Wimbledon 2022 : "Je ne savais pas que je pouvais bien jouer sur gazon", sourit Harmony Tan, la révélation française du tournoi
La Française a balayé la Britannique Katie Boulter samedi et obtient donc une place en huitième de finale du tournoi londonien. La 115e mondiale a atteint, cette année, un niveau inespéré de la compétition.
Harmony Tan est née en 1998 à Paris d’un père chinois et d’une mère cambodgienne. Enfant, elle commence par la gymnastique, le judo et même le golf. Jusqu’au jour où elle décide de prendre une raquette en main et là, alors qu’elle n’a que 8 ans, c’est la révélation. Elle y prend goût, s’épanouit et dévoile un réel potentiel lié à un talent naturel insoupçonné.
>> Wimbledon 2022 : suivez les matchs en direct
Harmony Tan progresse et vite : le tennis, c’est sa vie. Et c’est décidé, elle en fera son métier. Ses parents acceptent l’idée à condition qu’elle poursuive ses études. Harmony décroche alors un bac S et est admissible à Science Po. Pourtant, elle n’en suivra jamais les cours : le tennis lui prend trop de temps, mais aussi de l’argent. "Ca coûte vraiment très cher ! On ne s'en rend pas compte mais avec tous les voyages, les hôtels, même les cordages, si on n'est pas aidé un minimum, c'est difficile de continuer si on veut commencer le circuit", confie-t-elle.
"Montrer les crocs"
Pourtant, à l'époque, la Fédération française de tennis ne croit pas elle. Pour financer son projet, Harmony Tan se tourne vers sa famille. "Ma mère a vendu une maison, des appartements pour pouvoir me financer sur les premières années. Et bien sûr, j'ai eu l'aide de mon père aussi, qui travaille, et aussi de mon frère. Lorsqu'il a commencé à travailler, il me subventionnait un tiers de son salaire, chaque mois. Il n'y avait pas de problème pour lui de m'aider dans mon projet parce qu'il y croyait vraiment à fond", explique la 115e mondiale qui a fait tomber Serena Williams sur le gazon de Wimbledon.
Mais il s’agit ensuite de progresser. Et pour cela, une rencontre suffit pour qu'une vie bascule : pour Harmony Tan, c'était en 2017, lorsqu'elle fait appel à Nathalie Tauziat. "C'est quelqu'un de très gentil, qui ne ferait pas de mal à une mouche. Mais malheureusement, parfois, sur un court de tennis,il faut montrer les crocs, il faut s'accrocher", sourit l'ex-n°1 Française, finaliste à Wimbledon en 1998.
"Quelqu'un croyait enfin en moi"
Harmony Tan a alors 19 ans et est déterminée à devenir professionnelle : "Nathalie Tauziat m'a dit de descendre chez elle, dans le Sud-Ouest de la France. J'ai pris la voiture avec ma mère, on a fait les sept heures de route directement. On était cramées. J'ai fait dix jours d'entraînement et ça a été une totale révélation pour moi : quelqu'un croyait enfin en moi. Et c'est de là que c'est parti", se souvient la joueuse.
Nathalie Tauziat, elle, le confie aujourd'hui : elle a été bluffée par le talent naturel et sa volonté de réussir. "J'ai cru en Harmony car elle avait quelque chose d'un peu de spécial dans son tennis. Et puis, quand quelqu'un vient me voir et me dit 'on ne croit pas en ma fille, qu'est-ce que vous en pensez ?', j'essaie de toujours rester positive, car je n'aime pas casser les rêves des gens", sourit-elle.
Harmony développe ses armes : avec son petit gabarit, elle produit un tennis tout en touché et en variation, un jeu de balle créatif et subtil. Et pour son premier Wimbledon, cette année, ça marche. "C'est ma première saison, je trouve ça super agréable... Et je ne savais pas que je pouvais bien jouer sur gazon", rigole-t-elle.
Deux matchs gagnés en Grand Chelem depuis 2018
Déterminée et ambitieuse d'arriver au plus haut niveau, Harmony Tan a décidé de faire appel en novembre dernier à Samuel Sumyk. Ce Breton de 55 ans a remporté quatre titres du Grand Chelem en tant qu’entraîneur : deux avec Victoria Azarenka et deux autres avec Garbiñe Muguruza, dont Wimbledon en 2017.
De quoi faire espérer la jeune Française de 24 ans : depuis ces débuts en 2018, Harmony Tan n'avait remporté que deux matchs en Grand Chelem. Cette année, à Wimbledon, elle en a déjà gagné deux fois plus : ce samedi 2 juillet, elle a dominé son adversaire, l'anglaise Katie Boulter, en 51 minutes (6-1, 6-1). "Je n'y crois pas encore vraiment. C'est juste incroyable d'aller en huitième de finale", a déclaré la joueuse après sa victoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.