JO de Paris 2024 : la chasse aux pin's, la tradition aux origines centenaires

Au village ou sur les lieux de compétition, les olympiens s'échangent des badges aux couleurs de leur pays. Vecteur de liens, l'objet s'est perfectionné et démocratisé au fil du temps.
Article rédigé par Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Un collectionneur de pin's olympiques à Paris, le 23 juillet 2024. (REBECCA BLACKWELL/AP/SIPA)

La chasse est ouverte. A peine le pied posé au village olympique, l'heptathlète tricolore Auriana Lazraq-Khlass brandissait son accréditation olympique, le ruban pastel déjà orné de nombreux pin's. Pérou, Danemark, Jamaïque, Côte d'Ivoire, Bermudes, Canada... La jeune athlète n'a pas tardé à partir en quête des précieuses "épinglettes", ainsi nommées par le Comité international olympique.

La tradition veut qu'olympiens et olympiennes s'échangent un pin's à l'effigie de leur pays, occasion parfaite de nouer des liens avec des sportifs du monde entier. "Les pin's, ce sont des échanges avec les autres nations, les autres sports. Ils font partie de l’expérience du village", résume l'escrimeuse Anita Blaze, qui a cherché à dégoter celui d'Haïti, car pays voisin de sa Guadeloupe natale. Innovation de l'édition parisienne : le CIO a distribué le premier pin's en l'honneur de l'équipe olympique des réfugiés, avec comme symbole, des flèches aux couleurs du drapeau olympique entourant un cœur rouge vif.

"Quand on est arrivé dans notre chambre, on avait une vingtaine de pin's France. Et le jeu, c'est de les échanger. Pour le moment, j'ai eu le Bénin, Hong-Kong et l'Espagne. Il y en a qui sont plus sympas que d'autres."

Sara Balzer, escrimeuse

à franceinfo: sport

Si certains sportifs adoptent une démarche volontariste, d'autres préfèrent attendre qu'on leur propose un échange, à l'instar de la très jeune gymnaste Ming Gherardi Van Eijken. Et puis, il y a Grâce Zaadi qui accepte le pin's britannique d'Andy Murray sans d'abord identifier la personne qui le lui glisse dans la main. "Je ne l'avais pas reconnu au début. J'ai pris son pin's, j'ai vu son accréditation [où le nom et la photo de l'athlète sont imprimés], je l'ai regardé, et c'était trop drôle", glisse en pouffant la handballeuse française.

Apparition des pin's dès 1896

À l'origine, l'objet n'a pourtant pas vocation à être collectionné. Il apparaît dès les premiers Jeux olympiques de l'ère moderne, en 1896 à Athènes, d'après des recherches de Ioannis Thomakos publiées en 2019 dans le Journal of Olympic History. Certains sportifs grecs, vainqueurs des qualifications olympiques de leur pays, arborent alors un insigne en carton rond recouvert de tissu. Très vite, les comités olympiques nationaux produisent des badges pour distinguer les athlètes, des juges et officiels.

Selon la Revue olympique, au moins cinq nations se sont déplacées avec leurs propres épinglettes aux JO de 1908. Elles étaient une dizaine à Paris en 1924. Dès 1912, le comité d'organisation suédois saisit, lui aussi, l'opportunité et créé son épinglette souvenir. Une habitude conservée par les organisateurs suivants. Au fil des éditions d'été et d'hiver, l'objet évolue (du carton à l'e-mail) et se modernise, jusqu'à son apparition sous forme dématérialisée (en NFT) en 2021.

Des pin's vendus par le comité d'organisation représentant les mascottes de Paris 2024. (FRANCK FIFE / AFP)

Le phénomène a pris de l'ampleur au début des années 80, quand sponsors et médias diffuseurs de la compétition se lancent à leur tour, bien heureux de trouver là un nouvel outil commercial. Les insignes deviennent des objets de collection, à mesure que les accréditations apparaissent et remplissent le rôle d'identification des uns et des autres. 

Des lieux officiels d'échange de pin's

Aux JO d'hiver 1988 de Calgary (Canada), Coca-Cola ouvre son premier lieu d'échange officiel de pin's. À ceux de Pékin, vingt ans plus tard, la marque en avait installé trois. Dans la capitale chinoise, en 2022, sous Covid, on pouvait y trouver des cubes, semblables à des boîtes aux lettres, dont la porte en plexiglas comportait des fentes où étaient accrochées les épinglettes. La consigne : donne un pin's, prend un pin's, échange un pin's. 

Les insignes sont désormais vendus dans les boutiques officielles. Preuve de l'engouement, en 1994, aux JO d'hiver de Lillehammer, 18 millions de pin's ont, par exemple, été écoulés selon olympics.com. Paris 2024 propose de son côté pas moins d'une soixantaine de modèles différents sur sa boutique en ligne (autour de huit euros l'unité). Dès lors, au-delà des athlètes, les milliers de volontaires, les journalistes, ou encore les fans, peuvent se mêler à la chasse. 

La gymnaste allemande Pauline Schäfer a remercié Simone Biles pour l'échange du pin's à son effigie. (INSTAGRAM SIMONE BILES)

Et puis, il y a des emblèmes plus recherchés que d'autres. La star de la gymnastique américaine Simone Biles est arrivée dans la capitale parisienne avec des pin's à son honneur, un cœur avec Simone Biles inscrit au centre. Un objet rare source de convoitises. Nombreux sont d'ailleurs les chanceux à l'avoir remerciée sur les réseaux sociaux, le badge tant désiré en main. 

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