Hockey sur gazon : comment les JO de Paris ont permis aux équipes de France de passer un cap

Article rédigé par Baptiste Royer
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
L'équipe de France féminine de hockey sur gazon au stade Yves-du-Manoir de Colombes (Hauts-de-Seine), le 5 mai 2024, avant un match face à l'Allemagne. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP / AFP)
Pour la première fois dans l'histoire de ce sport, les deux équipes de France disputent le tournoi olympique à Paris, du 27 juillet au 9 août.

Les Jeux olympiques de Paris sont déjà historiques pour le hockey sur gazon français. Les Bleus, qui fouleront le gazon du stade Yves-du-Manoir de Colombes (Hauts-de-Seine) à partir du samedi 27 juillet, n'ont plus participé au rendez-vous olympique depuis 1972. Les joueuses de l'équipe de France féminine seront quant à elles des pionnières dans l'histoire tricolore. 

Pour figurer parmi les 25 meilleures nations du monde (prérequis pour qu'un pays hôte puisse participer au tournoi olympique), les équipes de France ont connu une préparation inédite et professionnelle, alors que leur sport reste confidentiel dans l'Hexagone (17 297 licenciés selon le ministère des Sports).

Des financements record

Pour pouvoir consacrer le maximum de temps à leur préparation olympique, les joueurs et joueuses présélectionnés ont pu bénéficier de financements publics inédits : un engagement de l'Etat à garantir 15 000 euros de revenu annuel à chaque athlète olympique, des bourses régionales et départementales gonflées, ou encore la mise en place de contrats SHN (sportif de haut niveau) permettant aux athlètes de l'équipe de France qui évoluent dans le championnat national de recevoir un smic chaque mois. La majorité des Bleus sont toutefois professionnels à l'étranger, notamment en Belgique.

Les joueurs du championnat français ont ainsi pu appréhender l'échéance olympique plus sereinement. "Je suis passé de 0 à 40 000 euros en dix mois. Avant [la préparation olympique] mes revenus du hockey ne dépassaient jamais les 4 000 ou 5 000 euros par an", se réjouit Lucas Montécot, milieu de terrain de l'équipe de France et de Montrouge (Hauts-de-Seine).

Des revenus supplémentaires nécessaires pour les internationaux du championnat de France, qui, malgré la densité de leur calendrier sportif, n'ont pas le statut d'athlètes professionnels et ne peuvent donc pas vivre de leur sport en dehors de cette année olympique.

"Avec des stages [fédéraux] du lundi au mercredi, les entraînements avec ton club le reste de la semaine et les matchs le dimanche, tu es fatigué, tu n'en peux plus, et tu ne peux pas avoir de travail"

Lucas Montécot, milieu de l'équipe de France de hockey sur gazon

à franceinfo: sport

"On a fait un gros bloc physique entre septembre et décembre [lors des stages avec l'équipe de France], explique Emma Ponthieu, capitaine de l'équipe de France féminine. Du fractionné, du cardio, beaucoup de musculation, mais pas de hockey." Même exigence dans l'équipe masculine, où chaque rassemblement fédéral est ponctué de trois à quatre entraînements par jour, dont deux séances de musculation. "La préparation a été à 80% tourné vers le physique, ça a été très intense toutes les semaines", confirme Lucas Montécot.

Lors des trois jours de stages fédéraux hebdomadaires au Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive de Wattignies (Nord), le développement de la condition physique des athlètes a été un axe majeur de la préparation olympique. "On a vu qu'il y avait un déficit par rapport aux meilleures nations du monde. Les JO, c'est cinq matchs en sept jours, donc il fallait gagner en capacité physique", assure Benoit Gallet, directeur technique national de la Fédération française de hockey.

"En plus du travail d'endurance, on a recruté un physio spécialisé en haltérophilie. Il a travaillé avec les autres préparateurs physiques pour adapter les programmes avec des charges beaucoup plus importantes", précise-t-il.

Un nouveau statut pour le hockey français

En cinq ans, l'équipe de France féminine est passée de la 33e à la 20e place du classement mondial, tandis que la sélection masculine occupe aujourd'hui le 9e rang, un record. Ce changement de dimension a permis aux équipes d'affronter certaines des meilleures nations mondiales lors de matchs amicaux, comme l'Afrique du Sud pendant un stage commun l'hiver dernier, ou le Japon pour l'équipe féminine en septembre 2023.

"Les autres équipes ont vu qu’on s’était améliorées, donc forcément, elles ont envie de jouer contre nous. Il y a quelques années, je ne pense pas que l’équipe du Japon nous aurait proposé de faire trois matchs amicaux."

Emma Ponthieu, capitaine de l'équipe de France

à franceinfo: sport

Un nouveau cap qui n'est pas passé inaperçu en dehors des terrains. "Quand une équipe monte au niveau sportif, il y a plus de partenaires, confirme Benoit Gallet. Jouer contre des équipes de niveau olympique, c'est du gain d'expérience, des moments où les équipes multiplient les matchs et bénéficient d'installations de très haut niveau", ajoute-t-il.

Au sortir d'une préparation déjà historique pour le hockey sur gazon français, les deux sélections entament leur aventure olympique dès samedi 27 juillet, au stade Yves-du-Manoir de Colombes (Hauts-de-Seine). L'équipe masculine ouvrira le bal face à l'Allemagne (17 heures), suivie dans la soirée (20h15) par l'équipe féminine, qui défiera les Pays-Bas, meilleure nation au classement de la Fédération internationale de hockey.

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