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Athlétisme : Meba-Mickael Zeze, l'homme le plus rapide de France, appelle à l'aide pour Paris 2024

On peut courir le 100 m en moins de dix secondes et manquer de financements pour les Jeux olympiques de Paris en 2024 : le sprinteur Meba-Mickael Zeze dont la carrière est "en péril", a lancé une cagnotte en ligne.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le sprinteur français Mickael Zeze montre une pancarte avec le nom de son fils, "Liam", après sa victoire sur l'épreuve de 200 mètres aux championnats de France de Caen, le 26 juin 2022. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"Je suis fatigué de toquer aux portes depuis trois ans et que rien n'arrive. Je me tue à la tâche avec des objectifs élevés et ce que je touche est ridicule. A un an des Jeux olympiques je ne peux pas avancer", a constaté, amer, Meba-Mickael Zeze, auprès de l'AFP.

En 2022, le sprinteur de 28 ans a réussi la meilleure saison de sa vie avec notamment une journée dingue en juillet à la Chaux-de-Fonds (Suisse), piste miracle du sprint, en cassant les barrières des dix secondes sur 100 m (9''99) et des vingt secondes sur 200 m (19''97). Un exploit rarissime pour un Tricolore, pas vu depuis les belles années de Christophe Lemaitre.

Également pilier du relais 4x100 m, Zeze a atteint avec ses coéquipiers la finale mondiale en juillet à Eugene (Oregon) puis décroché l'argent européen en août à Munich (Allemagne).

Pour gagner sa vie, il travaille en temps partiel comme community manager pour la société de marketing sportif Adjan, et compte en sponsor la société de télécoms Resadia. Sans domicile principal, il navigue entre ses entraînements à Antony, en banlieue parisienne, où son club de Mandelieu-la-Napoule, près de Cannes, finance ses nuits, et l'appartement de sa nouvelle compagne dans le sud où il peut accueillir en garde alternée son fils de cinq ans.

Une cagnotte en ligne pour sauver une carrière "en péril"

"Ce n'est pas l'idéal", souffle Mickael (à prononcer à l'Américaine, hommage de sa mère à Michael Jackson), qui déplore ne toucher aucune aide directe de la Fédération française d'athlétisme (FFA).

L'institution rétorque qu'il touche au moins quelques milliers d'euros annuels, en plus de primes pour récompenser son investissement dans le relais. Insuffisant pour un athlète qui a besoin de "25 000 euros par an" jusqu'aux Jeux de Paris et vient de lancer une cagnotte en ligne pour sauver une carrière "en péril".

La situation tendue de Zeze illustre la stratégie "commando" de la France et de l'Agence nationale du sport (ANS), argentier du haut niveau, pour briller aux JO : miser beaucoup sur un petit nombre de potentiels médaillés (moins de dix en athlétisme).

Avec des Championnats d'Europe ratés en individuel (éliminé en demi-finale du 100 et du 200m), Zeze semble très loin du podium en solo aux JO de Paris, et donc des listes qui permettent des aides conséquentes, en cours de décision en cette fin d'année.

"On est prêts à aider Zeze, pour un CIP (Contrat d'insertion professionnelle) par exemple", assure à l'AFP Patrick Ranvier. Le DTN de l'athlétisme, qui a repris depuis un an un bateau qui tangue, veut rappeler les chiffres : la FFA a en 2022 consacré 2,5 millions d'euros d'aides aux sportifs (directes ou via des contrats de travail) et financé pour 900 000 euros de stages.

Fin du "laxisme"

Pour briller à moyen terme, Ranvier assure avoir engagé une "révolution culturelle" pour regrouper des athlètes aujourd'hui éparpillés, créer de "l'émulation" et mettre fin à un certain "laxisme". En creux, Zeze serait mieux aidé s'il rejoignait une structure fédérale, au lieu de faire confiance à son jeune entraîneur Elliot Draper. L'athlète assure pourtant s'être vu refuser l'Insep (Institut national du Sport, de l'Expertise et de la Performance) à Paris en 2021.

Mais comme rien n'est jamais simple dans le petit milieu du tartan tricolore, Zeze voulait être coaché par Guy Ontanon, ex-entraîneur fédéral star tombé en disgrâce, désormais hors-cadre. Et il ne voulait pas rejoindre Dimitri Demonière, technicien officiel de l'Insep, en froid avec les relayeurs du 4x100 m, qu'il dirigeait jusqu'à une mutinerie post-Jeux de Tokyo en 2021. En attendant, à dix-huit mois des Jeux, on peut toujours courir en France, en moins de dix secondes, après les aides.

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