle ambiance, que des bons gars. Il n'y a pas de poison dans cette équipe."
De la frustration du mois de juin au "rêve"
Ce groupe de jeunes sans complexe a fait sauter le filtre avec les médias après l'euphorie de la victoire (et de la bagarre) contre l'Argentine. On a aperçu un Enzo Millot avec un sourire de filou pendant que son coach le réprimandait devant la télévision et il n'y avait rien de dramatique en cela. Une légèreté se dégage de cette équipe pourtant constituée de bric et de broc il y a à peine deux mois. "La dernière fois que j'ai pris autant de rejets, c'était au collège", pestait Thierry Henry le 3 juin au moment de révéler une pré-liste de 25, sans le très convoité Kylian Mbappé ou les jeunes internationaux éligibles comme Eduardo Camavinga ou Bradley Barcola.
Cela n'a finalement pas empêché Henry de puiser dans le grand vivier de talents tricolores et de mettre au point un projet de jeu ambitieux et surtout efficace. Le grand public a par exemple découvert Michael Olise, l'homme clé de l'animation offensive tricolore, ou encore l'attaquant Jean-Philippe Mateta, qui a largement justifié son statut de joker. "Quoi qu'il arrive c'est un succès, maintenant on va se battre pour la couleur de la médaille", a souligné le sélectionneur. Face à une équipe d'Espagne "redoutable", d'après le terme employé par Thierry Henry, il faudra élever encore un peu plus le niveau de jeu pour succéder aux illustres champions olympiques de 1984.
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