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JO 2022 : "C’est un homme incroyable !" Johan Clarey, le jour de gloire d'un héros discret, modèle pour ses coéquipiers

Médaillé d’argent en descente à 41 ans, Johan Clarey est non seulement un symbole de longévité, mais aussi une inspiration pour les autres skieurs français.

Article rédigé par Adrien Hémard Dohain, Quentin Ramelet, franceinfo: sport - De nos envoyés spéciaux à Yanqing et Zhanghjiakou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Johan Clarey à l'arrivée de la descente olympique des JO de Pékin, le 7 février 2022. (FRANCOIS-XAVIER MARIT / AFP)

L'éloge de la patience, notamment pour les plus jeunes. Johan Clarey, 41 ans, aura dû attendre ses quatrièmes Jeux olympiques pour goûter aux joies d'un podium sous les cinq anneaux. Comme chez lui sur la piste de Yanqing, le skieur de Tignes a dompté la neige chinoise, lundi 7 février, pour s'offrir une médaille d'argent à laquelle il ne croyait plus.

"Si on me l'avait dit ce matin, je n'y aurais pas cru parce que je commençais à être fatigué. J'ai persévéré, à l'image de ma carrière. Il me faut du temps pour faire les choses, plaisantait le Français dans l'aire d'arrivée. C'est juste fantastique, je pense à tous les gens qui m'ont aidé. Je pense aussi à David Poisson qui nous a quittés il y a quatre ans. C'est fort."

Incroyable performance du Français Johan Clarey. À 41 ans, il décroche la médaille d'argent au terme d'une descente de folie !
Descente hommes : le Français Johan Clarey médaillé d'argent Incroyable performance du Français Johan Clarey. À 41 ans, il décroche la médaille d'argent au terme d'une descente de folie !

A peine médaillé olympique, et déjà une pensée pour son ancien coéquipier de vitesse, disparu en novembre 2017 lors d'un entraînement du groupe France au Canada : voilà qui résume bien l'humanité d'un athlète qui pense toujours au collectif. 

Le "papy" du groupe France

A Yanqing, ses coéquipiers étaient d'ailleurs les premiers à se réjouir du sacre de leur "Jojo". "Je suis tellement content pour Jo, notre papy du groupe. C'est une énorme source d'inspiration au-delà du résultat, juste quand on le côtoie. Je suis le plus jeune, moi je le pousse et lui me tire, sourit Matthieu Bailet, 25 ans et 27e de la descente lundi. Je prends tout ce que je peux de lui."

"C'est un athlète qui donne. Pour rigoler, on le pousse : 'Encore un an, encore un an !'"

Matthieu Bailet, skieur français

à franceinfo : sport

Blaise Giezendanner (26e lundi) va dans le même sens, soulignant les qualités humaines du nouveau vice-champion olympique de descente. "Il faut utiliser les bons termes : c'est un homme incroyable ! C'est un exemple pour tous les skieurs qui existent, il faut s'inspirer de lui. Il faut oublier l'âge qu'il a, avec tout ce qu'il a traversé dans sa vie, sa carrière... C'est respect éternel. Je m'entraîne avec lui tous les jours, c'est le boss. Pour moi, il n'est récompensé qu'à 95%, il aurait mérité de gagner cette course".

"Un pilier"

Non sélectionné pour la descente olympique, Nils Allègre était pourtant tout aussi heureux que ses compagnons de vitesse : "Jo, c'est un pilier du groupe, je suis hyper fier de lui aujourd'hui. Il est profondément intelligent, discret, mais très volontaire. Il fait tout dans la discrétion, ne brasse pas de tous les côtés, ne dit pas grand-chose. Mais il connaît les moments importants. C'est quelqu'un de bien avant tout."  Et aussi, désormais, un vice-champion olympique à 41 ans, ce qui amuse Allègre : "A 28 ans, je n'y suis pas encore arrivé, alors lui à 41 ans… Je ne sais pas comment il fait."

Après sa sublime descente qui lui a valu une médaille d'argent, le Français Johan Clarey a réagi au micro de France Télévisions. Un rêve pour ce dernier qui savoure cette deuxième place.
Descente (H) - Johan Clarey : "J'en ai rêvé de cette médaille" Après sa sublime descente qui lui a valu une médaille d'argent, le Français Johan Clarey a réagi au micro de France Télévisions. Un rêve pour ce dernier qui savoure cette deuxième place.

Conscient de son rôle de grand frère dans ce groupe France qu'il devrait quitter en fin de saison, Johan Clarey a en plus la délicatesse de renvoyer la télécabine à ses coéquipiers. "J'espère que ça leur montre aussi qu'il ne faut rien lâcher, qu'il faut y croire. J'espère que je les aide un petit peu, mais eux m'aident énormément. Ils ne le savent pas mais ils m'apportent leur jeunesse. Je me sens bien dans ce groupe. On ne fait pas ça tout seul".

Un peu plus loin dans l'aire d'arrivée, un autre grand champion, Martin Fourcade, saluait la performance et "la combativité" du Tignard. "C'est juste magnifique. J'ai toujours aimé ces descendeurs, ce sont de gros bébés qui n'ont pas besoin de gesticuler pour être appréciés. Ils dégagent une sérénité, un calme. C'est toujours une inspiration." Avec cette consécration, Johan Clarey va pouvoir raccrocher les skis avec le sentiment du devoir accompli.

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