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JO 2024 : le centre aquatique "en kit" déçoit les professeurs de sport de Seine-Saint-Denis

Pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris, le comité d'organisation revoit son ambition de centre aquatique à la baisse en Seine-Saint-Denis. Il sera pérenne mais moins cher que le projet initial, et les bassins seront démontables. 

Article rédigé par Cécilia Arbona
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le bassin de Forbach (illustration). (MAXPPP)

Pour les épreuves de natation et de water-polo, le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 a revu ses ambitions à la baisse. La version du projet "piscine" à coûts réduits est présentée mardi 19 juin aux membres du comité international olympique, en visite dans la capitale française. Avec toujours une piscine en dur près du Stade de France, mais un bassin olympique démontable.

Si la démarche d'économie est saluée, les professeurs d'éducation physique et sportive dans les collèges de Seine-Saint-Denis s'inquiètent. Car cette ambition à la baisse menace, selon eux, la possibilité d'utiliser ce bassin par la suite pour les enfants du département. Pourtant, le comité d’organisation de Paris 2024 a promis jusqu'à aujourd'hui que grâce aux Jeux olympiques, tous les enfants entreraient en sixième en sachant nager. 

Quand l'athlétisme remplace la natation

Le bassin de compétition, les tribunes de 15 000 places et les piscines d’échauffement seront démontées et potentiellement utilisés ailleurs, mais qui va en bénéficier ? La répartition s’annonce douloureuse tant les attentes sont multiples, explique Bilel Alouache, professeur d’éducation physique et sportive à Saint-Ouen : "Les conditions pratiques du sport dans le 93 sont pour le moment indignes d’un territoire qui va accueillir les Jeux olympiques en 2024."

Depuis un an et demi, on ne peut plus faire de natation avec les élèves.

Bilel Alouache, professeur d’éducation physique et sportive à Saint-Ouen

franceinfo

"La piscine la plus proche est celle de la mairie de Saint-Ouen, mais l’isolation acoustique du toit s’est effondrée il y a un an et demi et pour le moment, il n’est pas possible d’y faire cours à plus de trente élèves sans que ça soit un danger", explique ce professeur.  Et d'ajouter : "On ne peut plus leur apprendre à nager, on est obligés de faire de l’athlétisme à la place."   

75% de non-nageurs en sixième

En Seine-Saint-Denis, certains doutent de pouvoir atteindre l'objectif affiché par le comité olympique sur l'apprentissage de la natation. Pour Charlotte Collette, professeur d’éducation physique et sportive aux Pavillons-sous-Bois, le retard à combler est très important : "Un élève qui a peur, qui ne veut pas mettre la tête sous l’eau, on lui apprend qu’il peut flotter sans couler mais on ne va pas plus loin. Du coup, ça laisse des élèves qui savent presque nager mais qu’on ne peut pas emmener puisqu’on préfère familiariser ceux qui ne sont jamais allés à la piscine de leur vie, et il y en a." 

On arrive avec plus de 75% de non-nageurs en sixième, c'est frustrant et même révoltant

Charlotte Collette, professeur d'éducation physique et sportive aux Pavillons-sous-Bois

franceinfo

En Seine-Saint-Denis on dénombre 35 piscines d’une moyenne d’âge de 33 ans. Ces sites, souvent vétustes, ferment les uns après les autres pour rénovation.

Déception aussi pour les clubs

Pour la Fédération française de natation aussi, c’est un recul regrettable. Elle rêvait d’un bel écrin aquatique olympique, et va se contenter d’une structure pérenne basique. Laurent Ciubini, directeur général de la Fédération, explique ce bilan en demi-teinte : "Ce qui était impératif pour nous, c’était de conserver un bassin de 50 mètres et un bassin de 25 mètres dans lequel, à terme, on pourrait s’entrainer à l’épreuve du plongeon. Et ça, c'est acté." "Mais en ce qui concerne le bassin éphémère, j’espère qu’il pourra être réutilisé, qu’il y aura une petite touche de JO ailleurs dans le pays. Après, sportivement, c’est dommage", déplore-t-il toutefois.  

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