JO 2022 : Julia Pereira de Sousa, les chemins de traverse de la plus jeune médaillée française

Assise dans la neige, les mains sur la tête, Julia Pereira de Sousa-Mabileau ne peut contenir ses larmes qui coulent abondamment. Le 16 février 2018, aux Jeux olympiques de Pyeongchang, la snowboardeuse est entrée dans la lumière, presque par effraction, en se parant de l'argent sur l'épreuve de snowboard cross. À 16 ans et 149 jours, elle est tout simplement devenue la plus jeune médaillée française de l'histoire des JO d'hiver.  

Mercredi 9 février 2022, à Zhangjiakou, Julia Pereira de Sousa fait son retour dans une compétition où tout a commencé. Elle retrouve l'événement le plus médiatique de sa discipline, qui l'a propulsée dans un nouveau monde, dans le cœur des gens alors qu'elle n'est encore qu'une adolescente. "C'est là où je me suis révélée. La sensation est super bizarre, confiait-elle en visioconférence de presse, jeudi dernier. J'essaie de le vivre un peu comme la première fois."

Les attentes étaient trop importantes pour une adolescente

Mais depuis quatre ans, tout a changé pour la native de la région parisienne. "J'ai changé de monde. Ce n'est plus du tout la même Julia qu'il y a quatre ans", consent-elle. Le chemin a été sinueux, bordé de pièges liés à sa nouvelle dimension. "Elle a vécu une période compliquée, elle ne s'attendait pas du tout aux remous médiatiques derrière cette médaille", reconnaît le chef de l'équipe de France Kévin Strucl.

"C'est dur d'avoir une médaille aussi jeune, je n'étais pas prête, on ne m'avait pas préparée à ça, se souvient-elle. Les médias, c'est quelque chose que je ne connaissais pas du tout. Ça a changé beaucoup de choses dans ma vie." Les attentes des médias, de la famille et des proches sont trop grandes pour Julia Pereira de Sousa. Trop grandes pour une adolescente de 16, 17 ans qui ne souhaite rien d'autre que vivre une vie "normale".

"J'avais envie d'aller dans un vrai lycée, de prendre le bus pour rentrer chez moi, d'aller manger un McDo le soir avec des amis, énumère la snowboardeuse de 20 ans. J'avais envie de faire des choses complètement normales et je ne pouvais pas parce que la vie que j'avais décidée de mener n'était pas celle-là." Depuis, l'Azuréenne a passé un cap et pris conscience que le snowboard était son métier à part entière, au-dessus de tout.

Une mononucléose plombe son année post-olympique

Mais, malgré la prise de conscience, le chemin n'est pas devenu moins sinueux pour autant. Après une mononucléose qui l'a handicapée pendant toute la saison post-olympique, Julia Pereira de Sousa ne retrouve toujours pas le chemin du podium en Coupe du monde lors de la saison 2020.

C'est l'année dernière que la Tricolore réalise sa meilleure saison en carrière. Avec deux podiums, elle termine quatrième de la Coupe du monde. "J'ai fait une super saison, la meilleure de ma carrière", se félicitait-elle au mois d'octobre.

Sauf que le sort s'acharne une nouvelle fois sur la vice-championne olympique. Après un été fatigant lié à un changement d'entraîneur et de méthodes dans sa préparation, la tuile survient. En octobre, Julia Pereira de Sousa est victime d'une lésion partielle du ligament antérieur du genou droit. Un vrai coup dur. "Il y a eu des larmes, j'étais au bout de ma vie de m'être blessée. J'essayais de me rassurer en me disant que c'était un signe de la vie", confiait-elle à son arrivée en Chine.

En janvier, en Sibérie, dans la ville de Krasnoïarsk (Russie) elle a retrouvé le chemin de la compétition, près de trois mois seulement après sa blessure. La snowboardeuse termine 20e et 25e avant de prendre la 19e place lors de la dernière manche de Coupe du monde, à Cortina d'Ampezzo, le 29 janvier. Les sensations tardent à revenir : "En Russie ça a été compliqué, en Italie aussi".

"Je me bats un peu contre moi même, c'est difficile."

Julia Pereira de Sousa Mabileau

en visioconférence de presse

Avec seulement trois départs dans les jambes, Julia Pereira de Sousa a déjà tiré un trait sur ses ambitions au classement général. Elle est obligée, par la force des choses, de se concentrer sur les Jeux olympiques. La plus jeune médaillée olympique françaises des Jeux d'hiver ne figure pas parmi les favorites, mais elle connaît mieux que personne ce que peuvent réserver les courses d'un jour. "Je suis prête à accueillir une nouvelle médaille", a-t-elle prévenu.