: Reportage "La seule étape où le feu et l’eau vont se côtoyer" : dans les coulisses du parcours de la flamme olympique en Martinique
Il est 6 heures du matin, le jour commence à se lever. La montagne Pelée est coiffée, comme souvent, d’une épaisse couche de nuages. L’ascension du point culminant de la Martinique peut démarrer. "Le but, c’est de reconnaître une séquence où l’on souhaite amener la flamme, raconte, au détour d’un passage étroit, Romain Caubin, en charge des étapes de la flamme pour l’Outre-mer. On reconnaît tous les endroits où on envisage d’allumer la torche. On essaye d’imaginer des scénarios selon la météo et selon le temps de l’ascension pour le jour J."
Le jour J, ce sera le 17 juin 2024 et l’image doit être belle. "Le 17 juin, le lever du soleil, ce sera 5h36, précise Grégory Murac, directeur délégué du relais de la flamme à Paris 2024. Il faut compter une heure et demie d’ascension, allumer la torche avec la lanterne au moment où le soleil apparaît. Nous aurons deux relayeurs, un homme et une femme, et il y aura cette vue dégagée avec un côté mer et un autre montagne. Ce sera superbe."
Plusieurs options, en fonction de la météo
Le site idéal où sera allumée la torche et trouvée : à 1236 m d’altitude au niveau du deuxième refuge. Mais il faut aussi trouver un plan B, voire un plan C plus bas. Car le seul juge de paix pour choisir le site définitif, ce sera le temps, très capricieux sur le site. "Comme sur beaucoup de points du parcours, nous sommes dépendants de la météo, précise Romain Caubin. Il y a le risque que ce soit très nuageux et bouché comme aujourd’hui, mais on aura quand même le symbole et l’image."
Repérer des mois à l’avance le parcours de la flamme est précieux, car rien ne doit être laissé au hasard, même dans les détails les moins évidents. "Dans la descente de la montagne Pelée, je ne suis pas persuadé que ce soit une excellente idée d’amener les relayeurs une torche à la main, sourit Grégory Murac. On a vraiment besoin de ses deux mains pour ne pas tomber. Il va falloir trouver une solution pour transporter la lanterne et les torches, sans doute sur le dos. C’est bien, ça a été très instructif et ça nous donne plein de trucs sur lesquels réfléchir." Un autre membre du groupe plaisante au sujet du fort dénivelé de cette partie : "Il faut que les relayeurs soient en bonne santé cardio-vasculaire et au niveau des membres inférieurs."
Un décor de carte postale
Une fois la torche redescendue de la montagne, elle ira sur une yole ronde, l’embarcation emblématique de la Martinique. Elle franchira la passe de l’écurie au Robert, un étroit passage maritime très prisé de l’île. Une vraie carte postale. "On a la chance d’avoir la seule étape où le feu et l’eau vont devoir se côtoyer et dévoiler chacun sa beauté et sa force, se félicite Corinne Caliari, la directrice des sports du Robert, une ville de l’est de la Martinique.
"Aussi petite soit-elle, on est une commune qui aura une ouverture sur le monde comme on n’aurait jamais espérer avoir auparavant."
Corinne Caliari, la directrice des sports du Robert, une ville de l’est de la Martiniqueà franceinfo
La Martinique accueillera la flamme une journée et il a fallu faire des arbitrages. Elle ne peut pas aller partout, explique Thâo Wan-Ajouhu, chargé du relais de la flamme pour la Collectivité territoriale de Martinique (CTM). "Au départ, on avait envisagé un parcours où la flamme était censée faire tout le tour de la Martinique. On a dû faire des choix, discuter avec Paris 2024. Il y aura sept points de passage. Nos choix se sont portés majoritairement par rapport aux contraintes de timing et aux sites emblématiques qu’on voulait mettre en avant, dont la montagne Pelée."
Anticiper les impondérables
Les représentants du Cojo ont poursuivi leur travail de fourmi en Guadeloupe fin novembre. "La flamme ne peut être visible sur une torche qu’à un seul endroit au même moment, développe Grégory Murac qui est à la tête d’une équipe d’une dizaine de personnes. Il faut que ce soit une mécanique très précise et tout ce travail de préparation nous permet le jour J, si on est confrontés à des impondérables, qui ne manqueront pas d’arriver, d’avoir la capacité de réagir parce qu’on aura réussi une belle planification en amont."
La Martinique sera la dernière étape du "Relais des océans" en outre-mer (après des passages en Guyane, à la Réunion, en Polynésie et en Guadeloupe) avant de regagner la métropole dès le 18 juin du côté de Nice.
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