JO de Paris 2024 : face au risque de paris sportifs "truqués", la vigilance des autorités

Jusqu’à 10 milliards de dollars pourraient être misés dans le monde durant l’ensemble des Jeux. Avec le risque de "manipulations sportives", des policiers français et étrangers sont mobilisés.

Pierre de Cossette

Radio France

Publié le 23/07/2024 06:32 Mis à jour le 23/07/2024 06:39

Temps de lecture : 3min

On attend 10 milliards de dollars de mise sur l'ensemble des JO. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS via AFP)

Une cote qui s’effondre sur un site de paris en ligne, un match qui attire subitement un nombre anormalement élevé de mises, un parieur habituellement prudent qui joue très gros sur un résultat inattendu... Voilà quelques-unes des "anomalies" qui seront traquées pendant les JO de Paris par les plateformes de lutte contre les manipulations sportives. Des signaux qui pourraient laisser penser que ces parieurs connaissent le résultat par avance.

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Depuis 2016, une quarantaine de pays ont décidé d’échanger des signalements, sous forme de "notices" en cas de doute sur des paris sportifs. Durant les Jeux olympiques de Paris, c’est la France avec l’ANJ (Autorité nationale des jeux) qui centralisera les remontées d’informations. "On va mettre les Jeux sous surveillance", explique Corentin Segalen, responsable de la lutte contre la manipulation des compétitions sportives à l’ANJ, et coordinateur de la plateforme nationale.

Chaque pays partenaire surveillera un ou plusieurs sports

Au-delà des algorithmes qui permettent d’attirer l’attention sur des paris anomaux, 24 partenaires étrangers vont surveiller les épreuves à proprement parler, "en se les répartissant", précise Corentin Segalen. Par exemple, "l’Allemagne scrutera les épreuves de football et de gymnastique, la Grande-Bretagne la boxe, ou encore les Etats-Unis (le FBI) le basketball". Une répartition des rôles d’autant plus nécessaire qu’il y aura parfois jusqu’à 30 épreuves simultanément.

Le commissaire Stéphane Piallat, chef du SCCJ à la direction nationale de la police judiciaire, en juillet 2024. (PIERRE DE COSSETTE / FRANCEINFO)

Ces observateurs auront un œil sur le comportement des sportifs, d’éventuelles contre-performances suspectes, mais aussi sur de potentielles polémiques au sujet de l’arbitrage, qui feraient penser que dans certains cas, les dés ont été pipés.

Si le football est traditionnellement le "sport roi" pour les paris – 60 milliards de dollars misés durant le dernier Euro, selon la société Sportradar –, l’existence de sports moins grand public peut attirer les réseaux criminels, en "disséminant" leurs paris sur des opérateurs dans des pays différents afin de les rendre moins détectables, ajoute Corentin Segalen. A l’ANJ, 12 agents – contre 4 habituellement – vont veiller au grain.

Des risques de poursuites pour les parieurs et les sportifs

En cas de doute sérieux, une enquête judiciaire pourra être ouverte, confiée aux policiers du Service central des courses et jeux (SCCJ). "Ces paris-là sont peut-être faits par des gens qui sont proches de la criminalité organisée ou proches d'un des participants de la compétition aux JO, explique à franceinfo le commissaire Stéphane Piallat, chef du SCCJ à la direction nationale de la police judiciaire. On pourrait être sollicités pour faire des constatations, établir qu'il y a des communications suspectes, qu'il y a un comportement bizarre, identifier le fait qu’un sportif a commis ou commet une triche..."

Si des manipulations sportives étaient avérées, en lien avec des paris sportifs, les parieurs pourraient être poursuivis pour "escroquerie en bande organisée" et les sportifs, ou leurs entourages – voire les arbitres – pour "corruption." "Evidemment, nous ne le souhaitons pas", conclut le commissaire Piallat, qui veut croire que les Jeux olympiques de Paris, qui seront parfois le rendez-vous d’une vie pour les athlètes, ne laisseront pas de place à la triche.

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