JO 2021 - Handball : de Pékin 2008 à Tokyo 2021, l'odyssée dorée des Bleus racontée par Jérôme Fernandez
Une nouvelle fois médaillée d'or samedi, l'équipe de France masculine de handball poursuit sa romance olympique, débutée il y a treize ans en Chine. Acteur puis témoin privilégié de ces exceptionnelles performances, Jérôme Fernandez retrace le film pour franceinfo: sport.
Pour la quatrième fois consécutive aux Jeux olympiques, l'équipe de France masculine de handball repart avec une médaille d'or dans ses valises. Et pas n'importe laquelle. Après l'or à Pékin et Londres, et l'argent à Rio, les Bleus ont accroché un nouveau titre olympique à Tokyo, samedi 7 août, en dominant en finale le Danemark (25-23), qui les avait privés de sacre il y a cinq ans au Brésil.
Trois titres donc, et une quatrième médaille olympique de rang pour la France, par ailleurs sextuple championne du monde. Une équipe aussi insatiable que régulière au plus haut niveau du handball masculin. Titré en 2008 et 2012, et témoin privilégié depuis 2016, Jérôme Fernandez, meilleur buteur de l'histoire des Bleus, raconte ce fabuleux roman olympique auquel les Tricolores viennent d'ajouter un nouveau chapitre glorieux.
2008 : Pékin, la délivrance
"Notre génération avait vécu 2000, 2004. Athènes avait été un grand moment de détresse (5e), comme la demi-finale du Mondial 2007 perdue contre les Allemands (4e place). Ces deux moments de tristesse ont construit nos victoires futures. En 2008, on arrive à Pékin en se disant que ce sont peut-être nos derniers Jeux, puisqu'on a tous passé la trentaine.
On veut prendre le titre qui manque alors à notre sport, à notre génération. On sait qu'on a moyen de bien finir pour cette dernière aventure olympique. La 'prépa' a été beaucoup plus pointue, on s'est entraînés comme des robots pour prendre ce titre et ensuite passer la main. On a réussi à le faire, à faire le triplé avec les Europe (2010) et les Mondiaux (2009). C'était magnifique."
2012 : Londres, l'apogée
"Après Pékin, on a remporté les compétitions une à une (Mondial 2009 et 2011, Euro 2010), et on s'est finalement retrouvés à Londres en favoris, alors qu'on pensait passer la main. Londres, c'est l'apogée. Le conte de fée était déjà magnifique, mais ce deuxième titre consécutif, c'est le bout du rêve. On savait qu'on rentrait dans l'histoire. D'autant que notre génération était vraiment sur la fin cette fois-ci. D'ailleurs, on était critiqués par la presse avant les Jeux, qui disait qu'on était sur le déclin, trop vieux pour aller chercher une médaille. Ça nous a piqués.
On voulait prouver qu'on n'était pas finis et aller chercher un deuxième titre olympique historique. La 'prépa' avait été plus dure parce qu'on avait pris de l'âge, on a dû batailler ensuite en quart contre l'Espagne, et en demie contre la Croatie. La finale contre la Suède a presque été le match le plus facile. Mais avec ce deuxième titre olympique, on était vraiment devenus les Experts."
2016 : Rio, la surprise
"Avant d'aller à Rio, on sait que ça va être plus compliqué. L'équipe de France est dans une phase d'intégration d'une nouvelle génération, celle des Mahé, Gérard, Porte, Luka Karabatic... On se dit qu'il va falloir transmettre la culture de la gagne des anciens. Mais bon, en 2014, 2015 on va chercher les titres européens et mondiaux. L'équipe arrive à Rio avec un maximum de garanties, et les garçons ont commencé à rêver.
Sauf qu'en finale, on tombe sur des Danois qui ont bien intégré la nouvelle règle du 7 contre 6, et on tombe. Il fallait que ça arrive un jour. C'est la première finale perdue par la France depuis 1993, on restait sur neuf sacres consécutifs... On a tellement eu l'habitude de gagner les finales qu'on était déçus, mais cette médaille d'argent est magnifique. C'était dur pour ceux qui l'ont vécu, et ils se sont promis de récupérer leur bien à Tokyo."
2020 : Tokyo, la revanche
"Trois finales d'affilée, c'était déjà une réussite exceptionnelle. On savait qu'on allait entamer un gros changement de génération après Rio, avec les jeunes champions du monde et d'Europe juniors. Mais honnêtement, on visait plutôt le titre olympique à Paris en 2024. Le report d'un an des Jeux nous a aidés pour intégrer des jeunes, comme Hugo Descat. L'équipe est arrivée ici sans complexe, en confiance et n'a pas volé son titre puisqu'elle a explosé les double champions d'Europe espagnols puis l'Egypte, valeur montante, pour arriver en finale.
Cinq ans après la défaite contre le Danemark, c'était l'heure de la revanche. Les jeunes de 2016 sont les cadres de 2021, avec de nouvelles pépites intégrées aujourd'hui. Faire quatre finales d'affilée, c'est fantastique. C'est mieux que les Suédois. Mais ceux qui ont connu Rio, ils ne se contentent pas de l'argent, surtout pour ceux qui ne connaîtront pas Paris. Pour les jeunes, c'est la première participation aux JO. Ils arriveront à Paris en favoris."
Et la suite ?
"Cette réussite, c'est le fruit du travail de chacun. La fédération a mis les bonnes choses en place, a été innovante pour les pôles sport-études. Daniel Constantini a montré au handball français qu'il pouvait rivaliser avec les meilleurs. Ce roman olympique a commencé dès 1992 en fait, avec les Bronzés de Barcelone, puis s'est poursuivi à Atlanta en 1996 (4e). Depuis, les cycles s'enchainent.
Le handball français a trouvé l'équilibre depuis 2008 entre renouvellement et continuité. Là, sérieusement, on a un groupe qui peut aller jusqu'aux Jeux de Brisbane en 2032. Les jeunes arrivent à maturité peu à peu, derrière le réservoir est plus que rempli de talents. L'équipe de France est, dès aujourd'hui, favorite pour les Jeux de Paris."
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