Paris 2024 : "Depuis l'année dernière, on travaille au ralenti"... Le Coq Sportif, équipementier officiel de l'équipe de France, va-t-il livrer à temps les tenues olympiques ?

Article rédigé par franceinfo
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Le logo du Coq sportif dont l'usine est à Romilly-sur-Seine dans l'Aube. (DAVID ADEMAS / MAXPPP)
La marque française s’est engagée à produire 220 000 pièces pour l’organisation des JO, mais aussi et surtout 115 000 pièces pour les athlètes engagés. Mais l’entreprise, basée dans l’Aube, traverse de grosses difficultés financières et les livraisons tardent.

L'horloge tourne et le Coq ne dort plus très bien. La délégation française des Jeux olympiques sera-t-elle livrée et habillée à temps en tenues et équipements officiels signés le Coq Sportif, l’équipementier officiel choisi par l’équipe de France et Paris 2024 ? La marque, fondée en 1882 à Romilly-sur-Seine, dans l'Aube, s’est pourtant engagée à produire quelque 220 000 pièces pour l’organisation Paris 2024 - tels que le staff, mais aussi des bénévoles et des arbitres -, mais aussi, et surtout, 115 000 pièces, dont 20 000 dites de "performance", pour les athlètes engagés dans les compétitions olympiques.

Or, l'entreprise traverse actuellement de grosses difficultés financières et les livraisons tardent. Si certaines fédérations, comme le judo, le cyclisme ou le surf, ont bien été livrées, la plupart, c'est sûr, vont devoir attendre leur équipement début juillet, à quelques jours du début officiel de l'olympiade parisienne. "C’est tard", admet le patron du Comité olympique français, interrogé par France Bleu Breizh Izel, jeudi 6 juin. Mais David Lappartient veut rester confiant : "C'est effectivement un sujet sur lequel nous sommes tous les jours. On fait le point fédération par fédération avec Paris 2024. On a un cabinet qui suit tout cela. Oui, il y a un peu de retard, mais pas de nature à affecter la livraison en tant que telle".

"Un moment décisif, mais surtout un tremplin"

Joint par franceinfo, Patrick Ouyi, directeur du Coq Sportif, sait qu’il joue gros. L'entreprise doit répondre à la plus importante commande de son histoire. "Ce n’est pas un retard, mais un glissement", défend-il sans malice : "Il fallait répondre aux demandes techniques de chaque fédération, de chaque athlète. On sait faire", rassure-t-il.

Au total, 54 fédérations sportives françaises ont collaboré avec Le Coq sportif pour la fabrication de ces tenues olympiques. (EMMA SARANGO / RADIOFRANCE)

"Quand on livre un équipement à un athlète qui va jouer sa vie aux Jeux olympiques et qui exige de manière totalement légitime le produit le plus technique au monde, il y a des imprévus, c'est automatique. C'est un moment que beaucoup d'équipementiers auraient aimé avoir et c'est le Coq Sportif qu'il a. Donc c'est forcément un moment qui est décisif pour la marque et pour l'entreprise. Mais c'est aussi et surtout un tremplin", répond Patrick Ouyi.

Des sous-traitants au ralenti

Sauvé du dépôt de bilan en 2023 par les pouvoirs publics et les banques, grâce à un prêt de 10 millions d'euros, le Coq Sportif est financièrement sur une patte. Censée incarner le "Made in France" avec son usine de Romilly-sur-Seine, la marque aurait, selon la CGT Textile Habillement Cuir Blanchisserie, "sursollicité" son usine partenaire au Maroc, pour réduire ses coûts de production.

Et cela au détriment des sous-traitants locaux de l'Aube qui ne sont pas payés, comme le raconte ce délégué syndical CGT de France Teinture. "Normalement, on travaille beaucoup pour Le Coq. Là, depuis un certain temps, depuis l'année dernière, on travaille au ralenti. On atteignait même 30 tonnes par semaine. En ce moment, on tourne plutôt à cinq tonnes", détaille ce syndicaliste.

"Depuis l'année dernière, il y a des difficultés à nous payer. Des fois, on arrête, tant qu'on n'est pas payés. Je n'ai jamais vu ça"

Un délégué syndical CGT de France Teinture

à franceinfo

Sur les poitrines des athlètes français, Le Coq Sportif a donc quelques plumes en moins, mais il promet de rebondir grâce aux Jeux olympiques et paralympiques. Son actionnaire principal vient de se faire suspendre de la Bourse suisse pour ne pas avoir publié ses résultats à temps, mais il promet que la marque va gagner 40 % de chiffre d'affaires en plus grâce à l'effet Paris 2024.

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