: Reportage A Paris 2024, un job dating pour recruter des personnes en situation de handicap
D’ici 2024, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques devra embaucher pas moins de 3 000 personnes, et veut, pour cela, se faire connaître auprès des personnes en situation de handicap.
"Je ne suis pas très à l’aise pour m’exprimer en public mais quand on m’a proposé de venir devant vous, j’ai dit oui tout de suite." Alice, jeune femme brune au carré long âgée de 30 ans, vêtue d’une robe couleur jean, s'exprime devant un parterre d'une vingtaine de personnes, dans une petite salle de réception donnant sur l’atrium du siège de Paris 2024, à Saint-Denis, mardi 4 octobre. Sans jeter un regard à sa feuille de notes soigneusement préparées, Alice, en poste depuis février dernier sur de la gestion de projet et de la coordination sur les sites de compétitions, raconte avec aisance son expérience personnelle au sein de l’entreprise Paris 2024.
Devant elle, ses auditeurs l’écoutent très religieusement. Parmi eux, une quinzaine a été sélectionnée pour "un job dating d’embauche" réservé aux personnes en situation de handicap, qu'il soit lourd ou léger, moteur ou invisible. L'objectif final est de pouvoir intégrer le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojo) de Paris 2024.
L’enjeu est donc de "leur faire savoir qu'on existe, qu'on est dans la course, et leur donner l'opportunité de venir chez nous", explique Chantal Lasnier, responsable Talents et diversité à Paris 2024. "Souvent, dans les autres entreprises pour lesquelles j’ai travaillées, les manageurs ne sont pas formés au handicap. Ici, il n’est pas un sujet", affirme Alice, dont le handicap est invisible.
"Ici, on ne me regarde pas bizarrement, et on ne me pose pas non plus plein de questions. L’environnement de travail s’adapte à moi et non l’inverse."
Alice, 30 ans, qui travaille à la gestion de projet et de la coordination sur les sites de compétitions de Paris 2024à franceinfo: sport
Le témoignage d’Alice, qui suivait la présentation plus formelle du Comité d’organisation, a valeur d'exemple : son handicap ne lui permet pas de taper toute la journée à l’ordinateur. Une assistance de dictée vocale a donc été mise à sa disposition. "Je bénéficie également d’un accès VTC pour mes allers-retours travail-domicile sur trois jours par semaine, le métro étant peu adapté à mon handicap, et je suis en télétravail deux jours par semaine", précise Alice.
Première édition de job dating
Des aménagements rendus possibles grâce à la convention signée entre Paris 2024 et l’Agefiph (association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées), qui apporte des aides pour les entreprises et les employés. "Tout n’est pas parfait, on peut encore améliorer les choses bien sûr. Paris 2024 est une entreprise jeune, donc on crée des choses en direct, sourit Alice. Mais c’est une entreprise 100 % handi-accueillante." Ce premier job dating de l’entreprise Paris 2024 en appelle d'autres : l'ambition est de réitérer ce genre de rencontres tous les trimestres.
Parmi les postes à pourvoir, des emplois communs à chaque entreprise : commercial, technologie et système d’informations, planification et coordination, administration financière, ressources humaines. Mais aussi des postes plus spécifiques aux Jeux comme la billetterie, la livraison des Jeux (transports, restauration, sécurité, relations internationales, sites et infrastructures) et le service "impacts et engagements", qui englobe la marque de l’événement, la communication, l’héritage...
Des publics compliqués à aller chercher
Pour ces offres d’emploi, Paris 2024 se heurte à certains obstacles : "Déjà c'est un public qui n'est pas si nombreux que ça. De plus, sur les niveaux de qualification sur lesquels on recrute (bac +3,+4), il est très peu présent. Toutes les entreprises françaises du Cac 40 et autres s'arrachent ces candidats", remarque Chantal Lasnier.
En plus de ces raisons, "celle de la durée des postes proposés, qui iront au maximum jusqu’en 2025 peut aussi les freiner dans leur démarche", surenchérit Alexandre Dion, référent handicap à Paris 2024. Aucun pourcentage d’embauche des personnes en situation de handicap n’a été établi par le Cojo. "Chaque embauche est une victoire de plus. On ne s’est pas fixé de limite", appuie Chantal Lasnier. "Il s’agit d’une population qui nécessite une qualité de prise en charge complémentaire dans le processus d'entretien et qu’on prenne un peu plus de temps que d'habitude pour étudier leur parcours, leurs compétences et s’adapter à des éventuels aménagements requis", poursuit Chantal Lasnier.
"Souvent dans ces profils-là, on a des CV qui ne sont pas très lisibles suite à un accident de vie, avec parfois des trous de plusieurs années, car la personne a eu besoin de rééducation par exemple."
Chantal Lasnier, responsable Talents et diversité à paris 2024à franceinfo: sport
Pour la première édition, quatorze candidats ont été présélectionnés lors d’un entretien téléphonique préalable, issus de la base de données de l'entreprise d'intérim et de ressources humaines Randstad, partenaire de Paris 2024. "La sélection a été très ciblée. Je préfère avoir 10 personnes dont le profil pourrait être compatible plutôt que de voir 500 personnes à qui je n'ai rien à proposer", justifie-t-elle.
"Travailler pour les Jeux serait magique"
Une fois la présentation faite, dans une deuxième salle, sur le côté de l’atrium de Paris 2024, les candidats prennent place autour de petites tables, entourées de fauteuils verts, et pour certaines séparées par des paravents. Face à face, un candidat et un recruteur. "Dans la mesure du possible, on essaie de leur faire passer l’entretien avec leur potentiel futur manageur", précise Chantal Lasnier.
Au bout de 45 minutes d’entretien, Florence, âgée de 52 ans et spécialisée dans le marketing, est raccompagnée par son interlocuteur. "J’ai trouvé cette rencontre très naturelle. On a été très bien accueilli. C’était plus intime comme ça. On m’a dit que mon profil était intéressant et que plusieurs postes étaient possibles", se réjouit-elle, plutôt confiante. "Dans les petites sociétés, le handicap est encore tabou. Je n’en ai d’ailleurs jamais parlé auparavant. Ici, leur discours bienveillant m’a convaincu. En plus d’une belle ligne sur le CV, travailler pour les Jeux serait magique."
"Sur le handicap, ils sont à la page"
Camille, ingénieure de 24 ans, a elle aussi été séduite : "Rien que de toucher du doigt l’idée que je puisse travailler pour les Jeux de Paris, c’est dingue. L’entretien s’est très bien passé, et je n’ai ressenti aucune pression. Sur le handicap, ils sont à la page. On se reconnait dans ce qui est fait, et je me projette bien", témoigne-t-elle. "Je termine mon CCD actuel dans deux mois. J’ai encore un profil junior, donc un contrat court me convient bien pour engranger de l’expérience avant un poste en CDI", souligne la candidate. Un retour lui sera fait dans les prochaines semaines, assure-t-on du côté de Paris 2024. Côté recruteur aussi, la journée a été très positive. "J’ai eu un très bon contact avec ma candidate, qui avait une forte appétence pour le sport, confie Clémentine Ducrocq, manageur aux ressources humaines. Son profil polyvalent correspond à ce dont nous avons besoin. J’ai deux postes en tête pour elle."
D’ici décembre, 1 000 postes auront déjà été pourvus au sein de Paris 2024 et près de 3 000 restent encore à décrocher d’ici 2024. "Grâce aux Jeux, on peut changer le regard de la société sur le handicap", glisse Alice. Un défi à la hauteur de l’événement qui ne demande plus qu’à être atteint.
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