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JO 2021 : Yuki Hattori, l’impératrice du handball au Japon

À deux jours du début des Jeux de Tokyo, rencontre avec Yuki Hattori, 49 ans, LA spécialiste du handball au Japon.

Article rédigé par Manu Roux, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Yuki Hattori et Nikola Karabatic, joueur français de handball. (franceinfo: sport)

Avant le Covid, elle "claquait" la bise à Thierry Omeyer, donnait l'accolade à Nikola Karabatic et prenait la pose avec tous les plus grands joueurs du monde. Normal, Yuki Hattori est LA journaliste japonaise qui couvre l'actualité du handball, sport mineur au pays du Soleil levant. Malgré le huis clos décrété par l'organisation des Jeux, qui l'empêchera d'aller au stade national de Yoyogi, théâtre du tournoi olympique, elle souhaite la réussite de ces JO.

Journaliste freelance pour Handball magazine, la seule revue traitant de la petite balle collante au Japon, Yuki Hattori ne rate jamais un grand rendez-vous de ce sport dont elle est devenue fan. JO, Mondial, Euro, Final 4 de Ligue des champions à Cologne : avant le Covid, la Japonaise multipliait les trajets en avion pour être toujours au plus près de l'actualité du hand. Et tant pis pour le bilan carbone.

Yuki Hattori et Jérôme Fernandez, meilleur buteur de l'histoire des Bleus. (franceinfo: sport)

"C'est vrai qu'avant la crise, je n'arrêtais pas, je venais souvent en Europe, jusqu'à quatre fois par an. Bon, ça s'est beaucoup calmé depuis un an et demi", regrette la journaliste nippone qui a toujours ciblé les grands rendez-vous de hand masculin. "J'aime le très haut niveau et la façon dont ce sport est pratiqué en Europe. La dimension physique, la puissance, l'esprit de combat y sont beaucoup plus développés que dans notre championnat. Et techniquement, c'est le top !"

"Le plus sympa, c'est Titi"

À force de fréquenter les zones mixtes des grands championnats, Yuki a fini par créer une vraie complicité avec des stars du handball mondial. Notamment françaises. "C'est vrai que les joueurs sont maintenant habitués à me voir à la fin des matches ou lors des conférences de presse. Ça crée des liens. J'aime beaucoup Niko Karabatic, Luc Abalo, Nedim Remili, Richardson junior, "Air France" Daniel Narcisse et "Titi" Omeyer, le plus sympa de tous. Avec lui, c'est vraiment particulier parce que je connais aussi sa famille, et on ne parle pas seulement de handball", s'enthousiasme Yuki. "Mais je ne m'intéresse pas qu'aux Français ! Je m'entends très bien également avec Mikkel Hansen, Uwe Gensheimer ou Filip Jicha (élu meilleur joueur du monde en 2010, actuel entraîneur de Kiel).

Yuki Hattori et Thierry Omeyer, ancien gardien de but de l'équipe de France de handball. (franceinfo: sport)

Quand elle vient en Europe, la journaliste peut ainsi assouvir pleinement sa passion. Ce qui n'est pas toujours le cas au Japon. "Ici le handball n'est pas du tout un sport populaire. Ça n'a rien à voir avec le baseball par exemple qui est très répandu ou même le football. C'est vraiment très rare que des matches de hand soient retransmis à la télévision. Seulement une ou deux fois par an en temps normal, pour une finale ou un titre", se désole Yuki. "C'est pourquoi les Jeux olympiques de Tokyo constituent une vraie opportunité pour ce sport.

Le huis clos, la bonne décision

Dans un groupe où figurent le Danemark, champion olympique et double champion du monde en titre, la Suède, finaliste du dernier Mondial, sans oublier le Portugal, nation montante du hand, la sélection nippone aura fort à faire pour réussir ses Jeux à domicile, sans l'appui de ses supporters. "L'objectif est de se qualifier pour les quarts de finale et donc de gagner au moins deux matches. Ce sera difficile", admet la journaliste de 49 ans. Les rencontres face à l'Égypte et le Bahreïn s'annoncent déjà déterminantes.

En grande spécialiste, Yuki Hattori se montre en revanche beaucoup plus optimiste pour l'équipe de France : "Même si les derniers résultats n'ont pas été à la hauteur, elle est pour moi toujours candidate à la médaille d'or." Malheureusement, pour une fois, la journaliste nippone ne sera pas physiquement présente dans le stade : "Pour vivre pleinement ces Jeux, j'avais prévu de les suivre comme une simple spectatrice et le gouvernement a finalement décidé qu'il n'y aurait pas de public dans le stade... C'est vraiment dommage, même si la priorité reste la santé des athlètes. Pour la préserver, c'était, je le pense, la décision qu'il fallait prendre, même si ça m'empêchera d'assister aux matches", nous confiait-elle récemment par mail.

On a quand même du mal à s'imaginer ne pas croiser Yuki Hattori dans les travées du stade de Yoyogi... "Si tu crois tout ce que tu lis, tu ferais mieux de ne pas lire", n'est-il pas un célèbre proverbe japonais ? 

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