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Paris 2024 : à Tahiti, le projet d'une tour en plein lagon pour accueillir les juges de l'épreuve de surf cristallise les tensions sur l'île

Différentes associations et des riverains s'opposent à la construction de cette tour des juges, qui pourrait dégrader selon eux les fonds marins et nuire à la biodiversité du site.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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Des officiels, des membres des médias et des spectateurs assistent à la finale de la compétition de la Tahiti World Surf League (WSL), à Teahupo'o à Tahiti, en Polynésie française, le 16 août 2023. (JEROME BROUILLET / AFP)

Une future tour à l'origine d'une discorde sur l'île de Tahiti. Un projet de construction d'une nouvelle tour en plein lagon, sur le spot mythique de Teahupo'o à Tahiti, afin d'accueillir les juges de l'épreuve de surf des JO de Paris à l'été 2024, cristallise depuis plusieurs jours les tensions et les incompréhensions sur l'île. L'idée de Tony Estanguet, le patron du comité d'organisation de Paris 2024, d'organiser l'épreuve de surf à Tahiti, ne se fait donc pas sans vague.

Dimanche 15 octobre, une marche pacifique rassemblant plusieurs centaines de personnes a été organisée près du village de Teahupo'o. Différentes associations et des riverains s'opposent à la construction de cette tour des juges, en aluminium, édifiée dans l'eau spécialement pour l'épreuve des JO, et qui pourrait dégrader selon eux les fonds marins et nuire à la biodiversité du site.

Pour des raisons logistiques, certaines épreuves nautiques s'effectueront ailleurs qu'à Paris. C'est le cas du surf qui se déroulera à Tahiti avec la vague Teahupoo. Elle est difficile à dompter à cause de sa largesse et de sa puissance. Considérée comme l'une des plus dangereuses du monde, elle sera malgré tout appréhendée par les surfeurs et surfeuses aux Jeux de Paris 2024.
Question de Jeux : pourquoi la vague de Teahupoo est mythique ? Pour des raisons logistiques, certaines épreuves nautiques s'effectueront ailleurs qu'à Paris. C'est le cas du surf qui se déroulera à Tahiti avec la vague Teahupoo. Elle est difficile à dompter à cause de sa largesse et de sa puissance. Considérée comme l'une des plus dangereuses du monde, elle sera malgré tout appréhendée par les surfeurs et surfeuses aux Jeux de Paris 2024.

La tour prévue, de 14 mètres de hauteur, devrait comporter trois étages, un local technique climatisé pour les serveurs internet alimentée par un câble sous-marin, mais aussi des toilettes avec un système d'évacuation raccordé à une canalisation. Le coût du projet est estimé à près de 4,4 millions d'euros.

Des risques de dégâts sur le corail

Ce qui inquiète principalement les opposants à cette tour, ce sont les possibles dégâts sur le corail qu'entraîneraient les travaux. "Le gouvernement (polynésien) veut faire passer la barge de la foreuse par un endroit impossible, ça va tout péter. Ce n'est pas possible de faire ça proprement. Je leur ai dit mais ils vont le faire quand même. Ça va être une catastrophe", regrette Milton Parker, vice-président de l'association Atihau, qui gère le domaine Parker (une grande partie du village de Teahupo'o). Pour l'instant, les travaux n'ont pas débuté. "Dès qu'ils vont commencer à casser le corail, c'est là qu'il va falloir intervenir. Les techniciens disent qu'ils connaissent le site, mais c'est faux, ils nous mentent", s'insurge Milton Parker.

Le surfeur local Matahi Drollet, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, explique notamment que pour l'épreuve de la World Surf League (WSL) organisée chaque année à Teahupo'o, une tour en bois est installée puis démontée une fois l'épreuve finie. "Même pendant le 'code rouge' en 2011, avec une série de vagues à 15 mètres, la tour (en bois) a tenu, elle a toujours résisté", assure Matahi Drollet à l'AFP. "Et on n'a pas besoin de 40 personnes sur cette tour, on peut réduire. D'autant plus qu'il n'y a que cinq juges sur une compétition." Une pétition en ligne contre la nouvelle tour a été lancée en ligne et a recueilli, selon lui, "plus de 70 000" signatures.

Le comité d'organisation justifie, lui, ce projet en avançant des raisons de sécurité, la tour en bois (13,50m) n'étant plus aux normes. Son emplacement sera également identique à la précédente tour. Un bureau d'études spécialisé en environnement marin a été missionné par le gouvernement polynésien qui est maître d'œuvre sur ce projet, et les travaux envisagés doivent respecter un strict cahier des charges environnemental. "La tour actuelle n'est pas conforme en termes de sécurité pour accueillir la compétition olympique de surf, sinon nous aurions utilisé l'ancienne, a réagi mardi 24 octobre Tony Estanguet, patron de Paris 2024. Si on doit construire une nouvelle tour, on le fait avec l'ambition de respecter l'environnement, pour préserver ce site de Teahupo'o qui est exceptionnel. Toutes les recommandations (emplacement, caractéristiques du bâtiment devant être identiques au précédent, méthode de forage) ont été suivies par le gouvernement de la Polynésie française."

Lors d'une visite sur l'île en août dernier, Tony Estanguet avait assuré aux Tahitiens que Paris 2024 ne voulait "pas dénaturer cet endroit qui doit rester au plus près de ce qu'il était", selon des propos rapportés par la presse locale. "On ne dit pas non aux JO, mais on dit non à la tour en aluminium. Le gouvernement avait dit que ce n'était pas à Teahupo'o de s'adapter aux JO (mais) aux JO de s'adapter à Teahupo'o. On attend qu'il tienne parole", a ajouté le surfeur Matahi Drollet.

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