Reportage Paris 2024 : dans les coulisses de l'usine à champions du taekwondo français à Asnières

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le club de Taekwondo d'Asnières, l’un des 916 recensés en France, compte 250 licenciés. Il est devenu un vivier exemplaire de champions. (JEROME VAL / RADIOFRANCE)
Fait plutôt rare du sport français : trois des quatre sélectionnés de l’équipe de France de taekwondo viennent du même club, à Asnières. La ville des Hauts-de-Seine est devenue en quelques années une véritable fabrique à champions dans un sport qui ramène des médailles pour la France à chaque JO.

Les petits bouts de chou d'à peine 4 ans avec leur kimono blanc puis les ados et adultes, les cours s'enchaînent dans le dojo installé dans la très récente "Arena Teddy Riner". Vient le tour du groupe élite dans la soirée. "C’est un groupe qui réunit les athlètes de cadets à seniors, résume Ekvara Kamkasoumphou, l'entraîneur et fondateur du club. Ce sont les meilleurs du club"

Au total, ils sont une trentaine d'athlètes, de 14 à 30 ans. Et tous sont destinés à devenir des champions, comme Alliyah. "On s’entraîne tous les soirs, tous les jours, s’amuse la jeune femme de 16 ans, récente championne de France chez les moins de 55 kilos. Le week-end ou pendant les vacances, on s’entraîne matin, midi et soir. D’abord vers 9h, puis entraînement du midi et entraînement du soir. Je fais ça depuis que je suis toute petite".

"C’est incroyable, je m’entraîne avec des champions du monde, ça me motive."

Alliyah, championne de France chez les moins de 55 kilos

à franceinfo

 

Et c'est la singularité d'Asnières : mettre les moyens sur le très haut niveau. Une ambition qui date depuis la création du club en 1995 et qui s’est accélérée en 2016. "2016 est une année spéciale pour nous, se souvient Ekvara Kamkasoumphou, multiple champion de France. On s’est dit : on est à 8 ans des Jeux olympiques à Paris, on va identifier les générations qui allaient avoir entre 18 et 22 ans en 2024". Un choix gagnant : Asnières compte trois sélectionnés sur les quatre de l’équipe de France. Souleyman Alaphilippe (-68 kilos) est là depuis qu’il est gamin (il a démarré le taekwondo à l’âge de 4 ans). Althéa Laurin (+67 kilos), médaillée de bronze à Tokyo il y a 3 ans, est arrivée toute jeune depuis la ville d’Epinay-sur–Seine. Cyrian Ravet (-58 kilos) est parti de chez ses parents à 16 ans pour rejoindre Asnières.

"Inspirant pour la jeunesse"

Le club, l’un des 916 recensés en France, compte 250 licenciés. Il est devenu un vivier exemplaire, selon Shannon Petit-Phar, l’un des membres historiques : "Le fait d’être dans un club où l’on voit des personnes qui réussissent à atteindre leurs objectifs, ne serait-ce qu’une sélection pour les Jeux, on peut se dire : moi aussi, je peux y aller. Notre entraîneur a le savoir-faire, et ça, on ne l’a pas partout."

La singularité du club de taekwondo d'Asnières : mettre les moyens sur le très haut niveau. (JEROME VAL / RADIOFRANCE)

Depuis son introduction au programme olympique à Sydney en 2000, la France a toujours ramené au moins une médaille : huit au total (trois en argent, cinq en bronze). Il ne lui manque que l’or. Mais avoir des qualifiés aux Jeux et monter sur le podium n’est pas une finalité en soi à Asnières. "Tous les petits qui sont là rêvent de ça, tranche Ekvara Kamkasoumphou. Comment cet exploit d’avoir des qualifiés dans le club peut-il être bénéfique pour eux ? Ça a toujours été ça ma question. Au-delà de la médaille d’or à Paris, je veux que tout ça soit inspirant pour la jeunesse."

Pour ces Jeux "à la maison", Asnières fait même encore mieux : le club compte aussi un athlète qualifié pour le Mali et un autre pour la Guinée Bissau a été très longtemps licencié. "C’est vraiment du bon boulot et j’espère que ça va continuer encore longtemps comme ça, assure Ismaël Coulibaly qui avait porte-drapeau pour le Mali lors de la cérémonie de clôture des Jeux de Rio en 2016. Le club est très structuré et on dispose de pas mal de matériel." Le taekwondo à Asnières a donc encore de beaux jours devant lui et dans la tête de certains jeunes du groupe élite, le rêve des JO de Los Angeles en 2028 ou Brisbane en 2032 s’est déjà fait une belle place.

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