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Paris 2024 : "casser les codes", une nécessité et une aubaine pour le Comité d'organisation

Le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), qui a dévoilé les mascottes de Paris 2024, manifeste régulièrement sa volonté de faire bouger les lignes dans ses choix et ses annonces.

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
La maire de Paris Anne Hidalgo, le président du Cojop de Paris 2024 Tony Estanguet, l'ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu, et la présidente du CNOSF Brigitte Henriques, arrivent au Trocadéro à Paris, avec le drapeau olympique lors du retour des athlètes des Jeux olympiques de Tokyo, le 09 août 2021. (AGENCE KMSP / AFP)

Un visage mêlant Marianne et la flamme olympique comme logo, la création d'un marathon pour tous, deux cérémonies d'ouverture organisées au plein cœur de Paris entre la Seine et la Place de la Concorde, ou encore la volonté d'organiser des Jeux plus durables. Depuis les prémices de la candidature française, le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) de Paris 2024 aime "casser les codes" à chaque annonce. 

Dernière preuve en date, la mascotte des Jeux, révélée lundi 14 novembre. Une fois de plus, avec cette incarnation du bonnet phrygien, symbole de la République française et signe distinctif de Marianne, le Cojop met en avant son désir de sortir du traditionnel et de l'habituel. "On était quasiment prêt à ne pas faire de mascotte si on ne trouvait pas une vraie raison d'en faire, et un vrai message à lui faire porter", glisse Julie Matikhine, directrice de la marque Paris 2024. 

L'objectif de se distinguer

Si l'organisation des Jeux de Paris se veut d'un nouveau genre, il s'agit d'un argument très classique et récurrent. "Les cojos successifs doivent se distinguer des précédents, mais surtout du dernier, c'est-à-dire ici de Tokyo, voire de Rio. L'idée n'est pas de faire obligatoirement mieux, mais différent et surtout mémorable", analyse Jean-Loup Chappelet, professeur émérite à l'université de Lausanne et spécialiste des questions olympiques.

Presque comme une tradition, la création des mascottes des J.O est habituellement inspirée d’un animal symbolique du pays organisateur.
Pour les Jeux de Paris 2024, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques en a voulu autrement et a décidé de surprendre le monde entier avec des mascottes originales et étonnantes. Ce n’est donc pas le coq français qui a été choisi mais un personnage révolutionnaire : le bonnet phrygien.
Ce making of en raconte la conception, le symbolisme et vous montre les différentes déclinaisons des mascottes en tenue d’athlète, de judoka, de paracycliste, etc.
Le making of des mascottes de Paris 2024 Presque comme une tradition, la création des mascottes des J.O est habituellement inspirée d’un animal symbolique du pays organisateur. Pour les Jeux de Paris 2024, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques en a voulu autrement et a décidé de surprendre le monde entier avec des mascottes originales et étonnantes. Ce n’est donc pas le coq français qui a été choisi mais un personnage révolutionnaire : le bonnet phrygien. Ce making of en raconte la conception, le symbolisme et vous montre les différentes déclinaisons des mascottes en tenue d’athlète, de judoka, de paracycliste, etc.

"Si personne ne se rappelle de vos Jeux, à quoi la candidature sert-elle ?", interroge ce même spécialiste. D'autant plus après 32 éditions de Jeux d'été. "Ce n'est pas nouveau. Chaque édition est singulière, avec des spécificités nationales", confirme Patrick Clastres, professeur d’histoire du sport à l’université de Lausanne au sein de la Faculté des sciences sociales et politiques. 

"Il y a des innovations, comme le logo ou le marathon pour tous, mais ce n'est pas une révolution qui bouleverse l'organisation."

Patrick Clastres, professeur d’histoire du sport à l’université de Lausanne

à franceinfo: sport

D'ailleurs, l'exemple le plus célèbre est celui de Londres 2012. "Pour leur cérémonie d'ouverture, se souvient Jean-Loup Chappelet, ils ont joué sur l'humour britannique avec notamment l'arrivée de la Reine Elizabeth II en parachute au-dessus du stade olympique, car ils savaient très bien qu'ils n'arriveraient pas à reproduire le gigantisme de celle des Jeux précédents, à Pékin en 2008." 

