Paris 2024 : les Jeux "lubrifient les rouages d'une grosse machine à broyer la vie de personnes déjà extrêmement précarisées", dénonce le collectif le Revers de la médaille

Selon un rapport du Revers de la médaille, publié ce lundi, 12 545 personnes en situation de précarité ont été expulsées dans la région entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024.
Article rédigé par franceinfo
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Paul Alauzy, porte-parole du collectif "Le revers de la médaille", le 30 octobre 2023 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 "lubrifient les rouages d'une grosse machine à broyer la vie de personnes déjà extrêmement précarisées", dénonce, lundi 3 juin, sur franceinfo, Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du Monde et porte-parole du collectif Le Revers de la médaille. Selon ce collectif, qui rassemble quelque 80 associations d'aide aux personnes les plus fragiles, le "nettoyage social" provoqué par les JO est "un peu d'huile".

L'Île-de-France a été "vidée d'une partie de ses habitants les plus précaires" en un an, déplore le collectif. Selon un rapport du Revers de la médaille, publié ce lundi, 12 545 personnes en situation de précarité ont été expulsées dans la région entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024. De son côté, la préfecture de région explique sur franceinfo que 5 224 personnes, principalement des migrants, ont été déplacées de la région Île-de-France pour aller vers d'autres régions, depuis que le dispositif des sas d'accueil temporaire régionaux a été mis en place en avril 2023.

Peu de propositions de relogement pérennes 

Une "démarche maltraitante" et "violente", insiste sur franceinfo Paul Alauzy,qui dénonce "la méthode". D'autant plus que "la période est très inquiétante pour notre solidarité, avec la loi immigration, la loi anti-squats, cette circulaire des sas. C'est une grosse machine qui vient créer du sans-abrisme". Le porte-parole du Revers de la médaille estime qu'après les "Jeux, avec cette conjugaison de phénomène, la société sera encore moins inclusive pour des personnes déjà fragiles".

"Très peu" des personnes expulsées reçoivent des propositions de logement pérenne selon Paul Alauzy. "Souvent, c'est du relogement pour quelques semaines ou quelques mois. C'est rare que les gens aient accès à un vrai logement social", déplore-t-il. Pour résumer, "on envoie les gens quelques semaines, loin des Jeux et loin des yeux".

Le porte-parole du Revers de la médaille assure avoir "proposé des solutions positives" pour des "Jeux exemplaires", sans déplacer ces personnes précaires vers "des villes ou des campagnes où ils seront moins bien pris en charge". Il souligne que la "mairie de Paris est prête à ouvrir 1 000 places, a repéré les lieux et a le budget". Ces places "doivent ouvrir demain, c'est l'urgence !" indique-t-il, en rappelant que la ville n'a pas le pouvoir de réquisition.

Des actions organisées pendant les JO

Paul Alauzy précise que le collectif le Revers de la médaille a été reçu "plusieurs fois" par le Comité d'organisation des Jeux olympique (COJO). "Ils nous ont ouvert la porte de certains ministères et on les en remercie. Mais ils disent que pour les droits humains, il faut voir avec les préfectures et l'Etat", explique-t-il. Or le collectif "a un peu coupé le lien" avec les préfectures car le dialogue n'avance pas. 

Par conséquent, les membres du Revers de la médaille comptent se mobiliser pendant les Jeux olympiques et paralympiques si la situation "reste figée d'ici là". "On aurait préféré prendre des vacances que faire des actions qui nous emmènent en garde à vue", déclare Paul Alauzy. Il précise que ces actions seront "festives, visibles et pacifiques". Pour lui, les JO doivent évoluer pour devenir un événement "écologique, qui prend en compte les questions sociales et humanitaires", conclut-il.

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