Rugby à 7 : les Bleus vainqueurs à Los Angeles, un effet Dupont déjà palpable

L'arrivée du quinziste au sein de l'équipe de France de rugby à 7 a mené le collectif à deux podiums en autant de tournois, dont un sacre qui a mis fin à 19 ans de privation chez les Bleus. Si le néophyte s'en défend, c'est tout sauf un hasard.
Article rédigé par Julien Lamotte, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Antoine Dupont lors de la finale du tournoi de rugby à 7 de Los Angeles, face à l'Angleterre, le 4 mars 2024 (PATRICK T. FALLON / AFP)

Un être vous arrive et tout est repeuplé. Galvanisée par l'apport d'Antoine Dupont, joyau du rugby à XV et meilleur joueur du monde en 2021, l'équipe de France de rugby à 7 a remporté, dimanche 3 mars, le tournoi de Los Angeles. Le demi de mêlée n'aura dû attendre que dix jours de compétition au sein de sa nouvelle famille pour que celle-ci remporte son premier titre sur le circuit mondial depuis 2005. 

En aidant les siens à corriger (21-0) les Anglais en finale du tournoi californien, le joueur du Stade toulousain a, de lui-même, parfaitement validé son choix de mettre le XV bleu entre parenthèses pour se consacrer à la quête de l'or olympique avec les septistes. "Il y a eu des finales, mais il n'y avait pas encore eu le titre. Ça valide le travail qui a été fait et permet de gagner en confiance à l'approche des échéances qui arrivent", résume celui qui a troqué le numéro 9 avec le XV pour le numéro 25 avec le 7.

"Les Bleus tiennent enfin un titre, s'enthousiasme Paul Albaladejo, ancien joueur et ancien entraîneur adjoint du 7 tricolore. Il y en avait marre des défaites encourageantes". Si notre consultant rugby à 7 comprend "le tapage médiatique" fait autour du nouveau venu, il se félicite que tout se passe en parfaite harmonie : "Antoine est tellement humble et il a un tel leadership naturel que je ne sens pas les autres joueurs dans le calcul ou la jalousie, se disant qu'il va leur piquer leur place". 

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Au moment même où ses coéquipiers habituels s'embourbent dans les terrains, et les résultats, boueux du Tournoi des six nations, Antoine Dupont et ses nouveaux copains s'éclatent sous le soleil angelino. Pourtant, celui sur qui tous les regards sont tournés ne tire pas la couverture à lui. Ce n'est pas le genre de la maison. "Je suis juste hyper content, fier de l'équipe. Ce n'est que mon deuxième tournoi, je sais qu'ils travaillent depuis un moment", s'est attaché à rappeler, en conférence d'après-match, celui qui aspire à être le non-héros du jour. Et d'ajouter : "Mon rôle, c'est juste joueur de l'équipe. Je suis encore en apprentissage, je ne vais pas faire de grands discours alors que ce n'est que mon deuxième tournoi avec eux."

"Un phénomène qui a un QI rugby exceptionnel"


Avec leur nouvel étendard, les Bleus savent qu'ils peuvent briguer l'or olympique à Paris. "On veut faire quelque chose de grand", confirme Dupont. "C'est clair qu'il y a un effet de boost", se réjouit de son côté Paul Albaladejo, en admiration devant celui qu'il décrit comme "un phénomène qui possède un Q.I. rugby exceptionnel". D'autant que, d'ici-là, l'habituel demi de mêlée a encore du temps pour mieux se fondre dans le collectif. Et ce, même s'il a déjà démontré des capacités d'adaptation sidérantes. Reste à affiner les automatismes et à travailler la "caisse physique"



Le Français semble encore manquer de foncier pour accumuler les sprints de 80 m, une spécificité propre au rugby à 7. "Le quart et la demie ont été très durs. En demi-finale, j'ai eu deux sprints sur les deux premières actions qui ont rendu compliqué ma première période (rires)", reconnaissait l'intéressé à l'issue de la finale.

Mais son sens de la passe, ses appuis et sa défense font déjà merveille au sein d'un groupe conquis. "Il sait vraiment tout faire, il est impressionnant. On essaie de s'appuyer là-dessus pour marquer des essais plus facilement que d'habitude", a commenté son expérimenté coéquipier Stephen Parez, qui a passé le cap des 100 essais inscrits, lors de cette étape américaine. Un ressenti partagé par Varian Pasquet : "Le déclic, c'est qu'on a beaucoup travaillé, on a de l'expérience, et on a un facteur X avec nous." Cette merveille de passe au pied - geste très rare sur le circuit à 7 où l'on préfère minimiser les risques d'un contre express - qui aboutissait à un essai de Nelson Epée lors du match de poules contre la Grande-Bretagne (victoire 19-12), est le parfait exemple de sa panoplie de quinziste, atout de taille pour surprendre les défenses.

Si l'apport technique de Dupont est déjà indéniable, c'est sans doute dans la mentalité bleue que son arrivée a porté le plus de bénéfices. Après un début de saison moyen sur le circuit mondial (10es, 8es puis 6es), les hommes de Jerôme Daret ont réussi leur tournée nord-américaine, la première de Dupont, avec une 3e place à Vancouver la semaine dernière. Avant l'apothéose californienne, et en attendant encore mieux, dans quelques mois, sur leur propre sol. 

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