Survivante des attentats de Bruxelles, Béatrice de Lavalette rêve des Jeux paralympiques de Tokyo
Cinq ans après avoir été amputée des deux jambes, la cavalière Béatrice de Lavalette va tenter de se qualifier pour Tokyo à partir de jeudi, aux Etats-Unis.
Le 22 mars 2016, la vie de Béatrice de Lavalette bascule. Victime de l'attentat terroriste de l'aéroport de Bruxelles, la jeune femme qui n'a que 17 ans doit se faire amputer des deux jambes. Cinq ans plus tard, c'est un incroyable défi qu'elle veut relever. Devenue para-athlète en para-dressage, elle vise une qualification aux Jeux paralympiques de Tokyo qu’elle tentera d’obtenir lors du FEI CPEDI, un concours para-équestre de dressage international à Tryon, en Caroline du Nord (Etats-Unis) du 17 au 20 juin.
"Ma vie a explosé en même temps que cet attentat. À ce moment-là, ma vie n'a plus jamais été la même.” Béatrice de Lavalette est une survivante. Le 22 mars 2016, alors que cette Franco-Américaine s'apprête à prendre l’avion à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem en Belgique, deux bombes explosent. Suivie d’une troisième, une heure plus tard, dans une rame du métro bruxellois. Ce jour-là, 32 personnes perdent la vie dans ce double attentat-suicide et 324 autres sont blessées.
Un quotidien à réapprendre
Parmi elles, Béatrice de Lavalette. Brûlée sur une grande partie du corps et gravement blessée aux jambes, elle doit être amputée des membres inférieurs, au-dessous des genoux. Après quatre mois passés à l’hôpital universitaire de Louvain (Belgique), elle est envoyée dans un centre de rééducation pendant deux mois. Une fois rentrée chez elle, sa convalescence se poursuit pendant de longs mois. Pour continuer sa rééducation, la jeune femme de 17 ans rejoint l'année suivante l’hôpital militaire de San Diego, une structure qui dépend du Pentagone et qui accueille des blessés de guerre.
Bien que cet attentat ait fait basculer sa vie du jour au lendemain, la jeune femme née d’un père franco-américain et d’une mère américaine, a rapidement repris son destin en main. Cinq mois après les attentats, cette cavalière passionnée a décidé de remonter à cheval. Ses repères ont toutefois totalement changé. “J’avais perdu toute la masse musculaire que j'avais. J'ai dû réapprendre à monter à cheval sans équilibre et sans jambes. Garder l'équilibre est la chose la plus dure à effectuer. Pendant longtemps, quand je montais, je devais être entourée pour m’assurer que je ne glissais pas du cheval”, se remémore celle qui vit à Loxahatchee, en Floride. Avec le temps, elle s’est re-musclée et a retrouvé de l'autonomie sur un cheval.
Depuis ses trois ans, Béatrice de Lavalette pratiquait l'équitation pour son plaisir, à un niveau amateur. Les attentats et son amputation ont tout changé. “J’ai eu un déclic lors d’une conversation avec l’ambassadrice américaine en Belgique, qui était venue me voir à l'hôpital, peu de temps après l'attentat. Au début, nous blaguions sur l’idée de pouvoir être athlète handisport. Mais l’idée m’a plu. On a commencé à regarder les dates et ce que je devais faire pour y arriver. C'est là où tout a commencé”, se souvient Béatrice.
“Une médaille pour mes premiers Jeux serait la plus belle des victoires”
Béatrice de Lavaletteà franceinfo: sport
En plus de devoir réapprendre à monter à cheval, elle a donc dû en parallèle changer sa manière de pratiquer sa discipline afin de se perfectionner et devenir athlète de haut niveau. “Cela m’a demandé plusieurs années de travail pour atteindre ce niveau. Je suis encore en train d'évoluer”, livre-t-elle. Aujourd’hui en lice pour se qualifier pour l’épreuve de para-dressage, elle espère obtenir son ticket pour les Jeux paralympiques de Tokyo ces prochains jours.
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Son parcours impressionne tant le chemin parcouru était semé d’embûches. “À chaque fois que j'ai décidé de faire quelque chose, même si c'était dur, j’y suis toujours parvenue”, confie Béatrice. Son objectif à Tokyo ? Une médaille, évidemment. “Si elle est en or, ce sera encore mieux bien sûr. Une médaille pour mes premiers Jeux serait incroyable. Ce serait la plus belle des victoires après un tel combat”, sourit la cavalière. Béatrice de Lavalette, qui est née à Saint-Germain-en-Laye et a vécu en France pendant 14 ans, espère aussi pouvoir participer aux Jeux de Paris 2024, dans son deuxième pays. “Les Jeux en France font évidemment partie de mon futur”, affirme l’athlète.
Des projets plein la tête
Les rêves de Béatrice ne s’arrêtent pas à l’aventure paralympique. En parallèle de sa carrière de haut niveau, elle souhaite transformer un ranch en centre pour cavaliers handicapés. L'athlète veut également lancer une entreprise d'équipements sportifs adaptés. De multiples engagements pour une cause trop peu médiatisée selon elle. “Quand je regardais les Jeux à Rio en 2016, j'ai réalisé qu'il y avait trop peu de voix qui portaient la parole des athlètes paralympiques”, souligne-t-elle. “Il y a toujours un aspect sportif à faire ressortir, et en prendre conscience peut aider de nombreuses personnes, conclut-elle. Par mon parcours, je veux montrer ce qu'il est possible de faire après une telle épreuve.”
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