JO d'hiver : les athlètes, ambassadeurs de leur station
C’est l’une des particularités du ski professionnel : les stations de sports d’hiver sont devenues des sponsors pour les athlètes originaires de leur territoire. Ces "contrats champions" permettent aux athlètes d’assurer des revenus et à la station de faire sa promotion, ce qui sera le cas pour les prochains Jeux Olympiques d’hiver de Pékin.
Eric Laboureix a, pendant longtemps, été le numéro un mondial du ski acrobatique avec 5 gros globes de cristal et 34 victoires en Coupe du monde. Il a aussi été le premier en France à avoir un contrat de primes avec sa station, La Plagne, en Savoie, qu’il affichait en grosses lettres sur son bandeau de tête pendant sa carrière. C’était au début des années 1980. "J’habitais tout seul avec ma mère à La Plagne et elle a quitté le village, se souvient Eric Laboureix. J’avais 18-20 ans et je voulais vivre de ma passion, le ski de compétition. Je suis allé rencontrer le maire et le président des remontées mécaniques pour leur dire que je voulais rester. Ils ont cru en ma motivation. Ils m’ont fait un contrat en me mettant à disposition un appartement et en me donnant des primes selon mes résultats." Ce contrat est vite devenu "un besoin vital" pour lui.
Quarante ans plus tard, La Plagne, qui se revendique "terre de champions", compte cette année quatorze athlètes de haut niveau sous contrat pour un budget global de 250 000 euros par an. Parmi eux : Kevin Rolland, champion du monde en halfpipe, Tess Ledeux qui domine la saison en slopestyle, ou encore Brice Roger. Pour le skieur de 31 ans, ce contrat avec sa station représente la moitié de ses revenus. "C’est un contrat indispensable qui nous permet de bien vivre de notre côté, raconte le Plagnard qui soigne actuellement une blessure au genou. Ça nous permet aussi de récompenser tous les efforts que l’on a faits depuis qu’on s’investit dans ce sport. Ce sont des contrats qui ont du sens : ils représentent notre parcours depuis notre enfance. C’est la station où je me suis entraîné, où j’ai eu mes idoles."
Pour les territoires, une promotion intéressante
Et c’est le critère principal de ces contrats de sponsoring : l’athlète doit être originaire de la station, y avoir été formé dans les écoles de ski. "Ce qui est intéressant, c’est l’identification au territoire, détaille Rémy Counil, le directeur de l’office de tourisme de la Grande Plagne. Bien sûr, il y a des engagements contractuels et marketing. Mais quand la promotion du territoire peut se faire par les champions, issus de ce même territoire, la boucle est bouclée et tout est gagné."
Quasiment toutes les stations ont développé ce type de contrats. Au Grand-Bornand en Haute-Savoie, ils sont une dizaine d’athlètes à en bénéficier, dont la tête d’affiche, la skieuse Tessa Worley, en quête d’une première médaille olympique à Pékin. Mais d’autres disciplines sont concernées : le ski cross avec les frères Midol, le ski de fond, le snowboard ou encore le biathlon. Cette commune de 2 000 habitants consacre 160 000 euros à ces contrats qui inclut aussi des primes en cas de médailles olympiques. "Au Grand-Bornand, nous voulons être un club formateur de champions, développe Stéphane Deloche, président du ski-club de la commune et directeur de l’ESF. Ces contrats champions, c’est un aboutissement de la formation de nos jeunes. C’est un vrai soutien qui montre que l’ensemble de la station est derrière eux pour les amener vers le haut niveau."
En échange de cette aide financière, les athlètes acceptent de faire la promotion de la station. "Ce n’est pas du tout une contrainte et de toute façon, c’est pour notre bien, assure Brice Roger. C’est assez souple mais en termes de communication, on doit en parler sur les réseaux sociaux. On doit aussi participer à des événements et évoquer La Plagne lors des grandes compétitions et dans les médias." C’est désormais courant de voir le nom de la station s’afficher sur les casquettes ou les bonnets.
Une exposition planétaire aux Jeux
C’est du "gagnant – gagnant" résume Eric Laboureix, le pionnier de ces contrats. Pour les athlètes et pour les stations qui s’offrent une publicité. "Quand on voit un champion porter nos couleurs, c’est quelque chose de fort pour une destination touristique, admet Isabelle Pochat-Cottilloux, directrice de l’office de tourisme du Grand-Bornand. Mais au-delà de cette visibilité, cela sert aux enfants à s’engager dans le sport, ces champions deviennent des exemples."
"Ce sont des choix forts et cohérents, complète son homologue de la Plagne Rémy Counil. C’est le rayonnement de la destination qui passe par ces athlètes."
Pour ces JO à Pékin, ce sera même une publicité planétaire pour les stations. Et au Grand-Bornand, on espère revivre l’euphorie de 2014 après les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi et le retour de ces champions sous contrat qui avaient ramené trois médailles de Russie. Cette fête avait rassemblé plus de 10 000 personnes sur la place du village. "J’en ai des frissons en vous en parlant, sourit Stéphane Deloche. C’est pour vivre ça que l’on fait de type de partenariat. Cette âme-là, ces sportifs ne l’ont nulle part ailleurs."
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.