JO 2021 : quand le coronavirus bouscule "les Jeux les plus technologiques de l’histoire"
Alors que le Japon comptait sur ces Jeux olympiques pour briller au travers de ses innovations technologiques, la pandémie est passée par là… Le pays du Soleil-levant pourrait toutefois rayonner sur la scène internationale.
Robots, voitures autonomes, reconnaissance faciale... Les Jeux olympiques de Tokyo en juillet prochain seront un véritable spectacle d’innovation assurent les organisateurs, ce seront "les Jeux de la technologie". "Les meilleures technologies mondiales seront intégrées dans nos sites de compétitions et utilisées pendant les Jeux", affirmait en 2019 le comité d’organisation.
La première ? La robotique. Pas moins de six modèles différents de robots seront utilisés à Tokyo. Leur mission sera de promouvoir une "utilisation sociale généralisée des robots" et fournir une assistance aux spectateurs et aux personnels. Ils permettront par exemple de faciliter les entrées et sorties des personnes à mobilités réduites, ou encore de ramasser les marteaux et les javelots lancés par les athlètes. Pour donner l’accès au plus grand nombre, certains robots équipés de caméras vous permettront de vivre une expérience virtuelle, comme si vous étiez au cœur des sites olympiques.
Ce système sera d’autant plus intéressant que la présence des spectateurs étrangers ne sera pas autorisée. "Les Japonais savent qu'ils sont un petit pays et que ce n'est pas par le sport qu'ils brilleront sur la scène internationale. Ainsi, ils ont choisi de profiter du sport pour afficher leur technologie", explique François Bellanger, directeur de Transit-City, une structure spécialisée dans la prospective et l’innovation, spécialiste du Japon, et membre du conseil scientifique de la Solideo.
L’innovation au service de la géopolitique
Les Jeux de Tokyo se serviront également de voitures autonomes électriques. Une vingtaine de ces navettes circuleront en boucle dans le village olympique et le village paralympique, afin d’assurer le transport des athlètes et du personnel. Au-delà de l'aspect purement pratique, la technologie a été également mise à contribution de l'aspect sécuritaire. Un système de reconnaissance faciale sera utilisé pour vérifier l'identité des athlètes, des officiels, des autres membres du personnel et des journalistes. Pour les organisateurs, la volonté est d’augmenter le niveau de sécurité "en empêchant l'usurpation, la falsification et l'utilisation d'accréditations perdues ou volées". Cette technologie sera utilisée pour la première fois lors de Jeux olympiques.
Derrière l’accueil de grands événements sportifs comme les Jeux olympiques, l’objectif pour un pays hôte est d’aller au-delà de la démonstration de sa capacité d’organisation. "Ici, le Japon veut se présenter comme un état innovant face aux Etats-Unis, à la Chine, et à l’Europe", analyse Estelle Brun, chargée de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) au sein du programme Sport et géopolitique. "Depuis très longtemps, les Jeux ne sont pas qu'une affaire sportive, poursuit Jean-Loup Chappelet, professeur émérite à l'Université de Lausanne et spécialiste des questions olympiques. Pour organiser les Jeux, il faut notamment mettre en œuvre des solutions sur de nombreux domaines, comme la sécurité, la santé, la diplomatie et l'innovation. Et justement, Tokyo, et le Japon plus exactement, a beaucoup joué là-dessus pour les JO de 2020 comme pour ceux de 1964."
Le Japon, pays d’innovation
Toutes ces innovations rappellent celles aperçues cinquante-sept ans plus tôt lors des JO de Tokyo en 1964. "Quand ils ont organisé les Jeux au lendemain de la guerre, le Japon avait été battu, et il renaissait de ses cendres. Et il a impressionné le monde entier avec l'organisation de ces Jeux. Par exemple, il a inauguré le Shinkansen, le TGV japonais, plus de 20 ans avant le TGV français", raconte Jean-Loup Chappelet. Plus que cette révolution ferroviaire majeure, les Jeux olympiques de 1964 utilisent pour la première fois des ordinateurs pour départager les concurrents au centième de seconde prêt. Aussi, ils sont les premiers à permettre la retransmission en direct et à travers le monde des images olympiques par satellite.
Les innovations de 1964 portées par le Japon ont transformé la ville de Tokyo mais aussi le rendez-vous olympique. "A chaque fois qu'il y a une candidature nationale d'un pays pour les Jeux olympiques, il y a le besoin d'écrire un récit olympique national. Les Japonais ont toujours profité des JO pour basculer et changer de visions urbaines et technologiques. L’exemple de 1964 et le lancement du Shinkansen est parlant", remarque François Bellanger.
Fort de cet héritage, Tokyo 2020 proposera, comme une habitude, une avancée technologique qui pourrait, là encore, révolutionner l'événement. "Pour la première fois, un "cloud" (système de stockage de données) sera inauguré. Autrement dit, les images produites par le Service olympique de radiotélévision OBS seront envoyées sur ce cloud et pourront être reprises et montées par ceux qui ont acheté les droits directement sur celui-ci. Même si on en parle peu, cette innovation est majeure car le travail d’images pourra donc se faire à distance, sans envoyer de techniciens sur place", ajoute Jean-Loup Chappelet. Dans le contexte de pandémie mondiale, cette innovation tombe plutôt bien.
Un héritage en demi-teinte ?
Si le Japon souhaitait rayonner sur la scène internationale à travers ses innovations technologiques, la pandémie de coronavirus et l’absence de spectateurs étrangers risquent de rendre l’événement moins époustouflant que prévu. "Ils voulaient mettre le paquet sur les transports, mais comme il n’y aura pas de public étranger, cela risque d’être compromis. Ils vont peut-être conserver les idées de départ, mais cela aura-t-il du sens et parlera au grand public ? J'en doute. Je pense que les JO de Tokyo auraient pu être un tremplin pour le Japon. Au mieux, cela ne sera qu’un petit tremplin, mais cela n'aura pas l'effet du Shinkansen en 1964", estime François Bellanger.
Pourtant, lors de sa candidature en 2011, le Japon s'était déjà largement exporté à l’international à travers ses mangas, ses jeux vidéo, ses robots et ses voitures autonomes. Le désir d’innovation des Japonais dépassait le cadre des JO. "A l'époque, on se demandait à quoi allait ressembler la ville, les transports ou l’énergie de demain", analyse François Bellanger. Mais dix ans plus tard, et une pandémie mondiale, quel sera le véritable héritage de ces Jeux ? "L'image qui va rester, quel que soit le récit qui a été fait ou ce qu'ils ont fait concrètement, risque d'être celle de JO nouvelles formules avec trois quarts des stades vides", appuie François Bellanger.
En raison du Covid-19, le Japon ne brillera pas sur la scène internationale comme il l'entendait. Mais comme l’explique Estelle Brun de l’IRIS, cette situation est aussi "l'occasion pour les Japonais de dire "Regardez, en tant que société, nous avons réussi à maintenir ces Jeux, de manière sécurisée, avec un plan sanitaire précis et avec une technologie au service de celui-ci. Sur le long terme, conclut-elle, ça pourrait servir d'exemple pour les prochains grands événements sportifs."
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