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"Elle a été complètement oubliée" : Alice Milliat, pionnière du sport féminin, enfin honorée par le comité olympique français

À l'occasion de la journée internationale de défense des droits des femmes, une statue de celle qui a fondé la fédération sportive féminine internationale est dévoilée à Paris. Alice Milliat donnera aussi son nom à un des sites des JO 2024.

Article rédigé par Guillaume Battin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Alice Milliat, présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France, en 1914-1915. Elle a alors 30 ans. (BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE / MAXPPP)

Une grande dame encore méconnue va être honorée à la Maison du Sport, lundi 8 mars, journée internationale de défense des droits des femmes, au siège du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), à Paris. Elle s'appelle Alice Milliat. Il y a 100 ans, elle fondait la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) avant de lancer le premier championnat de football féminin et les Jeux olympiques féminins. Une œuvre d'art lui rendant hommage est dévoilée lundi avant que les instances des JO 2024 n'honorent à leur tour cette rameuse de haut niveau, nageuse et même hockeyeuse française.

"Elle n'est pas dans le dictionnaire"

Alice Milliat est au sport féminin ce que Pierre de Coubertin est aux Jeux olympiques. Mais alors que le baron est entré dans l'histoire, Alice Milliat a disparu. C'est à la fin des années 80 que la handballeuse Béatrice Barbusse ressort son nom, à l'occasion de son mémoire de DEA en sociologie. "Un mémoire de recherche sur le sport de haut niveau au féminin. Et là, je découvre Alice Milliat, je découvre cette femme, raconte Béatrice Barbusse. Je regarde dans le dictionnaire, elle n'y est pas. Je pose des questions autour de moi à des gens qui sont dans le sport, personne ne la connaît. La femme grâce à laquelle nous pouvons, nous les femmes, participer aux Jeux olympiques ! Je découvre ça, je découvre également qu'elle a été complètement oubliée, complètement ignorée, qu'elle est enterrée à Nantes et qu'elle n'a même pas de pierre tombale. J'ai à peine 22, 23 ans à l'époque et le temps passe..."

Trente-quatre ans plus tard, Béatrice Barbusse se retrouve à la première édition des 24 heures du sport féminin et appelle les instances olympiques françaises à reconnaître Alice Milliat. Le temps passe encore. Et en 2019, Emmanuelle Bonnet-Ouladj qui siège au CNOSF, reprend le flambeau."Et moi, j'ai saisi l'occasion de l'attribution des Jeux olympiques et paralympiques 20024 à Paris pour proposer au conseil d'administration du CNOSF qui a suivi qu'une statue, ou en tous cas une œuvre d'art, puisse lui être dédiée. Et je savais que Denis Masseglia [le président du CNOSF] ne pouvait pas refuser puisqu'en 2024, nous avons une promesse de Jeux inclusifs avec, pour la première fois, une parité entre les athlètes hommes et femmes. Denis Masseglia a accepté et m'a confié la responsabilité d'un groupe de travail."

L'Arena portera le nom d'Alice Milliat

Denis Masseglia doit dévoiler la statue d'Alice Milliat lundi après-midi. Elle mesure 2,85 m et elle est installée à côté de celle du baron de Coubertin, qui n'aurait pas forcément apprécié. "Le véritable héros olympique est à mes yeux l'adulte mâle individuel, déclarait-il en 1912 aux Jeux olympiques de Stockholm. Je n'approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics. Aux Jeux olympiques, leur rôle devrait être surtout, comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs."

La future Arena construite porte de la Chapelle pour les Jeux de Paris 2024 portera le nom d'Alice Milliat, près de 70 ans après sa mort. Et le Comité international olympique (CIO) pense à son tour à l'honorer.

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