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Coronavirus - Yohann Diniz : "Le CIO ne doit pas prendre en otages des milliers d'athlètes"

A 42 ans, il lui reste une ultime campagne à mener. Yohann Diniz, multi-médaillé européen et mondial sur 50 kilomètres marche, rêve d’un podium à Tokyo avant de tirer sa révérence. Une dernière bataille qu’il veut préparer au mieux. A l’heure du confinement général provoqué par la pandémie de Covd-19, le Rémois nous livre ses réflexions. Une voix qui compte.
Article rédigé par David Malarme
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (PHILIPPE MILLEREAU / KMSP)

Yohann, que faites-vous en ce moment ?
Yohann Diniz :
"Je suis à Soissons, dans mon appartement avec ma compagne. Cet hiver, j’ai fait une préparation pour le 20 kilomètres. Lorsque l’on a vu que toutes les compétitions sur lesquelles je devais m’aligner au printemps ont été annulées, on a décidé, avec mon entraîneur, de faire une pause de 15 jours. Donc, là, je termine ma coupure."

En quoi va alors consister votre entraînement ?
YD :
 "À partir de ce lundi, je remets en route : préparation physique et vélo, quatre heures par jour dans mon appartement. Pour le vélo, je viens de récupérer un home trainer, je vais bosser le cardio."

Où vous situez-vous dans votre préparation pour les Jeux Olympiques ?
YD :
"Tout le travail hivernal a été fait. Donc, pour l’instant, il n’y a pas péril en la demeure. Mais une préparation sur le 50 kilomètres, c’est douze semaines minimum; et là, avec le 'bricolage' que l’on va faire pendant le confinement, il vaudra mieux tabler sur 16 semaines. Donc, pour moi, si je ne peux pas reprendre la marche autour du 10-15 avril, ça va devenir compliqué."

"Combien de temps allons-nous être confinés ? Quand pourrons-nous reprendre un entraînement normal ? Personne ne le sait. Alors oui, il faut reporter les Jeux."

Personnellement, souhaitez-vous que les Jeux Olympiques de Tokyo soient reportés ?
YD :
"Pour moi, la date du 24 juillet n’est pas encore rédhibitoire et puis je suis déjà qualifié, mais je pense à tous les sportifs qui doivent encore se qualifier. Il va leur falloir un cycle de préparation pour se qualifier puis une deuxième préparation pour être performants aux Jeux ; pour eux, c’est une course contre-la-montre quasiment impossible. Aujourd’hui, il y a trop d’incertitudes. Combien de temps allons-nous être confinés ? Quand pourrons-nous reprendre un entraînement normal ? Personne ne le sait. Alors oui, il faut reporter les Jeux."

Le Comité International Olympique (CIO) reste sur sa position pour faire débuter les Jeux le 24 juillet. Est-ce raisonnable ? 
YD :
"Le CIO ne doit pas prendre des milliers d’athlètes en otages, on a besoin de savoir, et le plus tôt sera le mieux. D’ici deux à trois semaines maximum, le CIO doit prendre une décision, et le mieux serait de dire : on repousse. Chez les athlètes, il y a un consensus pour demander le report des Jeux. André Giraud, président de la Fédération Française d’Athlétisme nous a demandé à Renaud Lavillenie, Mélina Robert-Michon, Kevin Mayer ou encore moi de nous positionner. On souhaite tous un report. Que Claude Onesta (manager de la haute performance à l’Agence Nationale du Sport), Tony Estanguet (président du Comité d’Organisation des Jeux de Paris 2024), ou encore Martin Fourcade (candidat à la commission des athlètes du CIO), eux qui jouent un rôle auprès du CIO ou du CNOSF, aient un discours policé, je peux le comprendre, mais à un moment, on a besoin de travailler ensemble."
 

La puissante Fédération Américaine de Natation puis la Fédération américaine d’Athlétisme ont demandé ce weekend, un report des Jeux Olympiques…
YD : "Et on sait que ce sont les Américains qui sont les principaux financiers des Jeux. Leurs voix pèsent, le CIO va devoir les écouter."

Quand on passe son temps à marcher dehors, comment vivez-vous le confinement ?
YD :
"Pour l’instant, je joue mon rôle de citoyen en restant chez moi, je m’occupe autrement. Je lis, j’écoute de la musique, FIP a de très bonnes playlists ! Et puis, ça permet de faire le point. Ça encourage à une forme de méditation, d’introspection."

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