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Paris 2024 : trois questions sur la baignade dans la Seine après les Jeux olympiques

Le fleuve de la capitale est interdit à la baignade depuis 1923. La règle va changer pour les Jeux olympiques de Paris 2024 pour accueillir certaines épreuves comme le triathlon mais aussi pour les Parisiens qui pourront enfin piquer une tête dans la Seine.
Article rédigé par Emma Sarango
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Un bateau de touristes passant devant des transats vides le long de la Seine lors de Paris plage à Paris,  le 13 juillet 2022. (BERTRAND GUAY / AFP)

Et si un jour exténué par la chaleur, les Parisiens pouvaient piquer une tête dans la Seine ? Une possibilité qu'avait promis à ses administrés Jacques Chirac le 15 mai 1990, à l'époque maire de Paris : "J'affirme qu'on peut rendre un fleuve propre et j'ai d'ailleurs indiqué que dans trois ans, j'irai me baigner dans la Seine devant témoins pour prouver que la Seine est devenue un fleuve propre." Après les Jeux olympiques, ce ne sera bientôt plus une utopie. Dans quelques années, il pourrait bien y avoir des points de baignade dans le fleuve.

1 Combien d'épreuves olympiques doivent se tenir dans la Seine ?  

Avant l'ouverture des bassins, ce sont les nageurs olympiques qui seront les premiers cobayes l'été 2024, avec trois épreuves des JO concernés : le triathlon, le paratriathlon et la nage en eau libre. Selon la mairie de Paris, c'est grâce à ces Jeux, évidemment, que le retour à la baignade a à gagner dix voire quinze ans. Il y a "un effet d'accélérateur majeur", reconnait Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris, en charge du sport, des Jeux olympiques, paralympiques et de la Seine. 

"On avait une date butoir qu'on ne pouvait pas repousser. Cela a permis à l'ensemble des parties prenantes de concentrer les efforts d'investissements nécessaires pour améliorer la qualité de l'eau et reconquérir la Seine. "

Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris

à franceinfo

Et il y aura des événements test dans la Seine dès cet été 2023 explique l'adjoint à la mairie de Paris : "Avec le triathlon et la nage en eau libre en août, avant les épreuves en 2024. Il y a donc une volonté de se réapproprier l'eau, de mieux la traiter que lors du siècle précédent et d'avoir des zones de fraîcheur en ville."

2 Combien de points de baignade sont-ils prévus à Paris ?

Dans deux ans, il y en aura au moins un, et peut être deux à Paris dès l'été 2025. À plus long terme, il y en aura quatre dans la capitale et une vingtaine au total le long de la Seine et la Marne. Car, on a tendance à l'oublier, la Marne aussi est concernée par cette reconquête du fleuve par les habitants plus de 100 ans après son interdiction en 1923.

La Seine a beaucoup de courants, beaucoup plus que, par exemple, dans le bassin de la Villette où l'on patauge déjà certains étés. Il s'agira donc dans la Seine d'une baignade encadrée et surveillée et parmi les quatre sites à l'étude, sans ordre de priorité, il y a d'abord le port de Bercy d'où partira la cérémonie d'ouverture des Jeux. Il y a aussi une possibilité sous le Pont-Neuf, une autre face à l'île Saint-Louis côté rive droite, et enfin une juste en face de Radio-France dans le 15e arrondissement face à l'île au Cygne. Des possibilités que sont en train d'étudier la mairie de Paris "avec la préfecture de région, les services de l'État, Voies navigables de France, et avec Ports de Paris", explique Pierre Rabadan : "Aujourd'hui, le fleuve sert quasiment uniquement au transport de marchandises et de personnes. il y a donc un partage des usages qu'il faut requalifier, règlementer et adapter. On va essayer de trouver des aménagements pour permettre aux baigneurs d'accéder à l'eau et garantir leur sécurité. Il faut par exemple trouver des endroits où le courant est moins fort ; il y aura peut-être aussi des pontons ou autres structures pour diminuer la force du courant."

3 Quels investissements ont été réalisés pour rendre la seine baignable ?

"Nous sommes en passe de réussir ce qui sera l'un des plus beaux héritages des JO", avait tweeté mi-mars Emmanuel Macron en rappelant qu'1,4 milliard d'euros ont été investis, dont la moitié pris en charge par l'Etat, pour rendre "baignable" le fleuve interdit depuis 1923. Des investissements pour raccorder les péniches au réseau, pour faire des travaux aussi dans les usines d'assainissement. Mais aussi pour limiter la pollution de la Seine en cas de forts orages. Car c'est l'une des principales causes de pollution de la Seine.

Aujourd'hui, le fleuve sert de délestage en cas de forte pluie quand les égouts débordent. "La Seine reçoit un mélange d'eaux pluviales et d'eaux polluées", explique Samuel Colin-Canivez, responsable des grands travaux du réseau d'assainissement parisien. D'où ce gigantesque bassin qui est en train d'être construit sous la gare d'Austerlitz de 50 mêtres de diamètre et 30 mêtres de profondeur. "La pluie tombe et au lieu d'aller directement en Seine, elle va remplir cet ouvrage le temps de l'orage, explique Samuel Colin-Canivez. Une fois que l'orage est passé, en moins de 24 heures, on vide cet ouvrage et l'eau va dans le réseau d'assainissement pour être traitée en station d'épuration." Et réduire ainsi drastiquement les taux des bactéries E. coli et entérocoques qui servent d'unités de mesure pour décider de la possibilité de se baigner ou non.

À l'été 2022, les prélèvements étaient satisfaisants 92% du temps sur la période olympique entre fin juillet et mi-aout. L'objectif est évidemment d'augmenter encore ce pourcentage même si ce ne sera jamais parfait avance le responsable des grands travaux du réseau d'assainissement parisien : "S'il y a une pluie très, très importante qui dépasse les capacités de stockage de l'ouvrage, on aura toujours des jours de 'non baignabilité'. Exactement comme le drapeau violet qui interdit la baignade pendant quelques jours sur une plage." Il ne reste plus donc qu'à espérer qu'il n'y ait pas de gros orage, le 4 août 2024, la veille du triathlon olympique, qui sera la première épreuve dans la Seine.

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