Lignes de métro, cérémonie d'ouverture, rénovations... Ces promesses qui ne verront pas le jour pour les JO de Paris 2024
Les organisateurs de Paris 2024 et les autorités avaient vu les choses en très grand pour les Jeux olympiques et paralympiques. Des lignes de métro supplémentaires, la gratuité des transports en commun, "au moins 600 000" spectateurs à la cérémonie d'ouverture, une tour Montparnasse rénovée… Mais malgré les efforts, la pandémie de Covid, les difficultés d'approvisionnement en matières premières et les problématiques d'équilibre budgétaire face à l'inflation ont eu raison de certaines ambitions.
Pas de Grand Paris Express
Dans la troisième étape de son dossier de candidature, Paris 2024 promettait un "réseau de transports extrêmement efficace". Les organisateurs comptaient alors sur le Grand Paris Express, avec le prolongement de la ligne 14 et la création des lignes de métro 15, 16 et 17, et sur la ligne CDG Express, reliant Roissy-Charles-de-Gaulle à la gare de l'Est. "En complément de la ligne B du RER, l’accessibilité en transport en commun de l’aéroport [Paris-CDG] sera considérablement améliorée par la mise en service de la ligne 17 du métro et surtout du CDG Express, une liaison ferroviaire reliant directement l’aéroport au centre-ville en 20 minutes", indique par exemple le dossier de candidature.
Mais les travaux ont pris du retard du fait de la pandémie, du contexte international et des pénuries de main-d’œuvre. Les athlètes et les visiteurs ne pourront pas emprunter les lignes 15, 16 et 17 ni le CDG Express en juillet prochain, les premières mises en service n'étant pas attendues avant 2025. Or, l'enjeu était de taille, particulièrement pour les para-athlètes et personnes en situation de handicap puisque Paris 2024 prévoyait que les lignes 15, 16 et 17 seraient accessibles à tous et desserviraient le village paralympique.
Pour ce qui est du prolongement de la ligne 14, en revanche, la fin des travaux est annoncée pour le mois de juin, pile à temps pour les Jeux. Elle doit permettre de relier l'aéroport d'Orly, au sud, à Saint-Denis-Pleyel, qui dessert le village olympique et le Stade de France, au nord, en passant par le centre de Paris. Cette ligne 14 est la "colonne vertébrale" du réseau de transports en commun pour les Jeux, explique Ile-de-France Mobilités (IDFM) : son prolongement était "fondamental" pour assurer la circulation lors de l'événement et prioritaire par rapport aux lignes 15, 16 et 17. "C'est la ligne qu'on a poussée pour les Jeux", indique IDFM, les autres "auraient été du bonus", donc ça "ne change pas le projet global". Pour absorber les plus de 11 millions de visiteurs prévus lors des JO, IDFM prévoit d'augmenter de "15% l'offre ferrée par rapport à la moyenne estivale".
Mais quid du déplacement des personnes en situation de handicap ? Pour ces visiteurs, IDFM rappelle que "la ligne 14 et les RER A et B sont 100% accessibles à tous" et assure que "240 gares" le seront en Ile-de-France d'ici les Jeux. Surtout, IDFM va mettre en place une navette pour transporter les personnes en fauteuil roulant - et un accompagnant ou plus s'il y a des mineurs - munies d'un billet pour assister à une compétition. Elle reliera les sept gares parisiennes et la gare du RER E Rosa-Parks à tous les sites olympiques et paralympiques durant la période des Jeux. La réservation se fera en ligne, moyennant 4 euros par personne et par trajet (soit 8 euros aller-retour).
Pas de gratuité des transports
Dans son dossier de candidature, Paris 2024 promettait aussi "un accès gratuit à l’ensemble du réseau de transports en commun pour les populations accréditées et les détenteurs de billets". Cette mesure avait deux objectifs : "favoriser l’utilisation des transports en commun et réduire ainsi les émissions de carbone" et "offrir une alternative satisfaisante à l’usage de la voiture, réduisant ainsi la circulation routière et le besoin en parkings à proximité des sites".
