Cet article date de plus de trois ans.

JO 2021 : ce qu’il faut savoir sur les "décathloniennes" du rugby à 7 avant l'entrée en lice des Bleues

L'équipe de France de rugby à 7 affronte les Fidji pour son premier match vers son rêve de médaille olympique jeudi.

Article rédigé par Justine Saint-Sevin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La Française Camille Grassineau poursuivie par deux joueuses russes lors d'un tournoi à Cape Town, en décembre 2019. (RODGER BOSCH / AFP)

Les Bleues du rugby à 7 abordent, jeudi 29 juillet, les deuxièmes Jeux olympiques de leur histoire. Après une sixième place en 2016 à Rio, le groupe mené par sa capitaine historique Fanny Horta rêve d'un podium. L'occasion de présenter, avec le sélectionneur David Courteix, un rugby bouillonnant d'intensité où tout va plus vite et qui se démarque en certains points du rugby à XV.

Quelles règles pour le rugby à 7 ?

Le rugby à 7 c'est avant tout un format un peu particulier. Avec deux mi-temps de sept minutes et une pause au milieu de deux minutes pour reprendre son souffle. "Regarder un match de 7 ça va vous prendre entre 18 et 20 minutes à peu près. Sur ces JO, on part sur une formule de six matchs à jouer et il faudra en gagner le maximum", précise David Courteix.

"Le 7" ou "sevens" comme le surnomment les puristes, c'est un temps de jeu raccourci sur un terrain équivalent à celui du XV qui implique forcément un rapport au jeu différent. "Même si les règles fondamentales sont absolument les mêmes, à 7 c'est l'équipe qui marque qui va réengager. Il n'y a pas beaucoup de ballons à jouer dans un match donc on estime que c'est à l'équipe qui a marqué, de devoir récupérer le ballon. Ça rend cette phase statique des renvois prédominante, elle est encore plus importante qu'à XV", ajoute-t-il.

On n'est qu'à 7 sur le terrain donc ça modifie le rapport espace-temps, pour attaquer, pour défendre, les passes sont plus longues, le ballon reste plus longtemps en suspension, le rythme des soutiens est aussi différent.

David Courteix, sélectionneur de l'équipe féminine de rugby à 7

à franceinfo: sport

Pour les mêlées et les touches, rien ne change vraiment si ce n'est qu'elles se jouent en effectif réduit. Trois joueuses contre trois s'affrontent en mêlée dans une phase de jeu où l'on "favorise parfois un peu trop l'équipe qui introduit le ballon pour qu'elle puisse le garder." Sur les touches, deux ou trois joueuses par équipe se présentent en moyenne dans l'alignement. En gros, si vous suivez le rugby à XV il n'y a pas de raison d'être perdu devant votre écran. Et pour les novices, c'est un excellent moyen de prendre un bon shot de rugby dans un court laps de temps.

Quelles sont les qualités privilégiées des joueuses à 7 ?

"Trop de personnes et d'entraîneurs continuent à opposer le XV et le 7, alors que les fondamentaux sont identiques, qu'un excellent joueur de 7 sera quasi à coup sûr aussi bon à XV et inversement, même si ça nécessite une certaine capacité d'adaptation dans l'appréciation de l'espace et du temps", tient d'abord à rappeler le patron des françaises.

Ceci étant dit quand on doit balayer à 7 un terrain de 50 mètres de large et de 100 mètres de long, la moindre erreur peut rendre tout très chaotique, très vite. Ce qui explique d'autant plus que la capacité à s'adapter individuellement et collectivement soit primordiale. "Il faut être capable de faire de longues passes, rapides, vives, précises, de lire différemment les espaces, d'adapter ses timings de course. Vous pouvez courir très vite, si vous arrivez une fraction de seconde trop tôt ou trop tard, ça ne sert à rien", soutient David Courteix.

Ne vous étonnez donc pas de voir une Camille Grassineau alterner entre les costumes de pilier, de talon ou encore de demi de mêlée, comme "70%, 80% de l'effectif" elle est capable d'enfiler toutes les casquettes. "On a fait le choix d'avoir des joueuses qui savent à la fois tout faire et qui ont un gros point fort personnel. Par exemple, on a pas de profil d'avants types, comme à XV où on va chercher à développer des qualités techniques particulières et un morphotype. Chez nous la quasi-totalité de l'équipe est capable de jouer devant. Après bien sûr il y a un travail de ligne, technique, de compréhension du poste, mais on est loin de la spécificité et du type de profil demandé à XV." 

Une polyvalence qui n'est pas étrangère au XV où elle est même souvent la marque des plus grands. "Si on regarde les équipes de France, elles ont toujours eu des joueurs et notamment des avants capables de tout faire. Quand j'étais gosse, il y avait Daniel Dubroca, Laurent Cabannes, Philippe Benetton, plus récemment Califano ou Magne, des avants coureurs, capables de se déplacer tout en étant de redoutables manieurs de ballon."

Quelles ambitions pour les Bleues ?

À Tokyo, l'équipe de France, vice-championne du monde en 2018, se déplace avec "un rêve dans un coin de la tête", la confiance gonflée à bloc par un tournoi de qualification olympique où elles ont écrasé la concurrence. Cinq matchs, cinq larges victoires et pas un essai encaissé. "Il y a beaucoup de repères, un enthousiasme sain, par moment ça barde, ça s'engueule, mais c'est aussi dans ces moments-là qu'on avance le mieux, donc on est dans des conditions optimales, il y a de l'envie, de l'appétit", confirme David Courteix.

Cette équipe peut avoir un podium, peut-être rêver de mieux, mais ça dépendra aussi beaucoup de nos adversaires. Les filles mériteraient d'être championnes olympiques, mais elles ne sont pas les seules.

David Courteix, sélectionneur de l'équipe féminine de rugby à 7

à franceinfo: sport

Dans un sport où un mauvais rebond peut tout changer et où le temps de jeu réduit n'offre pas toujours de seconde chance, les Bleues s'avancent avec des certitudes, mais restent prudentes. "On est une équipe qui s'est construite dans l'humilité. Des joueuses sont là depuis longtemps, on a pris de bonnes claques, qui nous ont beaucoup appris, qui nous aussi fait mal. Le rêve existe parce qu'on pense qu'on a les moyens de le rendre réel", conclut David Courteix. Le premier pas vers cette quête débute jeudi, à 2 heures du matin contre les Fidji.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.