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Deux skieuses françaises de haut niveau racontent leurs JO à 16 ans : "Je n’étais pas préparée à vivre ce qui m’attendait"

Julia Pereira de Sousa Mabileau et Tess Ledeux avaient 16 ans quand elles ont participé aux Jeux olympiques en Corée-du-Sud en 2018. Une expérience difficile pour elles.

Article rédigé par Jérôme Val, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Julia Pereira de Sousa Mabileau, médaillée d'argent en snowboardcross aux Jeux olympiques 2018.  (SERGEI ILNITSKY / MAXPPP)

La vie des athlètes de haut niveau n'est pas toujours facile, surtout pour les plus jeunes d'entre eux, plongés très tôt dans cet univers de compétition et de pression médiatique notamment. A moins de 100 jours des Jeux olympiques d'hiver qui se dérouleront à Pékin en février prochain, deux skieuses françaises qui avaient 16 ans en 2018 lors des JO en Corée-du-Sud racontent comment elles ont vécu cette expérience.

Le 16 février 2018, Julia Pereira de Sousa Mabileau crée la sensation sur la piste de snowboard de Pyeongchang. Elle devient à 16 ans et 149 jours la plus jeune médaillée française aux JO d'hiver. Mais ce qui était un rêve éveillé à l'époque s'est vite transformé en poids trop lourd à porter pour une adolescente. "Je n’étais pas préparée à vivre ce qui m’attendait", confie la jeune femme. "Pour moi, le snowboard, c’était du plaisir, je faisais de la compétition pour m’amuser et je n’avais pas du tout conscience que c’était mon métier et que je pouvais vraiment gagner ma vie avec ça. Me rendre compte de ça à 16 ans, ce n’était pas simple", raconte-t-elle.

"J’ai vraiment grandi en accéléré."

Julia Pereira de Sousa-Mabileau

à franceinfo

Grandir trop vite à un âge aussi précoce. Julia Pereira de Sousa Mabileau s'est posé beaucoup de questions au lendemain des Jeux olympiques. "J’ai eu un moment où j’étais dégoûtée. Je me disais 'mais mince, tu ne fais pas les bêtises comme les autres jeunes de ton âge, sortir, faire la fête, profiter avec les copains.' Ce sont peut-être des clichés un peu bêtes mais ce sont des choses de la vie dont j’ai été privée avec le sport."

Tess Ledeux n'a pas connu la même réussite en Corée-du-Sud. A 16 ans elle aussi, à l'époque plus jeune athlète de la délégation française, la native de Boug-Saint-Maurice débarquait en favorite dans sa discipline spectaculaire : le ski slopestyle. Elle a été sortie dès les qualifications. Cet échec lui a fait haïr son sport. "Quand je suis tombée, j’ai cru que mon monde s’écroulait", raconte-t-elle. "J’ai cru que j’étais passée à côté de ma carrière, que je n’allais plus jamais réussir à faire de résultats", se souvient la jeune femme. "Je n’ai pas touché à une paire de skis pendant huit mois après les JO. Je me suis très peu entraînée. Je m’imaginais que tout était fini."

"J’ai perdu toute confiance en moi, ça a été super dur."

Tess Ledeux

à franceinfo

Deux trajectoires mais le même questionnement : comment mieux accompagner des adolescents vers le haut-niveau, vers ces sommets sur lesquels sont braqués les regards du monde entier ?

Les deux jeunes femmes ont travaillé avec des préparateurs mentaux ou des psychologues pour gérer cette mini-crise personnelle. "Je me suis mise à travailler avec quelqu’un mentalement, pile à ce moment-là, explique Julia Pereira de Sousa Mabileau. Ce n’est pas évident à 16 ans de se rendre compte qu’on a besoin d’un préparateur mental. Pour moi, tout allait bien, il y avait l’euphorie d’être en équipe de France. Je n’en ressentais pas le besoin. Mais après les Jeux, j’ai fait un gros travail sur ce plan-là pour attaquer les prochains sereinement et gérer ces émotions."

Ce travail a porté ses fruits, comme pour Tess Ledeux. "Je pense que j’ai pris dix ans en seulement quatre ans. J’avais 16 ans à l’époque, j’étais un peu naïve, j’avais l’impression d’être passée à côté de la chance de ma carrière alors que je n’avais que 16 ans ! J’ai réalisé que finalement, j’aurais deux, trois, quatre JO devant moi et plusieurs chances de médailles", dit-elle aujourd'hui.

Pyeongchang paraît loin. Les deux jeunes femmes sont regonflées à bloc à l'aube de cette nouvelle saison, du haut de leurs 20 ans et déjà une énorme expérience.

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