Mais patatras, quatre ans plus tard, en décembre 2022, la mesure doit être rayée du projet pour des questions "d'équilibre budgétaire", avait expliqué Michaël Aloïsio, directeur général délégué de Paris 2024. En novembre dernier, Ile-de-France Mobilités a annoncé la couleur : le service sera non seulement payant, mais va aussi augmenter sur la période des Jeux. Du 20 juillet au 8 septembre, le prix du ticket à l'unité va ainsi quasiment doubler et passer à 4 euros (contre 2,10 euros actuellement). Un pass Paris 2024 va également être mis en place, il sera à 16 euros la journée, 30 euros les deux jours et 70 euros la semaine - presque autant qu'un pass Navigo mensuel. Valérie Pécresse, la présidente d'Ile-de-France Mobilités, a mis en avant la nécessité de financer l'augmentation de la fréquence des transports pour les Jeux sans la faire peser sur le portefeuille des Franciliens.
Une cérémonie d'ouverture revue à la baisse
Paris 2024 prévoyait aussi que les cérémonies d'ouverture et de clôture seraient "organisées au sein du célèbre Stade de France, le Stade olympique de 78 000 places, situé à moins de cinq minutes du Village olympique et paralympique". "Cette proximité entre les deux sites garantira une attente minimale pour les athlètes avant la Cérémonie d’ouverture. Ils pourront également partir facilement dès qu’ils le souhaiteront, notamment pour ceux qui concourront le lendemain", précisaient les organisateurs.
Mais le projet a évolué. Dès janvier 2021, Tony Estanguet fait savoir dans Le Monde qu'il envisageait d'utiliser la Seine comme fil conducteur de la cérémonie d'ouverture. En juillet 2021, Emmanuel Macron annonce dans un entretien à L'Equipe que la cérémonie se tiendrait sur la Seine, lors d'un événement que le chef de l'Etat souhaite "vraiment unique et révolutionnaire". Les organisateurs précisent le projet, en décembre 2021 : "Pour la première fois, [la cérémonie] n’aura pas lieu dans un stade, mais au cœur de Paris, lors d’une déambulation de six kilomètres sur la Seine." La promesse est là : "Au moins 600 000 personnes pourront y assister, soit dix fois plus que dans un stade." Mais ce défi un peu fou a très vite soulevé des questions sur la sécurisation des lieux. D'ailleurs, "les forces de l'ordre ont émis le souhait d'une jauge maximale de 250 000 personnes lors des réunions sur la sécurité de la cérémonie", rapportait alors l'AFP.
Au fil des mois, plusieurs scénarios ont été envisagés, avant finalement de devoir se résoudre à diviser quasiment par deux le nombre de spectateurs. La cérémonie d'ouverture des Jeux accueillera 326 000 personnes sur les quais de la Seine, a finalement annoncé Gérald Darmanin, mardi 5 mars. Parmi elles, 104 000 personnes auront acheté un billet et occuperont les quais bas de la Seine et 222 000 auront accès à des billets gratuits et occuperont les quais hauts.
Des grands travaux retardés ou annulés
Les Jeux de Paris avaient aussi été fixés comme échéance pour la rénovation de plusieurs monuments parisiens. Les travaux de réhabilitation de la tour Montparnasse devaient ainsi commencer en 2019 et s'achever "à temps pour les Jeux olympiques de 2024", promettait en 2017 le syndicat de copropriété. Le projet à plus de 300 millions d'euros prévoyait de végétaliser la tour, avec un "jardin suspendu", des balcons, et même une "serre agricole" au sommet de l'édifice de plus de 200 mètres de haut. Un hôtel et différents services, cafés et restaurants devaient aussi trouver leur place dans la tour. "Ce sera une renaissance, et l'occasion de tourner la page de l'amiante", affirmaient les architectes. "D’ici à 2024, la tour Montparnasse promet de devenir plus claire, plus verte, plus ouverte aux Parisiens et plus éco – responsable", dit d'ailleurs toujours le site de la mairie du XVe arrondissement, en présentant des images du projet. Mais sur place, force est de constater qu'à quatre mois des Jeux, la Tour est toujours aussi sombre.
Un vaste agrandissement de la gare du Nord avait aussi été annoncé en vue des Jeux. Mais après des différends politiques et judiciaires, le projet a été revu à la baisse et le chantier retardé. La première phase des travaux, qui prévoit notamment la rénovation du parvis de la gare et de la signalétique, doit être achevée d'ici avril.
Enfin, après l'incendie du 15 avril 2019, Emmanuel Macron avait souhaité que la cathédrale Notre-Dame de Paris soit rebâtie "plus belle encore" d'"ici cinq années". Un calendrier jugé très (trop) serré par de nombreux experts à l'époque. Cinq ans plus tard, le défi n'est pas totalement relevé, mais largement avancé. La cathédrale a ainsi déjà retrouvé sa charpente et sa flèche. La réouverture au public est prévue le 8 décembre 2024.
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