JO de Paris 2024 : kimono blanc ou bleu, pourquoi les judokas changent (parfois) de tenue durant la compétition

Durant les Jeux olympiques, comme lors de chaque compétition internationale, les judokas se distingueront sur les tatamis par leur couleur de kimono.
Article rédigé par Emmanuel Rupied
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Teddy Riner (en blanc) face à l'Israélien Or Sasson (en bleu) en demi-finale des Jeux olympiques de Rio, le 12 août 2016. (JULIEN CROSNIER / AFP)

Avant de se diriger vers le Champ-de-Mars, là où auront lieu les épreuves de judo lors des Jeux olympiques de Paris, entre le 27 juillet et le 3 août, les 372 judokas présents dans la capitale ont tous soigneusement rangé dans leur sac deux kimonos, l'un blanc, l'autre bleu. Deux tuniques qu'ils pourraient utiliser d'un tour à l'autre durant leur journée de combat. Pourquoi cette distinction ? Franceinfo: sport vous explique.

"Avant, il n'y avait que des kimonos blancs. Les premières tenues bleues sont arrivées dans les compétitions au début des années 90, en Europe d'abord, avant que le phénomène ne se mondialise", explique Frédérique Jossinet, ancienne judokate et vice-présidente de la Fédération française de judo. Il faut cependant attendre les championnats du monde de 1999 pour voir cette nouveauté être appliquée au niveau planétaire.

Les Japonais voulaient rester en blanc

Une règle instaurée "pour des raisons de rayonnement de la discipline et pour que ce soit plus facile pour les gens pour regarder à la télé et différencier deux judokas", enchaîne Jossinet. Auparavant, tous les combattants étaient en blanc et l'un des deux portait une ceinture rouge au-dessus de sa ceinture noire afin de mieux les distinguer. 

La révolution esthétique n'a pas été du goût de tous. "Ça a fait rager les Japonais quand on est passé au kimono bleu. Pour eux, c'est de la communication et du marketing, mais ce n'est pas dans les valeurs du judo", raconte avec un sourire malicieux Emilie Andéol, consultante pour France Télévisions et championne olympique 2016 en +78 kg.

Pour savoir qui doit porter quelle couleur, il faut jeter un coup d'œil au tableau de la compétition. "Il y a toujours une personne au-dessus et une personne en dessous. La première appelée est en blanc, la deuxième combattra en bleu", explique Andéol. Si une partie du tableau décide ainsi au hasard des premiers appelés et de la couleur du kimono de chacun, les huit têtes de série sont déjà assurées d'être en blanc lors du premier tour, un privilège accordé aux meilleurs combattants.

"J'ai même connu les kimonos réversibles bleu et blanc. On combattait dans un sens, on le retournait et on combattait dans l'autre. C'était tellement drôle... mais pas viable, notamment au niveau de l'hygiène."

Frédérique Jossinet, triple championne d'Europe de judo

à franceinfo: sport

Cet ordre a aussi connu des évolutions. Entre 1999 et 2011, les premiers appelés étaient ainsi vêtus d'un kimono bleu, ce qui n'était pas du goût (encore) de la Fédération japonaise de judo, qui a souhaité inverser. "Ils voulaient que le numéro un mondial, qui serait le premier appelé dans les compétitions internationales, porte le kimono blanc. Comme beaucoup de Japonais étaient souvent n°1 mondiaux, ils arrivaient au bout d'une compétition avec un kimono bleu et les instances n'appréciaient pas ça. Ils trouvaient que ça n'allait pas avec l'histoire du judo", abonde Jossinet.

Durant les Jeux olympiques de Tokyo, Teddy Riner a combattu avec deux kimonos différents, le 30 juillet 2021. (VICTOR DJUDOV / MILLEREAU PHILIPPE / AFP)

Si Teddy Riner a toujours été appelé en premier lors de ses entrées en lice aux Jeux olympiques depuis 2008, il a ainsi débuté avec un kimono bleu à Pékin avant de revêtir une tenue blanche lors des éditions suivantes. Ce sera encore le cas à Paris en raison de son statut de tête de série, comme Clarisse Agbegnenou. Cependant, comme les deux Français ne sont pas n°1 mondiaux, ils ne sont pas assurés de combattre en blanc tout au long de la compétition.

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