Reportage Paris 2024 : à Eaubonne, au cœur du camp de base de Team USA pendant les Jeux

La délégation américaine s'installera dans un complexe entièrement rénové du Val-d'Oise pendant toute la période des Jeux olympiques et paralympiques.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Le centre Stéphane Diagana est une des installations d'Athletica, qui accueillera l'équipe américaine des Jeux olympiques et paralympiques, à Eaubonne (Val d'Oise). (THOMAS SAMSON / AFP)

De l'extérieur, difficile d'imaginer qu'au bout de cette ruelle de la paisible ville d'Eaubonne (Val-d'Oise), se cache Athletica, où va s'entraîner la "plus prestigieuse délégation olympique après la France", selon Arnaud Zumaglia, le directeur général du centre. C'est dans cette commune de 25 000 habitants, située à vingt minutes de Paris, que "Team USA" a choisi de poser ses valises pendant toute la durée des Jeux olympiques et paralympiques.

La rencontre entre le Centre départemental de formation et d'animation sportives (CDFAS), renommé Athletica pour simplifier à l'international, et la délégation américaine remonte à 2018. A cette époque, Arnaud Zumaglia raconte être resté dubitatif face à un e-mail d'une agence marketing chypriote, qui lui annonce avoir acquis les droits de plusieurs délégations pour rechercher les centres d'entraînement, et souhaite venir visiter le site sous deux jours.

20 hectares d'installations à vingt minutes de Paris

"Je leur dis qu’on était en travaux, ce qui était le cas, mais qu’on pourra les recevoir plus tard car cela me semblait suspect. Quarante-huit heures après, on m'annonce que la délégation américaine est à l’accueil et souhaite visiter les installations", rembobine le directeur général. Le projet est lancé, puis validé fin 2019.

Des portraits de LeBron James et Simone Biles sont disposés dans l'entrée d'Athletica. (THEO GICQUEL / FRANCEINFO: SPORT)

Pourquoi Team USA, si minutieux et exigeant, a-t-il porté son dévolu sur ce site, lui qui en a visité entre 30 et 40 à Paris, mais aussi à Chartres ou Lille ? "Eaubonne est géographiquement très bien placée, car pas loin de l'aéroport, du Stade de France, du village olympique. On a réussi à proposer plus de 20 hectares d’infrastructures sportives aux Américains. C’était un atout majeur d’avoir à la fois la géolocalisation et la qualité des installations et de services", poursuit Arnaud Zumaglia. Avec une spécificité unique : "On a la capacité de privatiser pendant deux mois, chose que les Américains n’ont jamais eue sur les précédentes éditions".

Depuis, les Américains sont venus pas moins de... 30 fois visiter les installations qui accueilleront 900 athlètes, et 5 000 personnes qui vont travailler pour eux. "Au total, 25 000 personnes transiteront ici entre leur arrivée en juillet et leur départ en septembre", précise le directeur général.

Le stade couvert Stéphane Diagana à Athletica. (THEO GICQUEL / FRANCEINFO: SPORT)

Une fois le choix arrêté, de grands travaux de rénovation ont été entrepris pour satisfaire les exigences d'une délégation qui vise 120 médailles à Paris, "120 médailles d'or", précise Arnaud Zumaglia. "Rien ne s’improvise, on est sur la performance ultime. On a fait des ajustements en fonction de leurs demandes, ils ont participé et aujourd’hui, ça leur convient", se félicite le directeur général.

Un agrandissement accéléré par les Jeux

Le site, en plus des terrains en extérieur, est divisé en deux grands complexes. Le premier, nommé Luc Abalo en hommage au handballeur français qui a débuté ici, comporte le plus grand parquet d'Île-de-France (1 600 m2), et accueillera les répétitions pour l’escrime, le judo, le taekwondo et une partie de la gymnastique, en plus des sports de parquet.

Pour l'escrime, Team USA viendra carrément avec... ses propres pistes. Mais le centre pourra réagir à toute demande express. "On est capable en une demi-journée d'apporter des transformations s'il y a un besoin spécifique", précise Arnaud Zumaglia.

Le complexe Luc Abalo d'Athletica, qui accueillera l'entraînement de plusieurs disciplines pour les Américains. (THEO GICQUEL / FRANCEINFO: SPORT)

L'autre installation majeure, le centre Stéphane Diagana, est une piste d'athlétisme intérieure, visitée jeudi 13 juin par la légende Tommie Smith, de passage en France, et qui a tenu à visiter le camp de base américain.

Le centre, qui accueille 300 000 usagers et 80 événements chaque année, aspire à devenir une "référence d'excellence sportive en France", selon Marie-Christine Cavecchi, la présidente du département. Son projet de rénovation s'est enclenché pour aboutir à un site entièrement rénové, tout équipé, et qui sera ensuite transmis aux sportifs français comme héritage. "Depuis 2010, on a une volonté de s’agrandir. La venue de Team USA a accéléré ce processus, car on a vu le niveau d’exigence du plus haut niveau mondial", poursuit Arnaud Zumaglia.

La modernisation de ce complexe, qui semble flambant neuf, s'élève à 27 millions d'euros, et a été financée par les collectivités territoriales et le Fonds de solidarité et d’investissement interdépartemental. "Sur les 27 millions, le département a financé environ la moitié. Les travaux de modernisation n’ont pas été faits pour l’accueil des Américains. Quand ils partiront, il n’y aura pas eu d’argent public qui aura été dépensé pour eux, et ils laisseront même un héritage financier et matériel", précise le directeur général.

Arnaud Zumaglia, directeur général d'Athletica (debout tout à gauche), l'ancien athlète Tommie Smith et sa femme (assis, au centre), en compagnie du double médaillé olympique Pascal Gentil (2e assis en partant de la droite) et de Xavier Haquin, président d'Athletica (assis, tout à droite). (THEO GICQUEL / FRANCEINFO: SPORT)

Rien n'est laissé au hasard : dans les 100 chambres, principalement dédiées au staff mais qui pourront aussi accueillir des athlètes en transit, des matelas libérant des enzymes favorisant la récupération ont été placés à la demande de certains membres.

"L’idée, ce n'est pas de faire les choix pour les Américains, mais tant mieux si on a une double validation. S’ils leur plaisent, on peut supposer qu’ils plairont aux athlètes français", ambitionne Arnaud Zumaglia. Idem pour la restauration, qui délivrera environ 700 repas par jour. "La dimension nutrition est réglée au millimètre chez eux", ajoute-t-il.

Une chambre double à Athletica, camp de base de la délégation américaine lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. (THEO GICQUEL / FRANCEINFO: SPORT)

A un mois de l'arrivée des athlètes, aux alentours du 10 juillet, seule la présentation est encore à polir. "Il ne nous reste que l’habillage aux couleurs des USA, afin qu’ils se sentent comme chez eux. Et tout sera remplacé à partir du 15 septembre pour retrouver l’habillage des compétitions françaises", précise le directeur général. En ce 13 juin, seuls sont présents un drapeau américain et des affiches à l'effigie du basketteur LeBron James et de la gymnaste Simone Biles, "les deux stars les plus attendues par les jeunes ici", selon le directeur du centre.

A Eaubonne, tout semble donc sur les rails pour accueillir la délégation la plus titrée de l'histoire des Jeux d'été. "On est prêt. Le stress qu’il reste, ce sera pour les aléas. On est à 80% de nos capacités, on accepte d’avoir 20% d’aléas à gérer. C’est un rêve éveillé d’accueillir Team USA ici", conclut Arnaud Zumaglia.

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