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JO 2022 : Marco Odermatt à pas de géant

Le nouveau patron du ski mondial est un jeune suisse de 24 ans. Gros globe de cristal quasi en poche, Marco Odermatt peut définitivement marquer la saison de son empreinte lors des Jeux olympiques de Pékin.

Article rédigé par Xavier Richard, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Leader incontesté du classement général de la Coupe du monde, le Suisse Marco Odermatt est l'homme fort de cette saison 2021-2022. (TIZIANA FABI / AFP)

Dans le canton de Nidwald, au centre de la Suisse, les Odermatt sont aussi nombreux que les prairies luxuriantes. 6 000 portent ce patronyme qui signifie "sur le pâturage". C’est là, loin des grandes stations du Valais, que Marco (24 ans) a usé ses skis et façonné son style en dévalant les pentes jusqu’à épuisement. Jamais rassasié de neige et de victoires.

Depuis cinq ans, son éclosion chez les meilleurs skieurs de la planète était programmée. Ses temps de passage, une promesse autant qu’une menace pour la concurrence. Avec l’aisance des plus grands, le Suisse marque des points dès sa première course de Coupe du monde à Saint-Moritz, en 2016. Deux ans plus tard, "Odi" réalise le grand chelem aux Mondiaux juniors de Davos. 5 titres en autant d’épreuves, de la vitesse pure à la technique, une razzia qui en appelait d’autres. Et déjà, sur son nom, l’éloge de la polyvalence.

Le nouveau Hirscher ?

"Il a des pieds en or", s’émerveille Luc Alphand, vainqueur du gros globe de la Coupe du monde en 1998 et consultant pour France Télévisions. "C’est un skieur super talentueux naturellement. Ce n’est pas un gars qui doit forcer pour aller vite. Il est bluffant de polyvalence." C'est sur le terrain des skieurs multicartes qu’Odermatt a déboulé avec ses certitudes. Les puristes diront que son style n’est pas le plus beau et que ça bouge beaucoup. Mais qu’il est efficace. À l’aise dans toutes les situations, le Suisse peut gagner presque partout. Intouchable en Géant. En passe de l’être en Super-G. Il est également parmi les tout meilleurs en descente, comme il l’a prouvé avec sa 2e place sur le juge de paix de la saison, la mythique Streif de Kitzbühel mi-janvier.

Avant de débarquer à Pékin (4-20 février), Odermatt affiche un bilan impressionnant en Coupe du monde : 6 succès (4 Géants et 2 Super-G) et 11 podiums. Une domination qui se traduit également au classement général. Battu par un Alexis Pinturault exceptionnel l’an passé, malgré la barre des 1000 points franchie, le Suisse a passé la vitesse supérieure. Il a éparpillé la concurrence en quelques mois. Au moment de s’envoler pour la Chine, il possède 375 points d’avance sur Aleksander Aamodt Kilde et 508 sur Matthias Mayer. Un gouffre qui rappelle les années Marcel Hirscher, Monsieur gros globe (8 consécutifs), qui matait la concurrence avec environ 500 points d’avance chaque saison. "Ce qui fait qu’il est une machine en ce moment, c’est la confiance", explique Luc Alphand. Il est dans une série où tu as l’impression que rien ne peut lui arriver."

Chercheur d'or

L’Autrichien a toutefois attendu ses derniers Jeux à Pyeongchang (2018) pour décrocher l’or olympique. Titré sur le combiné et le géant, Hirscher a buté sur le triplé en slalom, laissant Anton Sailer (1956) et Jean-Claude Killy (1968) comme les seuls skieurs de l’histoire à avoir glané trois médailles d’or sur les mêmes JO. Odermatt peut-il entrer dans ce club très fermé ? "Trois médailles, il peut les faire", assure Alphand. "Trois or, avec le combiné voire le team event, ce n'est pas impossible avec  le mood qu'il a en ce moment." Depuis son parcours doré chez les juniors, le Suisse semble encore perfectible sur les courses d’un jour. Aux derniers Mondiaux, à Cortina d’Ampezzo (Italie), il avait échoué à la 4e place en descente avant de décevoir sur le Super-G (11e) et le Géant (abandon).

Pékin arrive à point nommé et avec des pistes inconnues de tous. Ses capacités d’adaptation seront une vraie force. "Il n’a pas beaucoup de défauts, honnêtement", reconnaît Johan Clarey, descendeur de l’équipe de France. "Je pensais qu’il aurait quelques difficultés à être rapide sur des pistes faciles, qu’il aurait besoin de temps, mais non. Il est vraiment surprenant. Il est capable d’aller vite sur de la glace, sur tous les terrains, toutes les situations. Il a une qualité d’appuis sur les skis assez fantastique. Il développe une puissance et une efficacité que peu de monde a sur le circuit." 

"Tout le monde part de zéro. 25 à 30 % de la performance vient de la tronche. Lui il arrive et ne se pose pas de question. Il va être dangereux le garçon…", conclut Alphand. En dehors de la pression, Odermatt va aussi devoir gérer la fatigue d’un calendrier démentiel. Le Suisse pourrait ainsi être en lice pour une médaille sur cinq disciplines, quatre individuelles (descente, Super-G, combiné, Géant) et une par équipes (parallèle mixte). 13 jours pour une moisson historique.

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