Vidéo JO de Paris 2024 : ces athlètes de Guinée-Bissau se disent abandonnés par leurs fédérations

D’un pays à l’autre, il peut exister de grandes disparités dans l’accompagnement des athlètes olympiques et notamment pour les délégations africaines.
Article rédigé par Thomas Sellin, Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le judoka de Guinée-Bissau Baboukar Mané (à gauche) lors d'un entraînement, en juillet 2024. (THOMAS SELLIN / FRANCEINFO)

"J'ai avancé environ 15 000 euros..." Le judoka Baboukar Mané et le taekwondoïste Paivou Gomis font partie de la délégation bissau-guinéenne de Paris 2024. Et pourtant, à quelques jours de leurs entrées en lice dans les JO, ils peinent à avoir des nouvelles de leur comité olympique. 

Baboukar Mané est l'un des sept athlètes de la délégation de Guinée-Bissau qui participera aux Jeux de Paris 2024. Or, à quelques jours seulement du début de la compétition, ce binational, qui vit à La Ciotat (Var) et qui est cadre dans les assurances, dit se sentir abandonné par son comité olympique. Et, sans l'aide de ses proches, de sa propre épargne, ou encore d'une cagnotte en ligne, il n'aurait pas pu financer sa préparation qui lui a coûté quelque 15 000 euros. "Il y a les compétitions, les stages de préparation... Sans oublier les repas, les déplacements, les équipements également", égrene-t-il.

Le judoka Baboukar Mané et le taekwondoïste Paivou Gomis font partie de la délégation bissau-guinéenne de Paris 2024. À quelques jours du début des JO, ils peinent à avoir des nouvelles de leur comité olympique. D’un pays à l’autre, il y a encore de grandes disparités dans l’accompagnement des athlètes olympiques et notamment pour les délégations africaines.
Ces athlètes olympiques lâchés par leu pays Le judoka Baboukar Mané et le taekwondoïste Paivou Gomis font partie de la délégation bissau-guinéenne de Paris 2024. À quelques jours du début des JO, ils peinent à avoir des nouvelles de leur comité olympique. D’un pays à l’autre, il y a encore de grandes disparités dans l’accompagnement des athlètes olympiques et notamment pour les délégations africaines. (Thomas Sellin / franceinfo)

Baboukar Mané indique qu'il n'a d'ailleurs pas touché la prime de qualification olympique, qui doit pourtant être versée pour chaque athlète qui participe aux JO par sa fédération. "Il n'y a pas assez transparence au niveau du comité olympique. On n'a pas forcément les infos, on est obligé d'aller les chercher, d'avancer par nous-mêmes", regrette-t-il.

"On n'a pas beaucoup de moyens !"

"Il faut relancer sans cesse...", ajoute, à distance, Paivou Gomis, qui partage cette sensation d'être livré à lui. Binational comme Baboukar, Mané, il fait aussi partie de la délégation bissau-guinéenne. Le champion de taekwondo, qui concourt dans la catégorie des plus de 80 kg, déplore un manque d'organisation et de moyens. "On a beaucoup moins de moyens ! Quand je compare les moyens de l'Insep (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, ndlr), il n'y a pas ça en Afrique. Ici, ils ont une cryothérapie, ont droit à des massages, la possibilité d'avoir un bain froid ou chaud de récupération, il y a un sauna, un hammam... Il n'y a pas ça : le seul sauna qu'on a en Guinée, c'est le soleil", sourit-il.

Ces disparités de moyens, mais aussi d'infrastructures, se retrouvent bien sûr sur les podiums. Et l'Afrique est particulièrement concernée. Aux JO de Tokyo 2020, le continent africain a remporté 37 médailles. Seulement quatre de plus que la France à elle seule.

Karim Baldé connaît bien cette problématique. Le journaliste, spécialiste du sport africain, l'assure : "En Afrique, le football est roi. Les moyens alloués au sport vont donc à 90 %, 95 % au football. La Guinée-Bissau est un exemple, mais je pourrais en citer d'autres. 

"J'ai été au Congo récemment également, où il y avait des problèmes d'infrastructures. On a notamment suivi les nageurs qui se préparent pour les Jeux olympiques et, souvent, ils doivent s'entraîner dans un fleuve."

Karim Baldé

à franceinfo

Le journaliste tient toutefois à tempérer : non, cela n'arrive pas qu'en Afrique. "Ça peut arriver en France, souligne-t-il. Je pense à des athlètes comme Méba-Mickaël Zézé qui a dû faire des cagnottes, par exemple. Il y a beaucoup d'olympiens, même en France, qui ont du mal à financer leur préparation. Mais malheureusement, en Afrique, il y a cette mauvaise habitude de préparation en dernière minute et d'athlètes qui sont souvent livrés à eux-mêmes dans les mois ou les semaines précédant la compétition", conclut-il.

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