Cette volonté des pays hôtes de laisser l'empreinte de leur nation et de leur culture à travers les Jeux remonte au début des années 2000. Paris ne fait pas exception. D'autant plus que, pour la capitale française et le Comité international olympique (CIO), l'enjeu est de redorer le blason de la maison olympique. "La France veut vraiment montrer dans son discours que Paris est une édition respectueuse des droits de l'homme, qui plus est dans le pays qui en est le berceau. Surtout par rapport aux éditions précédentes qui ont été entachées par des scandales liés aux privations de libertés, au fait de brimer les droits de l'homme comme à Pékin en 2022 ou en Russie en 2014", appuie Pauline Ferrier, maîtresse de conférence en histoire à l'université d'Artois (Pas-de-Calais). Sans parler d'une édition tokioïte biaisée par la pandémie de Covid-19, ou des budgets explosés cumulés à des problèmes d'organisation lors des Jeux de Rio en 2016.

Un storytelling rodé

Depuis sa candidature, Paris 2024 affiche cette volonté d'organiser des "Jeux révolutionnaires", en termes de parité (première fois qu'il y a aura autant d'athlètes hommes que femmes), de structures existantes (réutilisation de 95 % de sites déjà construits ou temporaires) ou encore de respect de l'environnement (objectif de réduire de moitié les émissions liées à l’organisation des Jeux). Pour cela, les organisateurs misent notamment sur les rappels à l'histoire de France et le modèle féminin, très utilisé dans l'image de Paris 2024, soit "une stratégie de communication intéressante connue de tous et exportable à l'étranger, célébrant l'exception française, et l'attachement au patrimoine", analyse Pauline Ferrier.

De quoi proposer un storytelling bien rodé, selon les observateurs. "Les Jeux olympiques, ce n'est pas qu'une question sportive. Au-delà du sport, ce qui intéresse aussi les gens, c'est tout ce qu'on raconte autour de l'événement, des cérémonies qui donnent le ton de la quinzaine olympique, des sites, etc.", relève Jean-Loup Chappelet. Les Jeux sont aussi un moment où les organisateurs peuvent s'adresser à leurs partenaires, au CIO et aux autres comités olympiques ainsi qu'aux populations du monde entier, "afin de prouver qu'on a été un bon choix, et de vendre largement la marque France au travers de l'événement", complète Patrick Clastres.

"C'est d'ailleurs pour cela que les Cojop font toujours des annonces, pour à chaque fois créer des histoires."

Jean-Loup Chappelet, spécialiste des questions olympiques

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Après la mascotte, le dévoilement de la forme de la torche olympique et des médailles, le parcours du relais de la flamme, des détails du spectacle des cérémonies d'ouverture seront autant de nouveaux rendez-vous forts. Si Paris reste dans une logique similaire aux précédents Cojop, c'est parce que rompre avec les traditions olympiques n'est pas chose facile tant le cadre imposé par le CIO est rigide. "Tout ce que les cojop proposent doit être approuvé par le CIO", souligne Jean-Loup Chappelet. Alors que faire pour réellement se démarquer ? 

"Pour que Paris soit un modèle, il faudrait que le résultat de ces nouvelles façons d'organiser soit imité par d'autres pour, par exemple, produire des Jeux moins chers, plus durables, ou de faire de la ville un stade. On ne pourra le dire qu'après les Jeux", estime le spécialiste des questions olympiques. Los Angeles 1984 était sorti du lot en lançant pour la première fois le système de sponsoring, une importante transformation devenue monnaie courante. Paris mise sur d'autres voies, moins strictement lucratives, pour casser les codes. Devenir un modèle admiré de par le monde est à ce prix mais seuls l'avenir, et la réussite de ces Jeux, diront si ces évolutions resteront dans l'histoire. 

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