Cet article date de plus de trois ans.

Thomas Voeckler : "Nous sommes dans un rôle d'outsider" à Tokyo

Le sélectionneur de l'équipe de France de cyclisme sur route a fait le point mardi, à quatre jours de l'épreuve en ligne des Jeux de Tokyo.

Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Thomas Voeckler, le sélectionneur de l'équipe de France de cyclisme sur route à Tokyo aux Jeux olympiques 2021. (MARCO BERTORELLO / AFP)

Au complet à Tokyo depuis lundi dernier, l'équipe de France de cyclisme sur route a fait ses premiers pas sur le sol japonais. David Gaudu, Guillaume Martin, Kenny Elissonde, Benoît Cosnefroy et Rémi Cavagna disposent de quelques jours d'acclimatation avant la course en ligne prévue samedi 24 juillet, puis le contre-la-montre le 27. Fatigue, leaders, ambitions... Thomas Voeckler, le sélectionneur tricolore, a dressé l'état des lieux ce mardi pour franceinfo: sport.

Franceinfo sport : Ce mardi vous avez effectué votre première sortie avec les quatre coureurs sortis du Tour de France. Avez-vous bien digéré la transition entre le Tour et l’arrivée au Japon, avec la fatigue et le décalage horaire ?

Thomas Voeckler : On aura la réponse plus tard. Pour la première journée, c'est plutôt conforme à ce qu'on attendait. La logistique qu'on a mis en place a porté ses fruits en tout cas au moment où l'on parle. Par rapport aux contraintes du Tour et du voyage, on est dans les meilleures dispositions.

Quel est le programme jusqu'à la course samedi ?

Nous allons reconnaître le parcours avec les coureurs. Pas dans sa totalité parce que la fatigue que ça engendrerait ne vaudrait pas le gain qu'on en tirerait. La première partie du tracé à Tokyo n'est pas primordiale pour moi. On va se concentrer sur les parties qui sont à mes yeux les plus stratégiques du parcours. Ce mercredi, c'est une nouvelle sortie de récupération active qui est prévue. Jeudi, la journée sera un peu plus musclée, mais sans aucune comparaison possible avec ce que les coureurs ont effectué depuis trois semaines.

Pour Rémi Cavagna, l'approche est sans doute différente vu qu'il n'était pas présent sur le Tour...

Oui. J'ai demandé à chaque entraîneur de chaque coureur de me fournir le planning individuel de chacun. Ensuite, c'est à moi de mettre en commun pour avoir des temps collectifs. Comme chaque coureur est un cas particulier, il faut adapter à ce qui est mieux pour lui. Je ne m'occupe pas de l'entraînement mais de la notion de collectif. Loin de moi la prétention de leur dire comment s'entraîner à cinq jours de l'échéance.

David Gaudu et Guillaume Martin sont notamment présents dans l'équipe : un leader a-t-il été déjà désigné ?

Je ne peux pas vous le dire. Dans ma tête je le sais. Par contre, je ne leur en ai pas encore parlé. Eux-mêmes ne le savent pas. C'est volontaire, je veux qu'ils débranchent un petit peu du Tour de France mentalement avant d'être conditionnés.

"On ne fait pas partie des favoris"

À Imola, on avait vu la France couronnée avec une tactique offensive, doit-on s'attendre à voir la même chose à Tokyo ?

Je ne veux pas trahir de secret, mais nous ne sommes pas favoris. On n'a pas un des mecs cités parmi les deux-trois favoris, contrairement à Imola. Ce n'est pas faire offense à mon groupe, c'est la vérité. La stratégie ne sera évidemment pas la même qu'à Imola.

Parmi la foule de concurrents, où placez-vous la France, dans un rôle d'outsider ?

Oui, nous serons dans un rôle d'outsider, et ce n'est pas de la com'. Quand on voit ce qu'il y a en face, il faut être objectif. Soyons francs, on ne fait pas partie des favoris. J'ai deux mots pour qualifier les ambitions de mon équipe, c'est 'humilité' et 'ambition'.

Quelles sont justement les sélections les plus dangereuses d'après vous ?

Belgique, Slovénie et l'Italie, je dirais. La liste n'est pas exhaustive.

Concernant le scénario de la course, doit-on s'attendre à ce qu'elle soit moins cadenassée sachant que les effectifs les plus conséquents ne seront plus huit mais maximum cinq ?

Bien sûr. C'est totalement différent pour un coach d'avoir cinq coureurs et pas huit. On ne peut pas comparer la course des championnats du monde avec celle des Jeux olympiques.

"On a des coureurs de premier plan"

Vous avez participé aux Jeux olympiques, en terminant meilleur Français en 2004 (20e). Que pouvez-vous transmettre à vos coureurs de cette expérience ?

Pas grand chose à part le privilège d'être là. C'est une grande chance et je pense qu'ils en ont conscience vu le retour qui a été le leur, quand je leur ai annoncé leur sélection. Les époques et le contexte sont trop différents. On n'est peut-être pas favoris cette fois, mais on a plus d'ambitions qu'en 2004. D'ailleurs je me souviens quand Axel Merckx sort pour la médaille de bronze, j'avais peut-être moyen de le faire... Même si on n'a pas de Romain Bardet, de Julian Alaphilippe ou de Thibaut Pinot sur un tel circuit, on a toujours des coureurs de premier plan avec nous. Le vélo français a la chance d'avoir des éléments qui peuvent viser plus haut que nous en 2004.

Les rêves de médaille sont-ils plus concrets en contre-la-montre avec Rémi Cavagna ?

On a la chance d'avoir un coureur qui est au-dessus du lot dans cette discipline en France. Ça aurait été injuste de ne pas lui donner sa chance vu sa constance au plus haut niveau depuis l'an dernier. Il est en plus en progression. C'est l'épreuve de vérité, ça ne pardonne pas. Après, c'est tellement bizarre au Japon avec ce climat... Moi, je suis convaincu qu'on tient quelqu'un qui est médaillable mais qui peut très bien finir 8e ou 15e.

Propos recueillis le mardi 20 juillet

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.