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JO 2022 : "Je suis un peu dans le déni pour l'instant", témoigne la skieuse Camille Cerutti, après sa grave blessure en descente

Pour ses premiers jeux olympiques, la Française de 23 ans a raté sa réception après un saut et glissé sur plusieurs mètres à très grande vitesse. Son cri de douleur a marqué les esprits à Pékin.

Article rédigé par Guillaume Battin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La skieuse française Camille Cerutti chute lors de la finale féminine de descente aux jeux olympiques d'hiver de Pékin (Chine), mardi 15 février 2022.
 (FABRICE COFFRINI / AFP)

Tous les spectateurs ont retenu leur souffle mardi 15 février aux JO d'hiver de Pékin. La skieuse marseillaise Camille Cerutti, 23 ans, est tombée et a quitté la piste olympique à plus de 110 km/h lors de la descente. Elle a été évacuée sur une civière après une longue interruption. Les médecins du village olympique ont diagnostiqué une rupture du ligament croisé antérieur et une lésion du ménisque. Avant d'être rapatriée en France, dans les prochaines heures, elle a raconté à franceinfo sa frayeur et sa deception.

franceinfo : Que s'est-il passé sur la piste de descente ? Comment expliquez-vous cette chute ?

Camille Cerutti : J'ai senti directement à la réception de la bosse que le genou lâchait. C'est bête, mais j'avais pris exactement la même ligne que les autres jours. Pour moi, j'étais au bon endroit, mais le problème, c'est que je suis arrivée un poil plus vite et donc j'ai sauté plus longtemps. J'ai été déséquilibrée et en replacant directement, j'ai senti le genou lâcher et je me suis dit "Allez, je tente de prendre la porte d'après". Et c'est là que j'ai hurlé parce que j'ai vraiment senti qu'il n'y avait plus rien dans le genou. Grosse glissade après et voilà. Après j'ai fini dans les filets.

On vous a entendu crier jusqu'en bas de la piste alors que votre chute a eu lieu plutôt en haut. Que signifie ce cri ? De la douleur, de l'effroi, de la colère, la peur de glisser sans savoir s'arrêter ?

C'était un peu un cri de "non, pas ça". C'est dur de se dire "tu t'entraînes toute l'année pour une chose et le moment venu, ça lâche c'est ouf [c'est fou]". C'est un peu frustrant, mais après, quand j'ai commencé à glisser, c'était plus de la peur. J'ai vu arriver le filet et je sentais que je n'avais pas déchaussé. Je me suis dit "ne rajoute pas des choses là-dessus". J'ai de la chance qu'il y ait eu de la neige sur le côté qui m'a arrêtée. Il y a deux jours à l'entraînement, je m'éclate le bras et on pensait que je m'étais pété le bras. Au final, non, je me suis suis dit "trop bien, je vais courir. Je vais pouvoir enfin suivre mon rêve olympique et faire une vraie course". Et voilà. En fait, non, ça ne peut pas.

Comment est-ce que vous vous sentez aujourd'hui et comment appréhendez-vous la suite ?

Je crois que je suis un peu dans le déni pour l'instant. Je n'arrive pas trop à m'en rendre compte. J'ai vécu une blessure vraiment grave au dos où j'ai dû arrêter de skier pendant un an et je n'étais même pas sûre de reskier un jour. Donc là, je me dis juste bon, tout le monde y passe. Quand on regarde le podium aujourd'hui, les filles, elles ont au moins deux [ligaments] croisés chacune. À la maison, j'ai mon copain qui m'attend, qui s'est fait le croisé il y a trois mois. Ça va être bien entre skieurs à la maison !

Sinon, franchement, j'ai vraiment de la chance. Je n'ai pas le genou qui est super gonflé. Je n'ai pas d'énormes douleurs, je ne demande même pas d'antidouleurs, donc ça va. Mais pour l'avion, ça va être un peu embêtant avec toutes les valises. J'attends de rentrer chez moi, de voir ma famille. Je pense que je leur ai fait une frayeur pas possible. La suite, on verra mais je vais voir le chirurgien la semaine prochaine. On l'a déjà appelé. C'est déjà tout calé. C'est la vie et on y passe tous. 

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