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JO-2024 : "Les régions n'ont pas plus de moyens pour accueillir sur le long terme" les sans-abri, alerte le collectif "le revers de la médaille"

Plus de 60 organisations lancent une campagne de sensibilisation lundi car elles craignent un "nettoyage social" des rues de Paris d'ici les JO. Il "a déjà commencé", selon le collectif "le revers de la médaille".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Paul Alauzy, porte-parole du collectif "le revers de la médaille", invité franceinfo le 30 octobre 2023. (FRANCEINFO)

"Le nettoyage social des rues de Paris et de la région Ile-de-France a déjà commencé", a expliqué lundi 30 octobre sur franceinfo Paul Alauzy, porte-parole du collectif "le revers de la médaille" et coordinateur de la veille sanitaire migrant.es et permanence psy à Médecins du monde. Dans une lettre ouverte, plus de 60 organisations s'inquiètent "d'un nettoyage social" des rues de Paris avant les Jeux olympiques de 2024. Mais, "les régions n'ont pas plus de moyens pour accueillir sur le long terme" les sans-abri, alerte le collectif "le revers de la médaille".

franceinfo : Pourquoi parlez-vous de nettoyage social et que craignez-vous ?

Paul Alauzy : Il y a des éléments très connus sur les JO en général. Un rapport montre que, pendant les Jeux entre 1980 et 2007, deux millions de personnes ont été déplacées et à chaque fois, on parle de populations indésirables. Sur ces Jeux olympiques, on a la chance d'être des associations de terrains qui sont présentes auprès de tous les publics à la rue : celles dans les bidonvilles, les usagers de drogue, les travailleurs du sexe, les sans-abri. Le nettoyage social des rues de Paris et de la région Île-de-France a déjà commencé. Je peux citer l'expulsion d'un lieu de vie de 500 personnes sur l'Île Saint-Denis, sur un lieu de construction d'un village olympique. Cinq autres squats ont déjà été expulsés. Les expulsions de campements de migrants se font toutes les deux à trois semaines et on envoie les gens systématiquement en région. Il n'y a plus de propositions de place en Île-de-France.

L'État parle de mises à l'abri de migrants. Comment cela se passe ?

Les gens ne sont jamais prévenus avant. Les gens vivent dans un squat ou dans un campement de misère depuis plusieurs années, ils entendent des rumeurs, ils voient des gens démonter leurs meubles et le matin vous avez des centaines de policiers qui viennent. Ensuite, les gens, soit, ils sont mis dans des bus, soit ils retournent à la rue. Les gens veulent, la plupart du temps, monter dans ce bus parce qu'ils en ont marre de vivre à la rue, mais nous, on demande qu'ils aient un logement digne et pérenne. Le problème, c'est qu'on les envoie en région à moyens constants et que les régions n'ont pas plus de moyens pour les accueillir sur le long terme.

Pourquoi dites-vous que c'est lié aux JO ?

Pour nous, c'est la suite de politiques envers les personnes migrantes, à la rue, mais on constate que les JO sont un accélérateur et que cela vient renforcer ces politiques.

Que va-t-il se passer dans les semaines à venir ?

On attend les zones d'exclusion que les autorités vont dévoiler. On a un centre de soins dans le 93 et on est à peu près sûr qu'il ne pourra pas être ouvert ou pas accessible aux populations précaires pendant les JO. C'est un centre d'accueil de soin et d'orientation, il est ouvert à toutes les personnes qui n'ont pas accès à l'Assurance maladie et ces centres sont fréquentés par 80 % de personnes qui sont étrangères. Autre exemple, Refugee Food a distribué en six semaines, l'été dernier, à l'Hôtel de Ville de Paris, 40 000 repas. On sait très bien que pendant les JO, il n'y aura pas 40 000 personnes à la rue qui viendront se nourrir à l'Hôtel de ville. On sait que 3 000 places d'hôtels sociaux ont été fermées pour que les hôteliers puissent récupérer leurs hôtels, pour loger des touristes pendant les JO, du moins c'est comme cela qu'on l'interprète. Donc, c'est 3 000 places de moins au 115 en Île-de-France.

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