: Reportage Paris 2024 : "Elle a fini de barboter ?" Entre amusement et étonnement, les badauds ont suivi la baignade d'Anne Hidalgo dans la Seine
Trois embarcations avec les caméras de la presse française et américaine, plusieurs dizaines de journalistes accrédités dans le périmètre de sécurité sur le quai et au moins autant en dehors… Si l'engagement devait être honoré depuis plus de six mois, le dispositif autour de la baignade d'Anne Hidalgo dans la Seine, mercredi 17 juillet, a vite paru démesuré quand la maire de Paris est ressortie de l'eau au bout de quatre minutes montre en main, peu avant 10 heures.
A neuf jours des Jeux olympiques, l'édile a parcouru, en combinaison, la centaine de mètres qui séparaient une plateforme, installée pour l'occasion au niveau du quai des Célestins, dans le 4e arrondissement de la capitale, d'un ponton aménagé sur le Bras Marie du fleuve. Une promesse tenue sous le soleil, en dépit des reports successifs liés au débit de la Seine, puis aux élections législatives, en compagnie de Tony Estanguet, président du comité d'organisation de Paris 2024, et du préfet de la région Ile-de-France, Marc Guillaume.
Crawl énergique et water-polo improvisé
De là à parler d'un plongeon, on repassera. Parmi les officiels, seul l'adjoint aux Sports de la mairie, Pierre Rabadan, s'est risqué à faire le grand saut. Le reste de la troupe a opté pour une entrée plus classique par l'échelle. De quoi décevoir les badauds, qui se sont rabattus sur le crawl maîtrisé de l'élue socialiste pour se muer en juges, comme aux JO. "Bon, si c'était si rapide, c'est aussi parce qu'elle a nagé avec le courant ! Les bons nageurs derrière elle font du surplace lorsqu'ils vont à l'envers", note Xavier, en pointant la trentaine d'autres baigneurs invités en train de jouer avec un ballon de water-polo.
"J’habite à côté donc je suis venue voir, explique Jessica, une jeune Américaine qui travaille en France depuis peu. On a quand même l’impression que tout est très orchestré. Je ne pense pas que ça me donne envie de plonger". "C’est vraiment l’occasion de se donner en spectacle : 'regardez ce que nous avons fait, ce dont nous sommes capables'", la rejoint Alban, 21 ans. Il lève les sourcils au moment où son ami Emile, plus enjoué et qui l'a traîné sur les quais de Seine mercredi, reconnaît qu'il s'agit d'un dispositif "un peu contradictoire avec la simplicité de l’idée de la baignade".
Le moment, moins "ridicule" tout de même que la glissade de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, quatre jours plus tôt sous le pont des Invalides, revêt évidemment un fort enjeu politique. "Ils attendent un couac", s'amuse Christophe, chauffeur pour la télévision japonaise, en désignant ses clients. "En vérité, il n'y a rien d'exceptionnel à cette petite baignade, tout se passe bien, d'autant qu'il y a toute la sécurité autour", ajoute cet habitué des "ploufs" dans la Seine en amont de Paris.
"Je ne comprends pas pourquoi ils ont interdit l'accès"
La police municipale et le personnel de sécurité de la mairie s’assuraient justement qu’il n’y ait "pas de banderole" ou autre message politique déployé depuis le pont de Sully avant la baignade dans une eau avoisinant les 20°C. "J’ai une pensée pour Jacques Chirac aujourd’hui, je crois qu’il avait très envie de se baigner dans la Seine [il en avait fait une promesse en 1988 alors qu'il était maire de Paris, sans la tenir] et vous voyez, parfois, ça met un peu de temps", se réjouit de son côté Anne Hidalgo en train de se sécher.
"Ah, elle a fini de barboter ?", demande au même moment Mélanie sur la rive d'en face, où une foule garnie de plus de photographes que de passants s'était massée. "Je n'ai rien vu du tout et je ne comprends pas pourquoi ils ont interdit l'accès au quai. Anne Hidalgo voulait faire sa pub, c'est raté puisqu'il n'y a qu'un petit nombre d'initiés et d'invités qui sont là et le public n'a pas vu grand-chose", poursuit cette retraitée, avant de confier avoir toujours "des doutes sur la qualité de l'eau".
Didier, 65 ans, est ravi d'avoir pu assister à "ce symbole fort" mais avoue, lui aussi, vouloir attendre les futurs résultats d'analyse des eaux de la Seine pour aller s'y baigner, comme ce devrait être le cas à partir de 2025. "Je ne suis pas un adepte des Jeux olympiques. Pour moi, c'est une immense machine à fric, mais pour Paris c'est formidable. Anne Hidalgo avait dit qu'elle irait et je pense que si cela n'avait pas été le cas, on lui serait tombé dessus", estime ce Parisien, venu spécialement à vélo.
A peine un quart d'heure après la fin du bain de la maire, les habitants et touristes de passage ont déguerpi et il n'y a plus que la presse pour suivre la fin des réjouissances. Pour le public, il s'agit désormais d'attendre les épreuves de triathlon et de nage en eau libre durant la quinzaine olympique pour voir des exploits autrement plus spectaculaires.
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