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JO 2022 : Kelly Sildaru, championne de ski freestyle et figure de la lutte contre les violences domestiques

Médaillée de bronze en slopestyle mardi, l'Estonienne Kelly Sildaru est devenue un symbole sportif et extra-sportif dans son pays.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louis Delvinquière
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Estonienne Kelly Sildaru a remporté la médaille de bronze sur l'épreuve de slopestyle olympique à Zhangjiakou, le 15 février 2022. (MARCO BERTORELLO / AFP)

À 19 ans, Kelly Sildaru a conquis la médaille de bronze en slopestyle, mardi 15 février, et obtient enfin ce précieux sésame olympique manquant à son palmarès déjà bien fourni. La moindre des choses pour celle qui est considérée comme l'une des plus grandes prodiges de son sport, après une enfance plus que difficile.

Très vite mise sur des spatules par ses parents, la gamine de Tallinn impressionne. La case apprentissage, elle ne connaît pas. À 13 ans seulement, elle est propulsée sur le devant de la scène. Aux X-Games 2016, elle l'emporte à la surprise générale en slopestyle et devient la plus jeune médaillée d'or de l'histoire.

Kelly Sildaru célèbre sa manche qui lui permet de réaliser le meilleur score des qualifications du slopestyle olympique, le 14 février 2022. (WANG HAOFEI / XINHUA)

Et puis, tout s'emballe. Elle rentre dans les annales en inscrivant des figures jamais exécutées jusqu'alors comme un 1440° (quatre tours sur soi-même dans les airs). Pour sa première Coupe du monde, lorsqu'elle fut autorisée à participer, elle l'emporte. Une comète dans l'univers freestyle.

Violences domestiques et détournements de fonds

Mais tout n'est pas si rose en coulisses. En février 2021, une interview diffusée en prime time fait l'effet d'une bombe en Estonie. Sur la chaîne du service public Eesti, la star du pays dénonce les violences domestiques dont elle est victime avec sa mère. C'est son père, Tõnis Sildaru, entraîneur et agent depuis ses débuts, qui en est à l'origine.

Avec ce discours, elle espère changer les choses : "Peut-être que cette histoire peut aussi encourager d'autres personnes à dire les choses. J'espère aussi les motiver à franchir les étapes qui m'ont probablement pris trop de temps." Avec des témoignages glaçants comme cette fois où son père l'a traînée dans sa chambre par les cheveux et l'a giflée, Kelly Sildaru choque le pays qui connaît cette famille par cœur.

Mais cela ne s'arrête pas aux agressions physiques. En plus de ces allégations, la championne annonce que son père a détourné des fonds à hauteur de plusieurs centaines de milliers d'euros. "L'objectif de mon père était de gagner le plus d'argent possible grâce à moi", avait-elle dénoncé lors de l'interview. 

Forcée à s'entraîner même blessée

Pour retrouver les prémices des violences du père, il faut remonter à 2017 lorsqu'intervient l'un des plus grands drames dans la carrière de Kelly Sildaru. Elle se blesse gravement au genou en Nouvelle-Zélande et doit renoncer aux Jeux olympiques de Pyeongchang. "Il y a eu un avant et un après", confie la championne olympique de la Jeunesse de slopestyle en 2020. En tant qu'entraîneur, il l'oblige à s'exercer sans cesse malgré les douleurs.

Kelly Sildaru a l'opportunité, à Pékin, de remporter sa première médaille olympique, seule breloque manquante à son palmarès. (BEN STANSALL / AFP)

Un ancien kiné proche de la famille, témoigne : "Quand elle disait qu'elle souffrait ou qu'elle était fatiguée, la réponse était qu'elle ne devrait pas se plaindre". Aujourd'hui le conflit familial est affaire publique au tribunal, Kelly habite avec sa mère dans un appartement de la capitale et continue, malgré tout, de rêver de ski... et d'or olympique.

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