JO 2021 - Judo : les trois défis de Clarisse Agbegnenou pour goûter à l’or olympique
La porte-drapeau française fait son entrée sur les tatamis de Tokyo mardi, avec un unique objectif : l'or olympique.
Être porte-drapeau, c'est déjà entrer dans l'histoire olympique de son pays. Surtout lorsque l'on est judoka, et que les Jeux en question se déroulent à Tokyo. Mais pour Clarisse Agbegnenou, c'est loin d'être suffisant. A 28 ans, la judokate française la plus titrée de l'histoire entame son tournoi olympique, mardi 27 juillet dès 4 heures du matin, avec une faim de louve. Un appétit qui ne sera rassasié qu'avec une médaille d'or.
1L'or à tout prix
Quintuple championne du monde chez les -63 kg (2014, 2017, 2018, 2019 et 2021), Clarisse Agbegnenou est logiquement la grande favorite de la journée sur les tatamis de Tokyo. A 28 ans, elle est à son apogée et ne laisse que des miettes à ses adversaires, invitées à ses festins en guise de faire-valoir, à l'image de l'Autrichienne Magdalena Krssakova, balayée en 23 secondes en finale du championnat d'Europe de Prague 2020. Et mauvaise nouvelle pour la concurrence : à Tokyo, Agbegnenou aura les dents encore plus longues qu'à l'accoutumée.
La Française garde en travers de la gorge sa médaille d'argent de 2016 à Rio, qu'elle n'a toujours pas digérée. "Ce n'est pas la bonne médaille", déclarait-elle à l'époque, du haut de ses 23 ans. Depuis ce jour de gloire pas vraiment savouré, Clarisse Agbegnenou n'a que l'or olympique à la bouche, au point qu'elle a très mal vécu le report des JO à cause de la pandémie de Covid-19. Entre-temps, elle en a tout de même profité pour empiler les titres dans une armoire à trophées qui fait d'elle la judokate française la plus titrée de l'histoire, devant Lucie Décosse, Gévrise Emane et Brigitte Deydier. Mais il lui manque encore le plus beau des métaux aux Jeux.
2Tenir son rang dans un tableau favorable
En qualité de numéro une mondiale, Clarisse Agbegnenou profite déjà d'un privilège unique : celui d'être dispensée de premier tour. La Française n'a "que" quatre combats à gagner pour aller chercher l'or et trois victoires suffiront pour se parer d'argent. Moins longue, la route est aussi – sur le papier – moins semée d'embûches pour la porte-drapeau tricolore. Pour son entrée en lice en 8es de finale, elle affrontera au mieux la 64e mondiale, au pire la 56e. Si la logique est respectée – ce qui est loin d'être toujours le cas aux Jeux –, les choses sérieuses commenceront en quarts de finale face à la Néerlandaise Juul Franssen, 11e mondiale, puis une membre du top 10 en demi-finale, que ce soit la Canadienne Catherine Beauchemin-Pinard (7e mondiale) ou la Brésilienne Ketleyn Quadros (8e mondiale).
Rien d'étonnant pour un tournoi olympique dont le hasard a toutefois bien fait les choses puisque les principales rivales de la Française, à savoir la Slovène Tina Trstenjak (2e mondiale) et la japonaise Miku Tashiro (3e mondiale), ont été placées dans l'autre partie de tableau. Elles ne croiseraient la quintuple championne du monde qu'en finale. La route semble donc dégagée pour la Française, ce qui n'empêche évidemment pas un accident de parcours.
3Suivre les pas de Riner
Dans la longue histoire olympique française, porter le drapeau tricolore lors de la cérémonie d'ouverture n'a pas toujours été sans conséquence pour les heureux élus. Ce privilège implique déjà des sollicitations médiatiques supplémentaires, qui s'ajoutent à la fatigue physique concrète que représente un long défilé drapeau en main. De ce point de vue, Clarisse Agbegnenou a toutefois eu la chance de bénéficier de plusieurs jours de repos entre la cérémonie et son entrée sur les tatamis, contrairement à l'autre porte-drapeau, le gymnaste Samir Aït-Saïd, qui a débuté son concours de gymnastique le lendemain. D'où, peut-être, son petit salto pour s'échauffer.
Surtout, être porte-drapeau entraîne parfois une sorte de malédiction, de Jackson Richardson en 2004 à Laura Flessel en 2012, en passant par Tony Estanguet en 2008, tous immenses favoris dans leur discipline, mais bredouilles au final. D'un point de vue plus symbolique, il y a surtout une pression accrue pour le porte-drapeau qui, par définition, est plus qu'un athlète. Pression à laquelle Agbegnenou va devoir résister. Mais que la judokate se rassure, elle n'a qu'à suivre les traces sur lesquelles elle marche déjà : celles de son homologue de 2016, Teddy Riner, qui avait décroché l'or olympique après avoir porté haut le drapeau tricolore.
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