ENTRETIEN. "Une expérience très spéciale" : rencontre avec Francis Husson, l'un des aumôniers qui vont officier pendant les Jeux de Paris 2024

Article rédigé par Claire Guédon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Francis Hussonn va être aumônier pendant les Jeux olympiques de Paris 2024. (DR / FRANCEINFO)
Comme à chaque Jeux olympiques et paralympiques, des religieux seront présents à Paris 2024 pour accompagner les athlètes qui le souhaitent. Rencontre avec un aumônier, qui a déjà officié pour plusieurs compétitions sportives.

Qu'ils soient catholiques, musulmans, juifs ou encore bouddhistes, les sportifs religieux qui le voudront auront la possibilité de consulter leur référent spirituel pendant toute la durée des Jeux de Paris, cet été. Un accompagnement prévu dans le règlement du Comité international olympique (CIO) depuis des années. 

Francis Husson, aumônier protestant, sera présent dans le centre multiconfessionnel installé par le Comité d'organisation, à côté du village olympique, à Saint-Denis. Il a déjà participé aux Jeux de Séoul, en 1988, et ceux d'hiver, à Albertville en 1992, ainsi qu'à des championnats nationaux ou mondiaux. Entre souvenirs forts et devoir d'accompagnement, il nous raconte son expérience.

franceinfo : En quoi votre présence est importante pendant ce genre de compétitions ? 

Francis Husson : Il faut savoir que les Jeux olympiques, c'est quelque chose de stressant pour eux, c'est l'aboutissement de toute une carrière. Donc c'est important pour eux de pouvoir parler avec quelqu'un qui est extérieur à leur cercle sportif. Il y a alors une liberté de parole qui est importante.

Notre travail, c'est d'être là et de répondre aux gens qui vont venir nous voir. C'est l'essentiel de notre activité. On ne se déplace pas énormément dans le village, sauf pour aller manger, faire quelques achats. Mais globalement, l'essentiel de notre présence se fera dans le centre multiconfessionnel. Alors là, tout peut arriver.

Quels sont vos souvenirs les plus marquants de ces expériences ? 

Il y en a plusieurs. Pendant les Jeux d'Albertville, l'entraîneuse de l'équipe de patinage artistique féminine de l'Union soviétique est venue à l'aumônerie et elle a demandé le baptême. Il y avait l'aumônier orthodoxe qui était là, et il l'a baptisée. La cérémonie a eu lieu dans l'église catholique qui était à côté de notre salle de permanence. Donc voilà, dans l'église catholique de Brides-les-Bains [où logeaient les aumôniers pendant les Jeux d'Albertville], il y a eu un baptême orthodoxe. C'était une expérience très intéressante, très spéciale, un mélange de deux courants chrétiens au même endroit. 

Malheureusement, on a aussi eu un événement beaucoup moins agréable : un jeune skieur de descente qui a eu un accident pendant un entraînement, et qui s'est tué. Il y a eu une cérémonie religieuse en son hommage. 

"Mais on n'est pas là uniquement pour les athlètes. On est là aussi pour les entraîneurs, les kinés, le staff qui est autour."

Francis Husson, aumônier

à franceinfo

Et puis, un jour, lors des Jeux de Séoul, avec d'autres pasteurs, nous allons chez un couple de missionnaires. En arrivant devant la porte, on voit trois grands types qui sortent de la maison. On leur dit bonjour, il y en a un à qui je serre la main, je relève la tête, et je me dis : 'mais je le connais'. Et c'était Carl Lewis [athlète américain qui a remporté neuf médailles d'or olympiques entre les années 1980 et 1990]. En fait, il logeait là. C'était impressionnant.

De quoi vous parlent les sportifs quand ils viennent vers vous ? 

De tout ce qui les préoccupe, pas que de l'aspect sportif de la compétition. Il y a eu une ex-athlète qui est venue me voir dans une des permanences des Jeux olympiques, en me confiant que lorsqu'elle était adolescente, elle avait été abusée sexuellement par son entraîneur. À partir de là, il y avait du travail à faire avec elle. Il nous arrive parfois des choses qu'on ne prévoit pas.

Qu'est-ce que ça fait d'exercer dans un tel contexte, avec des célébrités, en pleine émulation sportive ?

Nous, notre priorité, c'est de s'occuper des gens. Mais c'est vrai qu'on est tous fans de sport. On est une vingtaine d'aumôniers protestants cet été à être sur les Jeux. Pendant les moments de creux, on va regarder les compétitions, et beaucoup d'athlétisme. Quand j'étais adolescent, j'en faisais. Malheureusement, je ne pense pas qu'on aura accès aux pistes !

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