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Reportage À 999 jours des JO de Paris 2024, Kipchoge fait chavirer la foule pendant le "marathon pour tous"

Parmi les 3 500 participants, plus de 1 000 ont terminé avant le champion kényan.

Article rédigé par franceinfo: sport - Léo-Pol Platet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
À 1000 jours des Jeux Olympiques de Paris 2024, Eliud Kipchoge était l'invité d'honneur du Marathon pour tous, le dimanche 31 octobre 2021. (Léo-Pol Platet / France Télévisions)

C'est une étoile blanche qui transperce la mêlée bleue ciel. Après une petite dizaine de minutes d'effort, Eliud Kipchoge, double champion olympique et recordman du monde du marathon, termine sa course, au milieu des anonymes, dimanche 31 octobre. Le météor vient de remonter la célèbre avenue parisienne si vite que certains ont préféré suivre sa traînée... à vélo.

Eliud Kipchoge, vainqueur à Rio en 2016 et Tokyo en 2020, puis premier coureur à finir un marathon sous la barre des 2h02 à Berlin en 2018 n'est pas ici pour faire de la figuration. La star de la discipline est l'invité d'honneur de cette journée. Mais l'invité n'est pas roi : pour ce 5 000 mètres, il est défié par 3 500 amateurs et doit démarrer avec un handicap de temps. À 999 jours du coup d'envoi des Jeux Olympiques de Paris en 2024, l'objectif est de terminer avant le Kenyan. La récompense : décrocher son dossard afin de participer au "marathon pour tous", qui ouvrira les JO de Paris en 2024. À son arrivée, autour de lui, entre les cris et les pleurs, certains s'écroulent sur les barrières quand d'autres profitent des Champs-Elysées vides pour rallonger le plaisir sur quelques mètres.

Une course populaire où "tout le monde a sa chance"

Pour eux, l'aventure a commencé tôt ce matin, peu après 8 heures. L'arrêt Charles de Gaulle-Étoile du métro parisien ressemble à un premier sas de départ. Dans les allées sous-terraines, les badauds sont en minorité face aux nombreux coureurs, déjà prêts à en découdre. On les reconnaît facilement, avec leurs chaussures fluo et leur t-shirt coloré. Ce jaune flashy assorti au vert qui donne une allure de professionnel à n'importe quel coureur du dimanche. C'est l'objectif principal de cette course. Organiser un événement populaire, où "tout le monde ait sa chance" explique après coup Tony Estanguet, lui-même qualifié après avoir battu Kipchoge.

Aujourd'hui 3500 personnes se sont retrouvées dans une course à handicap. L'objectif : terminer les 5 km devant Eliud Kipchoge afin de gagner son dossard pour le marathon de Paris 2024.


 Eliud Kipchoge est double champion olympique, détient le record du monde du marathon.
Paris 2024 : le marathon pour tous Aujourd'hui 3500 personnes se sont retrouvées dans une course à handicap. L'objectif : terminer les 5 km devant Eliud Kipchoge afin de gagner son dossard pour le marathon de Paris 2024.  Eliud Kipchoge est double champion olympique, détient le record du monde du marathon.

Et sur la ligne de départ, beaucoup d'amateurs sont au rendez-vous. Posté en première place, Auguste est présent depuis 7 heures du matin. Les yeux brillants à quelques minutes du départ, il nous confie : "J'ai l'habitude de courir, surtout sur des semi-marathons. Mon objectif c'est vraiment le marathon de Paris en 2024. Je n'en ai jamais couru et ce serait magnifique de pouvoir y participer." Alors que tous ses concurrents du sas numéro 1 n'ont d'yeux que pour Kipchoge, qui vient de débuter son échauffement à quelques mètres, Auguste poursuit dans un sourire : "C'est excitant de pouvoir courir à côté de lui".

Kipchoge la superstar

Quelques mètres plus loin, c'est la même excitation qui anime Louis et Simon. Les deux amis développent : "On a les Champs-Élysées pour nous aujourd'hui, c'est magnifique ! Kipchoge c'est une star internationale, c'est un peu une idole, c'est pour ça que c'est magnifique aussi. Si on finit avant lui, c'est que du bonus, mais c'est déjà génial d'être ici".

À son arrivée à l'échauffement, le boss du marathon est acclamé par les coureurs et le public. Certains délaissent leur propre entraînement pour tenter d'apercevoir Kipchoge répéter ses gammes. Le double champion olympique, lui, enchaîne les sourires et les pouces en l'air.

Le "Marathon pour tous" s'est tenu le dimanche 31 octobre 2021, sur les Champs-Elysées, à Paris. (Léo-Pol Platet/ France Télévisions)

À 10 heures, la détonation du pistolet retentit. Les premiers participants s'élancent, ceux qui prévoient de courir à une allure entre 6 et 8 km/h. À quelques minutes d'intervalle, quatre autres coups claquent, pour autant de sas de départ. Une minute après le dernier sas, c'est à son tour. La fusée Kipchoge peut décoller. Il doit maintenant faire son retour sur les 3 500 participants. Très rapidement, le Kenyan confirme qu'il n'offrira pas la victoire gratuitement à ses concurrents. "Il m'a rattrapé au bout de 600 mètres", explique Martin, parti dans le cinquième et dernier sas. 

"Je l'ai suivi pendant 200 mètres pour le kif puis j'ai fini la course tranquille. Je pense que tout le sas 1 est qualifié, mais personne ne l'a été dans le sas 5. Ce n'était pas très équitable mais l'événement était bien puis j'ai pu le voir [Eliud Kipchoge] de près et c'était surtout ça le plus important pour moi". 

Un manque d'équité supposé également regretté par d'autres participants, lésés par la différence de temps entre les différents départs.

Eliud Kipchoge signe des autographes à l'occasion du "marathon pour tous", le dimanche 31 octobre 2021.  (Léo-Pol Platet / France Télévisions)

À l'inverse de Martin, ils sont près de 1 000 à avoir terminé leur course avant le Kenyan. "J'étais persuadée que je n'y arriverai pas et quand j'ai vu l'arrivée c'était le plus beau jour de ma vie, sourit Cina, déjà marathonienne en 2019. J'étais trop stressée, je voulais arriver avant lui. Je ressens beaucoup de fierté à l'idée de faire le marathon de Paris en 2024."

Rendez-vous en 2024

Quentin, lui, a vu le couperet passer près. "Je suis arrivé juste avant lui finalement. Je le sentais revenir derrière moi à la fin, donc j'ai tout donné, j'ai mis toute la patate. Ça sera mon premier marathon, en 2024, donc ça me laissera le temps de me préparer, c'est super. Un conseil pour qu'il me batte la prochaine fois ? Il faudra qu'il accélère un peu parce que là c'était quand même trop lent", ironise-t-il après la prestation XXL de l'athlète.

Après une course bouclée en une douzaine de minutes, c'est un autre peloton que Kipchoge a dû affronter ensuite, celui des médias et des fans. Encore très disponible, la star du jour commentait sa prestation : "C'est la première fois que je suis heureux d'avoir perdu ! Ma défaite est une victoire pour plusieurs centaines de personnes à qui je donne rendez-vous en 2024 ici, à Paris".

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