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JO 2022 : qu'est-ce qui n'a pas farté pour le snowboard cross français à Pékin samedi ?

Les images étaient saisissantes, samedi : les snowboardeurs français ont peiné à avancer sur la piste chinoise, lors de la compétition par équipes. La neige naturelle a piégé le staff tricolore, et les espoirs de médailles se sont envolés.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louis Delvinquière
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les snowboardeurs français Chloé Trespeuch et Merlin Surget, le 12 février 2022, après leur élimination en quarts de finale dans la compétition par équipe, aux Jeux olympiques de Pékin. (MARCO BERTORELLO / AFP)

L'occasion était pourtant belle... Pour la grande première du snowboard cross par équipes aux Jeux olympiques, la France présentait deux beaux duos et figurait parmi les favorites pour une médaille, samedi 12 février. C'était sans compter sans... la (vraie) neige qui est tombée sur la piste. Le facteur météorologique a en effet complètement rebattu les cartes, alors que le choix du fart des Bleus, élément indispensable pour bien glisser, était jusqu'alors pensé pour fonctionner sur une neige 100% artificielle.

>> JO 2022 : quatre questions sur le fartage, l'allié indispensable des athlètes

Il existe des centaines de combinaisons possibles pour le fartage, ce qui le rend encore plus important dans la performance, et délicat à utiliser. Depuis qu'ils se trouvent sur les terres chinoises, les Tricolores n'ont pu se préparer qu'à un seul type de neige. Ils ont donc fait face à une remise en question totale dans la préparation des skis et une difficulté supplémentaire de dernière minute. Les techniciens, sur le pont une bonne partie de la matinée, n'ont pas trouvé la solution pour s'adapter à ces flocons naturels.

Des Bleus comme arrêtés

Les images parlaient d'elles-mêmes, samedi. Sous la neige pékinoise décorant Zhangjiakou de sa blancheur, les Julia Pereira de Sousa Mabileau, Chloé Trespeuch, Loan Bozzolo et Merlin Surget étaient comme arrêtés. Devant, leurs adversaires filaient, jouissant d'une bien meilleure glisse.

Au final, le bilan est désastreux pour les snowboardeurs français. Leurs deux équipes en lice ont été éliminées dès les quarts de finale.

En quart de finale, Merlin Surget et Chloé Trespeuch ne sont pas parvenus à terminer dans les deux premières places qualificatives pour la suite de la compétition. Les Français prennent la porte dès l'entame de l'épreuve par équipes mixte de snowboard cross, comme Julia Pereira  de Sousa Mabileau et Loan Bozzolo avant eux.
Snowboard cross par équipes (H/F) : Le quart de finale de la paire Surget/Trespeuch En quart de finale, Merlin Surget et Chloé Trespeuch ne sont pas parvenus à terminer dans les deux premières places qualificatives pour la suite de la compétition. Les Français prennent la porte dès l'entame de l'épreuve par équipes mixte de snowboard cross, comme Julia Pereira  de Sousa Mabileau et Loan Bozzolo avant eux.

Les techniciens français, travailleurs de l'ombre, ont été mis en lumière dans un mauvais jour. Luc Faye, directeur du snowboard à la Fédération française de ski, s'en est fait le porte-parole et a présenté ses excuses pour cette erreur de fartage à ses athlètes sur son compte Instagram.

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Ces complications sont confirmées par Jérôme Laheurte, directeur du saut à ski et du combiné nordique en France. "C'est la catastrophe pour nous aussi, c'est un calvaire total, a-t-il expliqué sur France Télévisions. Il y a de l’inquiétude pour le snowboard et le ski de fond. Tout est remis en cause."

Chloé Trespeuch et Merlin Surget sont déçus de leur prestation en quart de finale de snowboard cross par équipes mixtes. En plus de ne pas avoir couru avec le bon fart, les Français se sont englués dans la neige collante d'un tracé qui demande beaucoup de vitesse de glisse.
Snowboard cross par équipes (H/F) : la frustration de Chloé Trespeuch et Merlin Surget Chloé Trespeuch et Merlin Surget sont déçus de leur prestation en quart de finale de snowboard cross par équipes mixtes. En plus de ne pas avoir couru avec le bon fart, les Français se sont englués dans la neige collante d'un tracé qui demande beaucoup de vitesse de glisse.

Les snowboardeurs tricolores, bien que déçus, n'ont pas souhaité jeter la pierre sur leur staff. "Ils travaillent comme des malades", a rappelé Loan Bozzolo. "On saura tirer les leçons de cet échec pour progresser ensemble. Vous êtes mes techniciens argentés pour toujours", a de son côté réagi sur Twitter Chloé Trespeuch, vice-championne olympique lors de la compétition individuelle, mercredi.

"C'est super dur à gérer pour eux : parfois il neige, parfois il y a du vent, la neige est changeante..."

Loan Bozzolo, snowboardeur français

à France Télévisions

Mais ce problème technique n'explique pas tout. En raison de la neige et de la lenteur de la piste, les athlètes n'ont pu reconnaître l'intégralité du parcours samedi. Avec ce manque de vitesse, les réceptions des sauts devenaient dangereuses. "Ça fait peur, on n'appréhende pas les choses de la même façon que quand ça va vite", a expliqué Julia Pereira de Sousa Mabileau. Les Français l'ont d'ailleurs signalé aux organisateurs et demandé, en vain, un report de l'épreuve.

"Déjà, quand on se lève le matin et qu'on voit qu'il neige, c'est compliqué dans la tête."

Julia Pereira de Sousa Mabileau, snowboardeuse française

à France Télévisions

Ce genre d'événement reste rare et n'arrive que très rarement au cours d'une saison. Lorsqu'il survient aux Jeux olympiques, l'effet s'en trouve inexorablement décuplé. Dans d'autres disciplines comme le ski de fond ou le biathlon, il a parfois joué des tours aussi aux Français. Pour sa dernière saison en 2020, Martin Fourcade et ses coéquipiers avaient subi la course de Coupe du monde à Nove Mesto (République tchèque) et n'avait pas pu se battre sur les spatules. Le champion français l'avait alors rappelé : "Le fartage, c'est une partie du résultat."

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